Le 8 novembre 2022, le procureur Patrick Desjardins et le lieutenant-colonel Joël Kerleau, patron de la section de recherche de la Gendarmerie nationale, tenaient une conférence de presse. Il s’agissait de sensibiliser les médias — et par leur intermédiaire la population — sur un fait divers particulier.
Samedi 29 octobre 2022, le corps sans vie d’une jeune femme était découvert dans sa maison, lotissement Les Cerisiers à Saint-François. L’auteur des faits, identifié, était activement recherché.
Pour lui, pas d’autre justice que personnelle puisqu’il a été retrouvé, pendu, le 10 janvier 2023, en forêt dans les hauteurs de Petit-Bourg, non loin de la cascade aux écrevisses
L’histoire commence le 29 octobre 2022.
Aux alentours de 9 heures, le cadavre d’une jeune femme est découvert à son domicile de Saint-François. Vendeuse de vanille sur les marchés, originaire de Madagascar, née en 1988, elle était découverte lors d’une visite. Les secours et les gendarmes étaient alertés. Ils constataient que le corps portait de nombreuses blessures sur le thorax.
Le Parquet pointois demandait à la section départementale de recherche de la Gendarmerie de mener l’enquête. Les gendarmes, sous la direction du lieutenant-colonel Joël Kerleau, leur patron, pouvaient rapidement, après autopsie du corps par un médecin légiste, dire que la victime n’avait pas subi de violences sexuelles.
L’enquête permettait, de même, lors d’une discussion avec des voisins, de déterminer l’heure de l’agression : 6 heures. Et aussi de disculper le compagnon de la dame, qui avait quitté le domicile vers 5 heures pour se rendre à son travail, ce qu’ont confirmé les collègues du monsieur. De même, un premier compagnon de la dame, avec qui elle avait été mariée, avait un alibi.
En fuite, il abandonne le couteau dans son domicile
Il fallait abandonner ces pistes pour rechercher dans l’entourage professionnel. Les gendarmes enquêteurs avaient connaissance d’une relation commerciale de la vendeuse de vanille, auquel elle devait plusieurs milliers d’euros. Âgé d’une soixantaine d’année, il était d’autant plus considéré comme suspect qu’il disparaissait peu de temps après la découverte du corps et l’enquête des gendarmes.
Identifié comme l’auteur présumé de l’homicide, ce Basse-Terrien de 59 ans était domicilié aux Abymes. Il avait été vu quittant le domicile de la victime au volant d’un véhicule lui appartenant.
Une perquisition effectuée à son domicile des Abymes avait fait apparaître qu’il était passé à son logement, sans doute pour y récupérer divers effets personnels, avant de prendre la fuite. Il avait cependant laissé sur place… l’arme du crime.
Dès lors, plus de doute pour les enquêteurs. Le parquet lançait un mandat d’arrêt. Recherches vaines pendant quatre mois.
Jusqu’au 10 janvier 2023. Diverses investigations techniques sur le corps ont permis de l’identifier et de diffuser l’information ce 9 février.
André-Jean Vidal
aj.vidal@karibinfo.com