Guadeloupe. Hommage aux héros de la rue Sadi-Carnot

Catiuska Colombo, 24 ans, et sa mère, Marie Colombo, 50 ans, l’épouse du gérant du bazar, Ling-Ling Ji ,et leur bébé de quelques mois, Marc Li, René Robert Joigny, 65 ans, Stéphane Lucbernet, 39 ans, Daryl Claudy Moulin, 16 ans, sont les 7 victimes immédiates d’un incendie. Saïd Faddoul, la 8e victime, va décéder quelques jours plus tard.

Cet incendie c’est celui dit « du bazar chinois de la rue Sadi-Carnot », à Pointe-à-Pitre.

Le bazar vendait des pétards. Quatre jeunes gens, qui avaient été expulsés du bazar quelques minutes plus tôt, sont revenus et ont jeté un pétard allumé sur un étal à l’entrée du magasin. Sur cet étal, des centaines de boites de pétards, de fusées, qui ont explosé, mis le feu aux marchandises. A l’intérieur du magasin, des clients, l’épouse et le bébé du gérant, tous pris au piège. Il n’y avait pas d’autre issue que l’entrée enflammée.

Deux hommes, un voisin, Saïd Faddoul, membre d’une famille de commerçants d’origine libanaise, connue et appréciée, et René Robert Joigny, un passant, vont se précipiter pour tenter de sauver des vies. Ils vont entrer dans le bazar en feu, parvenir à faire sortir quelques clients, mais René Robert Joigny va être pris dans les flammes. Saïd Faddoul va parvenir à ressortir du magasin, brûlé à plus de 60%.

Tous deux ont payé de leur vie leur élan humain et leur abnégation, faisant preuve d’un courage inouï.

Ces deux victimes et leurs six compagnons d’infortune ont fait l’objet d’un hommage solennel des familles, organisé par Nou a yò, l’association de Patrick Nérini.

Autour de Marie Marsolle, la famille de Saïd Faddoul. @AJV

Il y avait là, rue Sadi-Carnot, Jocelyn et Badi Faddoul, leurs sœurs, les sœurs de René Robert Joigny, la sœur de Marie Colombo, la soprano Marie Marsolle, dont le grand-père, le poète Edouard Marsolle, est décédé dans l’explosion d’une chaudière, en tentant de sauver un ouvrier de sa distillerie. Il y avait aussi le père Jacques Nicolas, prêtre marronite, des hommes et des femmes qui ont témoigné, après une homélie et la prière commune, Notre Père, puis le Je vous salue Marie, de cette harmonie et solidarité entre Antillais et Libanais, du temps de leur jeunesse, harmonie et solidarité renouvelée le temps de cette cérémonie.

Des membres des familles Joigny et Colombo.

Badi Faddoul :

Qui était Saïd Faddoul ? Un Guadeloupéen qui était reparti au Liban, pour y mener le combat des chrétiens contre l’oppression. Grièvement blessé lors de la guerre, il a quitté le Liban après la mort du président Bachir Gémayel, assassiné, pour revenir en Guadeloupe. il a survécu au tir d’un obus, il est mort du fait d’un simple pétard…

Jocelyn Faddoul lit un texte du fils de Saïd Faddoul:

Patrick Nérini, à l’origine de cette cérémonie, pose la question : ces deux hommes sont-ils des héros ? ne faudrait-il pas leur ériger une statue commémorative ? :

Le Père Jacques Nicolas, prêtre marronite :

Marie Marsolle a témoigné d’une solidarité d’autant plus prégnante que son grand-père, Edouard Marsolle, est mort dans des circonstances similaires à celle de Saïd Faddoul et René Robert Joigny. Elle a ensuite entonné un Ave Maria de belle facture.

La solidarité, la fraternité entre Pointois, elle a été mise en avant par Max Jasor, tour à tour pharmacien puis libraire, toujours à Pointe-à-Pitre.

Il a dit comment il avait connu Edouard Marsolle, usinier mais aussi poète. Hubert Jasor, son père, et Edouard Marsolle étaient de si bons amis que le poète avait dit qu’il voulait être exposé à sa mort dans la Librairie Générale Jasor.

Max Jasor :

Sonia Boulemar, Pointoise de toujours, a rappelé la solidarité qui unissait les Pointois, quelle que soit leur origine.

Elle a regretté que Pointe-à-Pitre soit devenue comme d’autres villes, indifférente à la souffrance des autres :

Luan Pommier au clavier et au chant pour un morceau de musique :

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