Le LKP a déposé devant le tribunal administratif de Basse-Terre un recours en suspension contre l’arrêté préfectoral n° 971- 2024-098 du 20 avril 2024 portant couvre-feu pour les mineurs dans des secteurs des Abymes et de Pointe-à-Pitre, du 22 avril au 22 mai 2024. L’audience est prévue mercredi 24 avril.
Le 20 avril, le préfet de Région, Xavier Lefort, signait un arrêté instaurant un couvre-feu sur le territoire de Pointe-à-Pitre sauf le quartier de Lauricisque et deux quartiers des Abymes, Grand-Camp et Vieux-Bourg.
Il argumentait ce couvre-feu par l’importance accrue du nombre de faits de délinquance impliquant des mineurs, auteurs ou victimes, agressant ou agressés de nuit, essentiellement entre 20 et 22 heures.
Le préfet répondait à un ordre du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin qui lui-même répondait à une demande d’Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre.
Eric Jalton, maire des Abymes, n’avait rien demandé et se montrait hostile, au mieux réservé, sur cette mesure de couvre-feu touchant à sa commune. Il aurait préféré, s’il fallait en venir à un couvre-feu, que celui-ci soit de 22 heures à 5 heures du matin, pour tenir compte que de nombreux jeunes ont, après les cours, des activités sportives ou culturelles le soir.
Au cours d’une conférence de presse, lundi, après une conversation téléphonique avec le maire des Abymes qui réitérait sa réserve, le préfet lui faisait savoir, nettement que l’arrêté était préfectoral et non pas communal et que les horaires définis —20 heures à 5 heures du matin — tenaient compte des données de la délinquance sur la zone. Il incitait la mairie des Abymes à sensibiliser les parents et présidents d’associations à prendre les mesures nécessaires à prendre en charge les enfants pratiquant des sports ou des activités culturelles le soir pour éviter qu’ils traînent dans les rues et soient victimes d’agissements de nature délictuelle. « Ce couvre-feu est là pour protéger la jeunesse ! », disait-il, lui évitant de tomber sous la coupe de délinquants ou d’en être les victimes…
Xavier Lefort :
Le couvre-feu est entré en vigueur lundi soir, à partir de 20 heures. Les patrouilles ont demandé leurs papiers d’identité à des jeunes gens aux pieds des immeubles, exécuté, sans incident, les consignes données. Une cinquantaine de personnels de la police nationale et de la gendarmerie ont assuré ces patrouilles.
Quels sont les arguments du LKP pour contester l’arrêté ?
« Les déviances sociales grandissantes dans notre société sont liées à cette situation de pauvreté, d’exclusion et de misère à laquelle le couvre-feu n’apporte aucune réponse. Cette mesure est exclusivement répressive. Elle ne comporte aucun dispositif éducatif. L’atteinte portée est grave car elle prive sévèrement de la liberté d’aller et venir.
Cette mesure frappe uniquement les mineurs, alors que les actes de délinquance qui transforment la ville en un « coupe-gorge » en « faillite totale» où les touristes « risquent leur vie » sont le fait de majeurs, ce qui signifie que cette mesure extrême n’aura strictement aucun impact sur la grande délinquance. C’est un aveu d’impuissance.
Cette mesure est totalement hors de proportion car rien de sérieux n’a été fait pour briser les obstacles sur lesquels butent les jeunes, à savoir l’accès à l’emploi, la réussite scolaire, l’accès à la formation. La mise à disposition d’équipements sportifs, culturels et associatifs est défaillante et idem s’agissant des équipes de travailleurs sociaux et d’animateurs.
Aucune politique d’action pour la prévention de la délinquance des jeunes, le comité de prévention se limitant au bavardage interne. La mesure ignore la réalité d’un habitat souvent exiguë et insalubre, qui n’est que le lieu pour dormir. »