Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer a entamé sa deuxième journée en Guadeloupe par une visite aux bananiers. C’était, ce matin, dans les hauteurs de Capesterre Belle-Eau, à la Plaine. Il a inauguré la station collective de conditionnement ultramoderne de la banane de la Cuma La Plaine.
Pluie battante, vent froid. Mais beaucoup de chaleur dans l’accueil réservé au ministre par Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau, Francis Lignières, président de la Sica LPG, Jean-Michel Emmanuel, président de la Cuma La Plaine.
Invités, Ary Chalus et Guy Losbar, présidents de la Région et du Département, Eric de Lucy, président de l’UGPBAN, et une centaine de personnalités du monde de la banane antillaise.
La banane de Guadeloupe c’est 2 000 hectares, 6 000 emplois, une production de 60 000 tonnes, dont une grande partie pour l’exportation.
Cette bananeraie est couplée à celle de la Martinique, association des planteurs des deux groupements, LPG et LPM, en une union, l’UGPBAN.
En vertu de l’adage qui veut qu’unis on soit plus forts et poussés par la concurrence internationale aux normes draconiennes, les groupements ont incité les planteurs, plutôt que de continuer à trier la banane sur leurs champs, sous des appentis de tôle rouillée… à se réunir pour traiter et conditionner leurs productions dans des stations collectives.
Les mêmes planteurs, qui ont éliminé au fil des ans les molécules polluantes des produits phytosanitaires, qui ont décidé qu’ils effeuilleraient à la main les bananiers touchés par la Cercosporiose, ont confié à Indigo Ergonomie le soin d’analyser le travail et de proposer des aménagements pour réduire la pénibilité et augmenter la sécurité au travail.
Francis Lignières, président de la Sica LPG a rappelé les soucis des producteurs de bananes, les calamités, dont Fiona, l’inflation qui fait que tous les intrants sont plus chers.
Mais, a-t-il ajouté, « la filière est debout et au travail. »
Travail délicat qui implique de traiter la Cercosporiose avec moins de traitements — il faut effeuiller les bananiers atteints, en continu, rang par rang, toute la semaine — et un désherbage manuel.
La station de conditionnement ? « Des infrastructures ultramodernes. C’est la première aux Antilles ! Et nous en aurons d’autres, trois de plus dont la prochaine, dans quelques mois à Moulin à eau, Capesterre… Il a fallu cinq ans pour sa réalisation, s’entendre avec le propriétaire du terrain, trouver un architecte, trouver des financements. Notre but, c’est de redynamiser la filière, filière renforcée par l’installation de dix jeunes agriculteurs à Blonzac, et nous avons d’autres projets en cours. »
Francis Lignières a remercié ceux qui ont soutenu financièrement le projet, l’Etat, la Région, le département, l’Europe et ceux qui ont appuyé, conseillé pour les dossiers : la DAF, direction de l’Agriculture et de la Forêt, et l’Office de l’eau.
Jean-Michel Emmanuel, président de la Cuma La Plaine, a souligné que cet outil était un symbole de l’innovation, pour relever les défis.
Quels sont-ils ? « Il faut faire en sorte, a dit M. Emmanuel, que la profession soit attractive, qu’elle attire des jeunes, la relève. Pour cela, il faut pouvoir travailler dans de bonnes conditions pour améliorer encore la qualité du produit. Déjà, nous avons depuis longtemps montré notre respect de la nature en éliminant 80% des produits phytosanitaires que nous utilisions alors. »
Jean-Michel Emmanuel a rendu hommage à Meddy Hermann, jeune directeur de la station, station qui permettra, à plein rendement, de traiter 20 000 tonnes de bananes. Site qui sera aussi un musée-pôle touristique, qui fera plus tard de l’agrotransformation.
Capesterre Belle-Eau a encore dit Jean-Michel Emmanuel, c’est 60% des terres bananières, 65% de la production.
Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau, avait beaucoup de plaisir à accueillir sur le territoire de sa commune cette station ultamoderne, modèle du genre, « Nous avons un témoin de plus que Capesterre Belle-Eau est la capitale de la banane ! Une banane de grande qualité, compétitive, fleuron de notre terroir. La filière doit se réécrire en permanence et vous avez pris la bonne voie. Il faut continuer de préparer la nouvelle génération et appliquer la politique qui est celle du Département : consommer local. Ce sera fait ici au travers d’une mûrisserie. »
Guy Losbar, président du Département : « L’engagement du Département auprès du monde agricole est total… La Filière banane à su devenir filière d’exemple pour la Guadeloupe. C’est le symbole que la souveraineté alimentaire en marche. Nous sommes solidaire des planteurs de bananes. Nous avons donné un autre exemple de notre solidarité avec la sécheresse, en ouvrant le barrage de Moreau, mais aussi en intervenant pour l’accessibilité des terres agricoles. Il s’agit de travailler pour l’excellence. »
Ary Chalus, président de Région, a dit son soutien à une filière économique modèle. Il a de même rappelé devant le public attentif qu’Eric de Lucy, président de l’UGPBAN, au Salon de l’agriculture, s’était écrié : « Ils en ont de la chance, les Guadeloupéens. Moi, ça fait trois ans que je n’ai pas eu un sou ! »
Le ministre, auquel les bananiers ont remis une grande médaille d’or, a ensuite visité la station avant de gagner Goyave pour la suite de son voyage.