A Baie-Mahault, un site de stockage et broyage des déchets verts a pris feu. Depuis quinze jours, les riverains supportent des fumées épaisses nuit et jour. Les sapeurs-pompiers s’activent mais ils travaillent sur un feu… sur près de deux hectares de surface. Une « installation classée » limite décharge sauvage…
Lundi 27 septembre, aux alentours de 12 heures, les sapeurs-pompiers ont été mis en alerte pour un feu de déchets verts dans la décharge en face de la ZAC de Dalciat, chemin de Dorville, à Baie-Mahault.
Mardi 5 octobre, le feu n’est pas éteint malgré les moyens mis en œuvre par les sapeurs-pompiers, dont des tractopelles pour séparer l’énorme tas de près de deux hectares de surface et d’une vingtaine de mètres de haut.
« Nuit et jour il y a des sapeurs-pompiers sur ce feu depuis le début, explique un riverain, Georges Chaar. La vie est devenue difficile dans le quartier à cause des fumées qui prennent à la gorge et irritent les muqueuses. Impossible de boire tranquillement son café sous la véranda, de se tenir dans le jardin. Ce feu, c’est l’enfer pour nous ! »
Cette zone de stockage des déchets verts (feuillages et branches) a été créée par le Syvade (Syndicat de valorisation des déchets des ménages). Il s’agissait de collecter les feuillages, les branches, de les broyer avant de les expédier à Sainte-Rose.
Une broyeuse en panne…
depuis des mois
Depuis quelques mois, la machine à broyer est en panne… mais le stockage se poursuit, avec une noria de camions à chaque heure du jour. De plus, voyant ce tas de déchets, des passants ont pris l’habitude de venir là transformer l’espace de stockages des déchets verts en décharge sauvage.
« Il y a de tout dans ce qui est devenu une décharge sauvage, explique Georges Chaar. Maintenant, il y a même des cuisinières, des réfrigérateurs. La DEAL a mis en demeure le Syvade, mais tout continue comme si de rien n’était. »
Astrid Arconte, présidente de REV-Guadeloupe, association écologiste, dénonce cette situation, s’étonnant de l’isolement dans lequel se trouvent les victimes de cet incendie : « Les riverains sont livrés à eux-mêmes, seuls au monde devant ce désastre qui les affecte. », déplore-t-elle.
Côté sapeurs-pompiers il semble qu’il n’y ait pas de problème particulier avec un feu assez complexe mais maîtrisé. Et qui ne risque pas de s’étendre compte tenu des lieux. Un feu, c’est sûr ça fume mais quand ça fume très longtemps, on est en droit de s’inquiéter.
« C’est une installation classée, explique le colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS971. Une installation classée se doit de prévenir ce type de problème… Là, nous avons mis les moyens pour contenir l’incendie, le réduire.
Une dizaine de sapeurs-pompiers et trois engins de lutte contre l’incendie ont été quotidiennement employés. Ils sont appuyés par les tractopelles de l’exploitation.
« Leur mission consiste à faire la part du feu tout en assurant l’extinction.
Les moyens en eau bien que présents sont limités et nous observons parfois des reprises de feu liées à une propagation souterraine.
Une fin d’opération est envisageable pour le début du week-end, hors panne des moyens matériels de l’exploitation », conclut le colonel Anténor-Habazac.
André-Jean VIDAL
En savoir plus :
La réglementation de la prévention des risques et de la protection de l’environnement est précise dans son article 2794. Installation de broyage de déchets végétaux non dangereux.
Régime de la déclaration : Arrêté du 18/05/18 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations de broyage de déchets végétaux non dangereux relevant du régime de la déclaration au titre de la rubrique n° 2794 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement
Extrait :
4. Risques
4.1 Moyens de lutte contre l’incendie
« L’installation est équipée de moyens de lutte contre l’incendie appropriés aux risques notamment :
1) d’un ou plusieurs points d’eau incendie, tels que :
– des bouches d’incendie, poteaux, ou prises d’eau, d’un diamètre nominal adapté au débit à fournir, alimentés par un réseau public ou privé, sous des pressions minimale et maximale permettant la mise en œuvre des pompes des engins des services d’incendie et de secours ;
– des réserves d’eau, réalimentées ou non, disponibles pour le site et dont les organes de manœuvre sont utilisables en permanence pour les services d’incendie et de secours.
Les prises de raccordement permettent aux services d’incendie et de secours de s’alimenter sur ces points d’eau incendie.
Le ou les points d’eau incendie sont en mesure de fournir un débit global adapté aux risques à défendre, sans être inférieur à 60 m3/h durant deux heures. Le point d’eau incendie le plus proche de l’installation se situe à moins de 100 mètres de cette dernière. Les autres points d’eau incendie, le cas échéant, se situent à moins de 200 mètres de l’installation (les distances sont mesurées par les voies praticables par les moyens des services d’incendie et de secours) ;
2) d’extincteurs répartis à l’intérieur des bâtiments et dans les lieux présentant des risques spécifiques, à proximité des dégagements, bien visibles et facilement accessibles. Les agents d’extinction sont appropriés aux risques à combattre et compatibles avec les produits et déchets gérés dans l’installation ;
3) d’un moyen permettant d’alerter les services d’incendie et de secours ;
4) de plans des bâtiments et aires de gestion des produits ou déchets facilitant l’intervention des services d’incendie et de secours avec une description des dangers pour chaque bâtiment et aire.
Ces matériels sont maintenus en bon état et vérifiés au moins une fois par an. Ces vérifications font l’objet d’un rapport annuel de contrôle. »
Régime de l’enregistrement : Arrêté du 06/06/18 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations de broyage de déchets végétaux non dangereux relevant du régime de l’enregistrement au titre de la rubrique n° 2794 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement