La présentation des vœux à la presse locale était un prétexte. Les autorités portuaires voulaient parler du Hub Antilles, présenter les tendances chiffrées de 2023, donner corps aux projets annexes du Grand Port Maritime de la Guadeloupe (GPMG).
« Il s’agit d’un projet stratégique de territoire ! » dira le préfet Xavier Lefort.
« Si nous ne l’avions pas fait ici, ce Hub aurait été installé à Porto Rico ou à la Jamaïque », précisera Marie-Luce Penchard, ancien ministre, vice-présidente de la Région, présidente du conseil de surveillance du GPMG.
« Le projet va démarrer très vite, les marchés ont été lancés », soulignera Jean-Pierre Chalus, président du directoire.
« Ce Hub Antilles c’est la synergie entre Guadeloupe et Martinique », appréciera Bruno Blandin, vice-président du GPMG et chef d’entreprise.
Xavier Lefort :
On l’aura compris : le Hub Antilles demandé par le Français Rodolphe Saadé, PDG de CMA-CGM, deuxième ou troisième armateur mondial, soucieux d’avoir une double tête de pont pour le sud de l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, soutenu par l’Etat, la Région (au travers des fonds européens), le GPMG mettant au pot avec des fonds propres et un emprunt, est la grande affaire des prochaines années.
Il n’y a pas que cela dans les projets du GPMG mais il y a surtout cela.
De quoi s’agit-il ? Ecoutons Marie-Luce Penchard : « En 2022, Rodolphe Saadé avait annoncé des changements des routes maritimes traditionnelles, des bateaux plus grands et moins polluants. Il voulait s’inscrire dans un transport maritime vertueux. D’où des infrastructures à adapter, en Guadeloupe et en Martinique, pour l’accueil de ces nouveaux bateaux. Parce que le GPMG a vu l’opportunité de cette volonté. Ce projet de territoire, parce que ce n’est pas seulement le projet du port, pourra être reconnu comme une référence dans la Caraïbe. Il entre dans la création d’un corridor vert. »
Marie-Luce Penchard :
Rodolphe Saadé est une puissance. S’il fallait des preuves… Jean-François Carenco puis Philippe Vigier, ministres successifs délégués aux Outre-mer à chaque visite officielle ont consacré un long moment au GPMG. Le 28 novembre, le conseil, fort de ces soutiens, le conseil du GPMG a décidé le programme de travaux pour le HUB Guadeloupe, avec une enveloppe de 135 millions d’euros. Le 19 décembre, sans doute sa dernière signature officielle sur un document d’importance, Philippe Vigier, avec Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, et Hervé Berville, secrétaire d’Etat à la Mer, ont signé u accord avec Rodolphe Saadé.
En dehors de cet enthousiasme légitime, qu’en est-il des travaux qui vont débuter très prochainement, fin février pour s’achever, semble-t-il en août 2025 ? Rodolphe Saadé est pressé.
Jean-Pierre Chalus explique : « Le HUB Guadeloupe comprend trois volets : un volet nautique, avec l’extension du quai 12 (celui qui supporte les portiques) : 120 mètres de mieux pour avoir une portée linéaire de 300 mètres, avec une profondeur d’eau de 15,5 mètres (au lieu de 12 mètres actuellement).
Le second volet, c’est celui de la manutention, donc changer les portiques. En conserver deux, les plus récents, et en acheter trois adaptés aux grands bateaux —ils sont en commande —, avec 30 mètres d’empattement au lieu de 15 actuellement, portiques qui seront aussi plus hauts. Ce seront les plus performants de la Caraïbe.
Le troisième volet c’est le réaménagement des terre-pleins pour gagner en capacité de stockage. Car, il faudra stocker les conteneurs destinés par transbordement à Saint-Martin et la Guyane, puis la Caraïbe. »
Ceci a un coût : 135 millions d’euros pour le GPMG, 45 millions d’euros pour les manutentionnaires (dont CMA-CGM) pour qu’ils changent leur outillage.
En tout, l’enveloppe prévue est de 336 millions d’euros pour les deux ports de Guadeloupe et Martinique. Pour le GPMG, il s’agit de 180 millions pour le port dont 135 millions en maîtrise d’ouvrage, 25 millions du FEDER (fonds européens par l’intermédiaire de la Région Guadeloupe), 20 millions de l’Etat, avec une possible contribution complémentaire de 15 millions d’euros plus tard.
Un port accueillant aux très grands navires, avec du matériel de chargement/déchargement performant, des terre-pleins de stockage pour les milliers de conteneurs supplémentaires…
Bruno Blandin :
Xavier Lefort : « Le volet sûreté-sécurité est à l’étude parce que des ports où il y a beaucoup de trafic attirent aussi des trafics illicites. Nous travaillons avec tous les services concernés, dont la douane, qui sera équipée d’un scanner mobile, et le port pour sécuriser les installations. »
« Ça passera aussi, précise le préfet, par une organisation des contrôles à revoir, le contrôle des habilitations, mais aussi la surveillance de Marie-Galante qui est la plateforme de rebond de certains trafics… »
Et l’environnement avec ces grands travaux ? Le GPMG est vertueux, qui accumule les prix dans ce domaine.
Jean-Pierre Chalus :
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com
Les tendances pour 2023
Le bilan 2023 présente des trafics en retrait : 3,3 millions de tonnes contre 3,5 millions en 2022, ce qui s’expliquerait par l’absence de grands chantiers type CHUG, ce dernier ayant boosté les chiffres les années précédentes.
Le trafic passagers est en hausse, avec une croisière qui « fonctionne bien », selon M. Chalus. « Ceci grâce au bon travail avec l’aéroport international et le CTIG », précise-t-il encore.
Le trafic des conteneurs est en baisse, « ce qui est à surveiller… »
En 2023, le GPMG a investi 20 millions d’euros contre 12 à 15 millions habituellement. En 2024, ce sera 80 millions d’euros.
Les travaux en 2023
Les travaux en 2023 ont visé à rendre le GPMG encore plus performant dans tous ses sites.
. L’éco-mouillage de l’Îlet Cochon, face à la marina pointoise a permis de créer 75 mouillages de toutes catégories (longueurs). . Les eaux grises et les déchets sont collectés.L’ancien immeuble des Affaires maritimes a été démoli et aménagé en friche, un espace public.
. A Basse-Terre, la revalorisation environnementale a été achevée.
. A Jarry, le parc Feeder (pour les conteneurs frigorifiques) a été agrandi (doublé) dans l’optique d’un trafic coordonné.
. Les voies d’accès au terminal de Jarry t été revues pour plus d’efficacité et plus de sécurité.
. Le réseau incendie a été renforcé avec des lances monitors.
. L’atelier des portiques a été réhabilité pour un meilleur accueil des portiqueurs.
En 2024
L’aménagement du siège, le confortement des quai 7 et 8, vétustes, des travaux de maintenance sur l’ensemble des sites… Revoir la gare maritime… Entre 2024 et 2028 il est prévu 250 millions de travaux divers.