Pour faire face aux appels d’offres infructueux, le bailleur social Sikoa a réuni les professionnels de la construction, ce mardi 19 mars, à l’Arawak (Le Gosier).
Donner la parole aux uns et aux autres sur leurs difficultés et attentes, mettre à plat la problématique des appels d’offres qui ne trouvent pas preneurs, permettre au bailleur social Sikoa de présenter son programme de construction, de réhabilitation et de maintenance pour l’année 2024, poser les bases d’une co-construction nécessaire, étaient à l’ordre du jour de la rencontre initiée par Sikoa. Les principaux concernés ont répondu nombreux à l’invitation : la fédération du BTP de Guadeloupe, la CAPEB, le MEDEF, l’ordre des architectes, les petites et grandes entreprises de plomberie, électricité…
« Notre objectif de développement comprend 160 logements à construire, 800 logements en réhabilitation et de la maintenance, indique Jules Goval, directeur général de Sikoa. Or, souvent les appels d’offres reviennent infructueux au motif qu’il n’y a pas d’entreprises. Nous avons voulu réunir les entreprises pour mettre à plat les difficultés. »
Aider les entreprises à s’organiser
Pour enrayer cette difficulté, Sikoa s’est engagé à « accompagner les entreprises, indique Jules Goval, à fluidifier les relations, pour travailler ensemble. Pour permettre aux entreprises de s’organiser en amont et répondre à nos impératifs de construction et de réhabilitation, nous leur avons communiqué notre carnet de commandes avec les prochains chantiers. »
Parmi les difficultés évoquées par les entreprises, les délais de règlement – souvent très longs –. Antonietta Poenaru, de Sano Concept, spécialisée dans la plomberie et l’installation de chauffe-eau solaires a confirmé les difficultés que causent les délais de paiement (de 3 à 6 mois) aux petites et moyennes entreprises. « Cela suppose d’avoir une trésorerie suffisante pour faire face aux charges en attendant que nous soyons payés, commente-t-elle. C’est toujours très compliqué, mais on s’arrange pour trouver des solutions par nos propres moyens. »
« Faire des jeunes de vrais professionnels du logement. »
Un point sur lequel le bailleur social entend agir. « Pour les petites entreprises confrontées à des difficultés, dès que la prestation est réalisée, nous leur demandons de se présenter pour être payées rapidement, insiste Jules Goval. Nous savons que la problématique de la trésorerie est cruciale pour les entreprises : il leur faut un fonds de roulement pour fonctionner au quotidien, on les aide à avoir une trésorerie fluide. Aujourd’hui, la co-construction est le mot-clé : nous avons tous besoin les uns des autres. Nous voulons rester sur la trajectoire d’un partenariat gagnant-gagnant pour accompagner l’économie de notre territoire. »
Comme d’autres secteurs en tension, la plomberie peine à recruter du personnel. Une problématique entendue par le bailleur social. « Sikoa peut être force de proposition auprès de la CAPEB, de la fédération du bâtiment pour permettre aux jeunes d’effectuer un stage, assure Jules Goval. Nos portes leur sont ouvertes. Aujourd’hui, nous avons la volonté d’accompagner les jeunes dans le cadre de stages pour qu’ils deviennent de vrais professionnels du logement demain ! »
José Gaddarkhan, président de la Fédération du BTP, est intervenu pour expliquer pourquoi les entreprises du BTP et les artisans du BTP ne peuvent pas toujours participer à des marchés publics. Ces entreprises, surtout quand il s’agit d’entreprises artisanales, ne sont pas toujours en règle avec les obligations fiscales et sociales, n’ont pas l’assise financière qui leur permette d’engager des dépenses et n’ont pas toujours les artisans aguerris pour intégrer des équipes de chantiers.
Et puis, chat échaudé craignant l’eau froide, les entreprises du BTP, que ce soit des groupes ou des artisans hésitent toujours à s’engager sur des marchés publics dont les paiements, une fois le service fait, sont toujours très longs.
Une réunion inédite qui aura eu le mérite de pointer du doigt les écueils qui entravent le fonctionnement des entreprises de la construction.
Cécilia Larney
« Une année difficile s’annonce »
Jacques Fayel, président du Groupe action Logement Guadeloupe, dont la Sikoa est une filiale, a dit tous les chantiers qui seront entrepris dans une période, cette année 2024, qui sera difficile pour les entreprises du BTP. Les grands chantiers vont s’achever — CHU, maison d’arrêt de Basse-Terre, préfecture, etc. — et il faudra, pour maintenir l’activité du secteur, de nouveaux chantiers. La Sikoa sera l’un des pourvoyeurs principaux en nouveaux chantiers.
