Le jugement du tribunal administratif de Basse-Terre est attendu dans le cadre de l’affaire de l’école panafricaine de Guadeloupe, projet qui avait été refusé par le préfet de la Guadeloupe au cours de l’année 2021. Le préfet avait affirmé que l’école constituait un « danger pour l’ordre public », les créateurs de l’école ont alors contesté la décision préfectorale auprès du tribunal administratif qui donnera sa décision dans quinze jours.
Après 18 mois d’attente, le jugement sera rendu dans 15 jours. Jeudi 12 janvier 2023, une foule de personnes s’était déplacée à Basse-Terre au tribunal administratif pour soutenir les membres de l’école panafricaine de Guadeloupe dont l’ouverture avait été refusée par le préfet de la Guadeloupe, alors que le projet pédagogique avait été validé par le rectorat.
L’audience a duré une trentaine de minutes au cours desquelles les avocats de l’école panafricaine ont expliqué l’importance de l’ouverture d’une école enseignant l’histoire des afro-descendants de la Guadeloupe. Le tribunal a renvoyé la décision au jeudi 26 janvier.
Elle a dit
« Un jeu tragique »
Evita Chevry – Avocate de l’école panafricaine de Guadeloupe
« En général au tribunal administratif les avocats ne plaident pas, ils font des observations qui ne durent que cinq minutes. Mais aujourd’hui, le président nous a laissé parler un certain temps. Il a montré un respect par rapport à la problématique et il était attentif. Maintenant, nous ne connaissons pas encore la décision, il y a quand même un préfet contre nous ! C’est dommage que ce procès se soit fait dans ce cadre, car pour moi il s’agit d’un grand procès. C’est une grande affaire parce qu’il s’agit d’un tournant, car cette école est une chance pour le pays. Ce serait criminel que des personnes qui savent et connaissent les conséquences des traumatismes de la traite négrière n’essaient pas de les réparer. Aujourd’hui, nous le savons, nous sommes au courant de ces traumatismes, et l’école panafricaine peut traiter ces traumatismes en réglant la question identitaire qui est l’un des préjudices les plus importants. Parce que l’afro-descendant qui ne connait rien de son histoire hormis l’esclavage, à qui on a inculqué pendant des siècles que l’Afrique n’a rien apporté à l’humanité pense qu’il part avec un handicap. C’est terrible de refuser l’ouverture de cette école, d’autant plus que l’état français refuse cette école tout en tenant un discours abordant les préjudices liés à l’identité ou en faisant la promotion récemment de l’héritage africain ! On a vraiment l’impression d’être dans un jeu tragique pour nous. »