Yannick Moreau, maire des Sables d’Olonne, en Vendée, président de l’Association nationale des élus des littoraux (ANEL) a ouvert le 43° congrès de cette association au Gosier. En présence de Fabrice Loher, ministre délégué à la Mer et à la Pêche et des deux présidents d’assemblées locales, Ary Chalus et Guy Losbar.
Qu’est-ce que l’ANEL ? Depuis 45 ans, l’ANEL rassemble les élus des collectivités du littoral de l’Hexagone et d’Outre-mer autour des enjeux spécifiques du développement économique et de la protection des littoraux.
Cette année, l’association est en Guadeloupe, hommage aux nouveaux adhérents, dont le Conseil départemental de Guy Losbar, et aux ancien adhérents, comme la commune de Baie-Mahault, alors dirigée par Ary Chalus, actuel président de Région.
Qu’a dit Yannick Moreau dans son discours introductif, après avoir remercié diverses personnalités présentes dans la salle ?
Il a regretté qu’il n’y ait pas encore de mécanisme national pour financer les effets du réchauffement climatique alors que les côtes de France et encore plus des Outre-mer sont impactées par ceux-ci.
Il a rappelé la reconnaissance de l’apport des Outre-mer pour l’avenir économique de la France, soulignant : « Ce ne sont pas des territoires périphériques mais des régions au cœur de nos préoccupations. »
« 2025 sera aussi l’année de l’Outre-mer puisque notre congrès se tiendra à Bonifacio en Corse du Sud. » Boutade appréciée.
Comment réagissent les maires du littoral devant le réchauffement climatique : « Il sont, a dit Yannick Moreau, optimistes par obligation, par choix et par l’action. » Il estime que la protection et le développement pérenne du littoral sont complémentaires et fond l’espérance d’une gouvernance fondée sur la confiance entre Etat et Collectivités.
Dans un message fort, Yannick Moreau rappelle les promesses non tenues par l’Etat, qui ne peut plus avoir une seule tête. « L’Etat, a-t-il martelé, doit nous donner des preuves de sa bonne volonté. » Et de fustiger les petits chefs qui, à tous les niveaux, pour des raisons diverses, entravent tout autant la protection que le développement durable du littoral. « Il faut tuer l’hydre à mille têtes, il faut tuer le dragon ! » L’élu local a souhaité que les préfets aient plus de pouvoirs afin de prendre les bonnes décisions le plus vite possible tant l’urgence ne peut plus se satisfaire d’une gestion administrative avec des lenteurs mortifères.
Guy Losbar, président du Conseil départemental, a pris le relais au pupitre, soulignant que « l’Archipel Guadeloupe est au cœur des problématiques du réchauffement climatiques mais aussi des solutions possibles. »
Si l’élu rappelle les problèmes de l’archipel soumis aux séismes, aux ouragans, au volcanisme, à la submersion marine, il rappelle les atouts qui sont patents. Car, et la Guadeloupe en fait partie, 97% de la Zone économique exclusive (marine) appartient à l’ensemble français. « D’où l’importance des Outre-mer ».
Qu’a dit encore Guy Losbar ?
. De ne plus tourner le dos à la mer
. Que le Département avait, depuis le début de cette mandature, mis en place une Feuille de route bleue
. Qu’il fallait avoir une autonomie décisionnelle pour avoir un cadre normatif afin de gérer les problèmes localement
. Qu’il était pour une réglementation renforcée afin de garantir la pérennité de l’écosystème côtier
. Que la valorisation du littoral devait être adaptée aux réalités locales
. Que le Département voulait « faire de nos ports de véritables lieux de développement économique, moteurs de revitalisation urbaine. »
. Enfin, que concernant le délicat dossier des sargasses le Département, avec la Région et l’Etat, mobilisait d’importants moyens.
Guy Losbar :
Ary Chalus, président de Région, a ponctué son discours en rappelant que « les Outre-mer sont des territoires d’innovation », qu’il fallait « réinventer nos politiques publiques. »
La Région, pour sa part, dans le cadre de sa politique en faveur de l’économie bleue, a pris en main plusieurs dossier : celui d’un renouvellement des flottes de pêche, la protection du littoral, la formation des jeunes.
M. Chalus a lancé un appel à ce que toutes les communes adhérent à l’ANEL et que les préfets aient plus de compétences pour agir plus vite.
Ary Chalus :
Fabrice Loher, ministre délégué à la Mer et à la Pêche, a annoncé la tenue d’un Comité interministériel des Outre-mer en mars au cours duquel les préoccupations des élus des Outre-mer en matière de littoral et d’expaces maritimes seront évoqués.
Le ministre a dit que le littoral, l’espace marin des Outre-mer sont des priorités dans la stratégie nationale, car 97% du domaine maritime de la France se trouve Outre-mer, tout comme 80% de la biodiversité marine.
Il convient, a-t-il dit, d’assurer la souveraineté sur cet espace, donc développer et protéger le commerce maritime, la sécurité des câbles, la souveraineté alimentaire : pêche et aquaculture.
« L’économie maritime c’est 500 000 emplois ! Pêche, nautisme, plaisance… »
La feuille de route de l’économie bleue au niveau national :
. Renouvellement de la flotte
. Formation
. Développement de la filière halieutique
. Industrie de transformation
. Préservation du milieu marin
« Il s’agit d’une stratégie nationale mer et littorale », avec un exercice de planification littorale zone par zone.
Le message spécifique aux Outre-mer c’est que le gouvernement est conscient des difficultés des Outre-mer :
. Sécheresse en Guyane
. Sargasses aux Antilles
. Ouragans aux Antilles et dans l’Océan Indien et l’Océan Pacifique
. Risques sismiques aux Antilles, à la Réunion
. Submersion marine partout
. Réchauffement de l’eau de mer en zones tropicales.
Le ministre a annoncé que deux inspections générales vont travailler sur le recul du trait de côte en 2025 et salué l’action « exemplaire » du préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, sur ces dossier sensibles.
Fabrice Loher :
Le congrès va poursuivre ses travaux en ateliers et lors de sorties sur le terrain jusqu’à vendredi.