Guadeloupe. Henri Maurinier, majo a gran ripaj a maké kréyol

Henri Maurinier a remporté le premier prix de la dictée créole organisée par le Conseil départemental avec l’association Lang kréyol Gwadloup an Bannzil (LKGB) et le réseau des bibliothèques et médiathèques de Guadeloupe.

Par un concours de circonstances, cet habitant de Petit-Bourg a candidaté à la finale de la dictée créole avec la médiathèque de Pointe-à-Pitre. Mais, qu’importe. L’histoire retiendra que sa performance lui a permis de remporter le premier prix à la dictée créole 2024, le 26 octobre. L’expérience a parlé !

« J’avais déjà participé à la dictée créole avec le Speg, mon syndicat, avec Didyer Mannette, des éditions Nèg mawon, et mon vieil ami, Jo Clémence, raconte Henri Maurinier qui a apprécié le texte, Tè sèklé pa jaden, sur l’évolution de notre société, proposé pour la finale. J’avais revu certains mots comme toulongalé, davwa… avant la dictée, mais il y en avait un que je voyais pour la première fois ! En écrivant, je m’applique toujours pour que ce soit « nawflaw » pour celui qui lit ! »

Auteur de textes en créole, animateur d’un atelier, engagé depuis longtemps dans la transmission de la langue et de la culture créoles, Henri Maurinier, inscrit à l’Université du temps libre depuis 18 ans, est un « retraité » très actif !

Une base pour l’enseignement

L’ancien enseignant a signé deux ouvrages… pour le moment. A fleur de mots, recueil de poèmes en français et en créole, a été édité en 2007. Deux ans plus tard, pour le jeune public, il a composé Bouquet de mots pour marmots.

Extrait de son premier recueil, le texte Zépon natirel a servi de base à certains enseignants (Alain Rutil, Michel Mélange…) pour la préparation des élèves de Terminale. « Pawol-la fè chimen-ay !, commente l’auteur. Un jour, Michel Mélange m’a appris qu’un de ses élèves avait obtenu une bonne note en créole grâce à ce texte : ça fait plaisir. »

Dès ses années d’enseignement au primaire, Henri Maurinier produisait des textes en créole pour faciliter l’ancrage dans la culture locale de ses élèves.

Aujourd’hui, membre du CCCA (Conseil communal consultatif des aînés) de Petit-Bourg, une initiative d’Ary Broussillon, alors maire de la ville, il poursuit son travail de transmission.

Paroles de sagesse

« Au sein du Conseil, il y a de la danse, du scrabble, du théâtre… et depuis trois ans, j’anime un atelier créole, en alternance avec des séances d’initiation au gwoka », explique-t-il. Il nous arrive d’organiser une dictée créole entre nous, à partir de mes textes. »

Ses productions, qu’il compte publier, sont le reflet de notre société. Dans ce qu’elle a bien, et de moins glorieux… « L’un de mes textes intitulé Gran zafè parle de l’attirance de certains d’entre nous pour les belles voitures, les beaux vêtements…, « moun a gran wach ». Ces personnes se retrouvent ensuite dans des situations inextricables. Un autre texte, Pit-a-kòk aborde la guéguerre politique entre les uns et les autres, la concentration des mandats par quelques-uns…, alors que si chacun se contentait d’occuper une responsabilité, nous pourrions avancer ensemble. Né en 1946, j’ai écrit un autre texte en 2006, pour les 60 ans de la départementalisation, qui commence par : « dé zewo sis, 60 lanné an vwè jou si on lilèt an machariè, jòdijou pli dèyè ki yè é avanyè ! »

Des mots pleins de sagesse pour susciter une réflexion et contribuer à replacer le curseur.

Cécilia Larney

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