Les sapeurs-pompiers de la Guadeloupe ont été les premiers mobilisés lors des événements de vendredi 29 à la nuit tombée et samedi 30 avril. Pendant la pluie, ils sont intervenus plus de trente fois, surtout en région pointoise. Et, parfois, ils ont été, eux aussi, sinistrés…
Fortes pluies dans la nuit de vendredi à samedi sur la Guadeloupe avec une montée exceptionnelle des eaux en région pointoise.
Des appels au secours et des routes coupées par de brusques montées d’eau.
Aux premiers rangs des secours, les sapeurs-pompiers. Tout le monde sur le pont, sous la direction du colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS971, et de l’état-major.
Des interventions sur le terrain dans des conditions épouvantables. Hommes et matériels rudement éprouvés.
Tout d’abord, la nuit, 35 interventions, parfois délicates, pour secourir des personnes, automobilistes surpris dans leurs voitures, qu’il a fallu extraire, parfois dans des flots ininterrompus d’eau qui balayaient tout sur leur passage.
Dans certaines casernes même, les sapeurs-pompiers ont affronté l’eau montante, sur la route, parfois, les secours n’ont pu éviter de tomber dans un trou d’eau en se frayant un chemin.
Au petit matin, ils étaient encore là, puis toute la journée de samedi, pour venir au secours de personnes sinistrées coincées chez elles.
« Nous avons eu surtout à intervenir pour des gens qui étaient bloqués dans leur véhicule. »
Le colonel Félix Anténor-Habazac a dirigé la cellule de crise opérationnelle.
Quand ont commencé les interventions ?
Nous avons eu un pic entre 1 heure et 3 heures, mais nous étions prêts dès l’alerte jaune. Quand c’est comme ça, nous suivons la météo pas à pas. Et nous avons les remontées des équipes sur le terrain.
Des interventions de quelle nature ?
Nous avons eu surtout à intervenir pour des gens qui étaient bloqués dans leur véhicule. Ou encore, il y a eu de l’eau chez certaines personnes et il a fallu les aider à évacuer. Mais surtout des gens bloqués dans leur véhicule, qui voyaient qu’ils ne pouvaient plus avancer ou dont le moteur du véhicule est tombé en panne. Ils ont appelé les secours avec leur portable. Heureusement, maintenant il y a cette possibilité de prévenir et surtout de dire où on se trouve, ce qui facilite l’arrivée des secours.
Quand il y a ce type de temps, avec alerte orange, puis rouge, est-ce qu’il y a un dispositif particulier de veille ?
Pendant la nuit, nous avons été obligés, au fur et à mesure que ça montait en pression, d’ouvrir la cellule de crise. En fait, nous n’avons pas attendu l’alerte rouge, qui est arrivée au petit matin. On a simplement suivi l’actualité opérationnelle. Au fur et à mesure qu’il y avait des incidents, un peu partout, on a été obligés d’augmenter les effectifs au niveau du centre d’appel. Et, bien sûr, sur le terrain.
Est-ce que toutes les casernes ont été mobilisées ?
Oui, toutes les casernes du secteur concerné. On peut faire revenir du personnel, demander à d’autres casernes de venir en renfort quand il y a un événement de ce type. Là, nous avons commencé à 50 sapeurs-pompiers, puis nous sommes passés à 80 au plus fort de la crise, avant de redescendre à 30.
Quelles interventions ont été les plus difficiles ?
Pendant la nuit nous sommes intervenus à Bas-du-Fort pour une parturiente. Une dame qui était sur le point d’accoucher. Nous l’avons évacuée avec un camion-citerne, un gros 4X4, pour pouvoir passer. On l’a ramenée à pied sec, puis transférée dans une ambulance à nous pour la transporter en unité de soins. C’était aux alentours d’une heure, ça s’est très bien passé.
Vous avez subi des dommages, pas de blessé, mais des dommages matériels.
Oui, fort heureusement, nous n’avons pas eu de blessé en opération. Dans de telles conditions, ce n’est pas facile pour les personnels sur le terrain.
Même avec un gros 4X4, dès qu’on quitte la route, c’est dangereux parce qu’on ne voit que de l’eau, on ne sait pas quelle profondeur il y a, ni s’il n’y a pas un fossé ou une ravine. Mais, si un de nos gros camions a basculé dans un fossé, il n’y a pas eu de dégâts. Nous avons eu aussi une panne avec une ambulance qui transportait une victime. Nous avons pu faire le transfert sur une autre ambulance. Nous avons géré.
Sauver des êtres humains, c’est le quotidien des sapeurs-pompiers, mais ils sont intervenus aussi pour sauver des animaux.
Oui, nous avons aidé des éleveurs qui avaient leurs bovins emportés par les eaux ou isolés sur un tertre. Chaque fois qu’il y a beaucoup de pluie, nous intervenons pour ce problème. Il faudrait que les gens mettent leurs bovins à l’abri quand il pleut beaucoup.