Depuis 2010, le Conservatoire du littoral est affectataire des espaces de forêt humide qui subsistent à Jarry. Il travaille en ce moment pour la préservation de la mangrove sur la Pointe Jarry
Créé en 2016 à l’initiative du Conservatoire du littoral, le projet JA-RIV a pour objectif de restaurer et protéger ces milieux naturels qui présentent à la fois un intérêt écologique, patrimonial et économique.
Il y a vingt ans, une station-service a été installée en bordure de la mangrove de Jarry. Cette mangrove, superbe, a été nettement envahie, comblée sur une centaine de mètres, asphaltée, bétonnée, après que plusieurs cuves aient été positionnées, avec coffrage étanche… Bien évidemment, à chaque pluie, c’était l’inondation. Jusqu’à ce que la firme Total, propriétaire de la station, se soit découvert une vocation très naturelle…
Approchée en 2018, la compagnie TotalEnergies a entrepris avec le Conservatoire du littoral un projet de réhabilitation de cette ancienne station-service de Jarry.
Restaurer le site
Medhy Broussillon, délégué adjoint du Conservatoire du littoral – Rivages d’Outre-mer :
Suite à la réalisation d’analyses de sol, le Conservatoire du littoral et la Compagnie TotalEnergies ont conjointement défini un plan de restauration du site, associé à un plan de gestion.
Ce scénario d’aménagement a pour objectifs de rétablir les écoulements naturels —la mangrove est au bout de la plateforme autrefois asphaltée, bétonnée, aujourd’hui défoncée, les matériaux artificiels ayant été emportés pour ceux qui peuvent être traités localement, les autres ont été gelés sur place. L’idée est de permettre le retour de la faune et la flore de la zone humide, tout en créant les conditions d’un accès piéton dans le cadre d’un futur sentier pédagogique qui fera le tout de la zone de mangrove.
La première partie des travaux est actuellement portée par TotalEnergies Marketing Antilles-Guyane.
De l’ancienne station-service, il ne reste rien : le bâtiment a été démoli ainsi que l’auvant, d’autres infrastructures plus légères, les cuves, etc. Le béton et l’asphalte, les métaux divers ont été emportés. Il reste un socle vierge que, jusqu’à cette semaine, des engins de travaux publics fouillaient. Il faut creuser, ouvrir un passage vers la mangrove intacte.
Ouvrir l’espace au public
Et ensuite ? Le Conservatoire du littoral engagera ensuite des travaux pour permettre l’accueil du public cherchant à découvrir la mangrove ou à accéder au futur sentier pédagogique.
Il comprendra des carbets, des places de stationnement naturelles pour accueillir un bus scolaire et quelques véhicules légers ainsi qu’une plateforme d’observation de la zone humide.
L’aménagement envisagé est la mise en place d’un sentier périphérique situé à l’interface entre la zone humide et la zone industrielle. Ce sentier permettra :
– la matérialisation de la limite entre le foncier public et le foncier privé, limitant le risque d’empiètement futur (défrichement, remblaiement, etc.);
– la gestion optimale du site ;
– la valorisation du site le rendant accessible au public (zones de stationnement, espaces de détente) ;
– la sensibilisation du public aux enjeux de préservation de la zone humide et de sa biodiversité (panneaux d’information) ;
– le cheminement sécurisé entre différents secteurs de la zone industrielle pour les piétons et éventuellement les cyclistes.
Pendant la visite, ce matin, des oiseaux, des hérons, se sont emparés du site en travaux. Pas farouches du tout, ils étaient à la pêche aux tilapias dans un des bassins creusés à la place de l’ancienne station-service. « Dans très peu de temps, le site aura retrouvé sa faune, sa flore… », a souligné Medhy Broussillon.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com
