L’activité des opérateurs funéraires est passée du simple au double, ces dernières semaines.
La surmortalité enregistrée par le système hospitalier a une incidence directe sur la filière funéraire. A cela s’ajoutent les décès à domicile. Selon Richard Eliézer, président de la Chambre syndicale des pompes funèbres de Guadeloupe, par semaine, les agences funéraires prennent en charge entre 40 et 50 morts à domicile depuis ces deux dernières semaines. « C’est beaucoup, commente Richard Eliezer. Il y a un problème… ». Les 22 pompes funèbres que compte l’archipel ont constaté une intensification de leur activité, passant du simple au double, pour certaines.
Restrictions sanitaires
Le nombre croissant de morts implique un délai supplémentaire pour les inhumations. De 3 jours en temps normal, ce délai peut aller désormais jusqu’à six jours, voire 15 pour une incinération ! « Les cimetières communaux étant fermés l’après-midi, on ne peut faire qu’un à deux enterrements par jour, explique Richard Eliezer. Par rapport au nombre de morts, c’est problématique. Si on pouvait accéder aux cimetières toute la journée, on aurait pu programmer 3 à 4 enterrements par jour. »
En plus de cette recrudescence d’activité, les pompes funèbres doivent aussi composer avec les restrictions sanitaires. Depuis le début de la pandémie en 2020, les traditionnelles veillées mortuaires n’existent plus. « Maintenant, on expose le corps le matin pour des funérailles dans l’après-midi ou le matin même. » D’autre part, les pompes funèbres et les familles doivent veiller au strict respect de la jauge de 25 personnes pour limiter les risques de contamination à la Covid-19 particulièrement active en ce moment sur le territoire.
Cécilia Larney
Un défunt Covid peut-il être exposé?
Les vérités d’hier ne sont pas toujours celles de demain… Parmi les pratiques qui évoluent au fil du temps, l’exposition des personnes décédées du Covid-19. En 2020, elles devaient être inhumées « sans délai », sans toilette, ni exposition. « Psychologiquement, ce n’était pas soutenable pour les familles, reconnaît Richard Eliezer, de la Chambre syndicale des pompes funèbres de Guadeloupe. Aujourd’hui, même si le cercueil est fermé, les familles peuvent au moins se recueillir et commencer leur deuil. » S’il est toujours de rigueur de les prendre en charge en priorité, la loi a évolué.
Le décret du 21 janvier 2021 précise les conditions de prise en charge et de pratique des soins post-mortem pour un patient décédé de la Covid.
- La toilette et l’habillage du défunt sont possibles en respectant le port des équipements individuels de protection recommandés : lunettes de protection, masque chirurgical, surblouse à manches longues, tablier à usage unique, gants à usage unique, charlotte.
- Le corps peut être présenté aux proches (équipés d’un masque chirurgical) dans la chambre mortuaire à une distance d’au moins deux mètres, sans aucun contact.