Aurore Bergé, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, au fil de sa visite officielle en Guadeloupe, s’est arrêtée au MACTe. Visite de l’exposition permanente et discours.
Il y avait une cérémonie de la mémoire de l’esclavage et de la traite.


@Préfecture de Guadeloupe
Au cours de celle-ci, la ministre a prononcé un discours important quoique le lieu en lui-même ne soit pas symbolique de l’esclavage et de la traite puisque l’ancienne Darboussier qu’il recouvre a été construite à la fin du XIXe siècle.
« Aujourd’hui, a dit Aurore Bergé, nous rendons solennellement hommage à celles et ceux que l’on voulait sans nom, sans droit, sans visage.
Des hommes, des femmes, des enfants que l’on a voulu nier jusque dans leur humanité.
Nous leur rendons hommage et nous faisons vivre leur mémoire.
Et cette mémoire exige vérité, justice et reconnaissance.
Elle exige aussi lucidité et exigence. »
Aurore Bergé rappelait les diverses initiatives pour, comme Christiane Taubira, avec la loi de 2001, « reconnaître, au nom de la Nation, que la traite négrière transatlantique et l’esclavage colonial constituaient des crimes contre l’humanité. »
« La reconnaissance par la loi Taubira était nécessaire mais je crois qu’elle n’est pas suffisante. »
Elle poursuivait : « L’heure est venue de faire reconnaître dans l’hexagone les particularismes historiques et géographiques, les enjeux environnementaux, climatiques ou sociaux, les cultures ou les aspirations légitimes de tous les peuples ultra- marins.
Cette reconnaissance passe par notre engagement renforcé pour l’Ecole de la République et la mobilisation générale de l’Etat afin de renforcer, chez tous les Français, la compréhension de notre passif colonial.
Et nous le savons, reconnaître, ce n’est pas solder. Reconnaître, ce n’est pas tourner la page.
Reconnaître, c’est s’engager.
Et cet engagement commence toujours par un devoir d’Histoire.
Dénoncer l’esclavage et la colonisation, c’est refuser la facilité du silence.
C’est refuser les mythes confortables, les oublis volontaires.
C’est affirmer que ce système esclavagiste colonial a été pensé, organisé, théorisé, institutionnalisé pendant plusieurs siècles. »
Aurore Bergé rappelait l’histoire, avec la fin du servage en 1315 sur la sol national et la traite et l’esclavage… sur les terres lointaines.
« Des hommes, des femmes, des enfants arrachés à leur continent, entassés dans les cales de navires où tant mouraient pendant la traversée.
Des hommes, des femmes, des enfants vendus comme du bétail, assimilés à des marchandises, exploités jour et nuit, sans repos, sans recours, sans horizon. »
La ministre soulignait les voix qui, ici et à, dès le XVIIIe siècle se sont élevées contre l’esclavage, voix de plus en plus fortes, jusqu’à la Révolution, puis la première abolition en 1794, et cinquante ans plus tard la seconde abolition, en 1848.
« Des centaines de milliers d’êtres humains embrassent la liberté. »
Il faudra, dira encore Aurore Bergé, attendre presqu’un siècle plus tard, 1946, pour que les « confettis d’Empire », soient « terres de dignité, de pensée, de culture. »
La ministre concluait son discours après un hommage à Aimé Césaire, Félix Eboué, Maryse Condé… fiertés de la nation.
« Le Mémorial ACTe nous invite à casser les dernières bulles persistantes d’un système colonial largement périmé.
Le Mémorial ACTe nous enjoint de créer une société qui élève les talents, donne à chacun sa chance, et renforce sa fierté d’appartenir à un collectif qui regarde l’avenir avec optimisme, détermination et engagement.
Les Antilles françaises ont les cartes en main pour réussir leurs développements adaptés aux modes de vie caribéens.
La Guadeloupe comme la Martinique sont des territoires hautement stratégiques pour y développer de nouvelles activités.
Au fond, le regard que nous portons sur notre passé colonial doit nous conduire tous à agir en conscience pour ce renouveau démocratique, économique et social tant attendu dans les Antilles.
Dans cette perspective, les entrepreneurs, notamment parmi les nouvelles générations, ont un rôle à jouer.
Ils doivent savoir qu’ils trouveront toujours à leurs côtés, en toutes circonstances, la puissance publique quand il s’agira de remettre en cause des rentes, casser les monopoles et libérer les énergies dans les Outre-mer. »