C’est le message que veulent faire passer aux autorités les habitants d’un quartier du Gosier. Une pétition circule.
Les bichons sont des petits chiens blancs, pas plus de 3 kilogrammes d’os et de poils, une jolie frimousse et un grand attachement à leurs maîtres.
Le 10 août, Marjorie Le Lay promenait son bichon, Bibi, deux ans, rue du Lagon bleu, à Bas-du-Fort Le Gosier, non loin de son domicile. A 18 h 30, la rue est calme, il n’y a pas de circulation. Pourtant, en arrivant presqu’au bout de la rue, elle aperçoit une ombre, un chien de grande taille qui observe et s’avance. Il vient de sortir d’une maison.
Marjorie Le Lay prend Bibi dans ses bras. On ne sait jamais. Le chien s’avance de plus en plus près. La promeneuse lui dit de partir. Le chien saute sur elle, essaie de mordre le bichon. C’est la promeneuse qui est mordue, une douleur violente entre le dos et le sein au moment où elle s’est retournée pour protéger son bichon.
Malheureusement, le chien saute de nouveau et tire le petit chien qui hurle.
« Il a tenu le chien et n’a pas voulu le lâcher. Je criais, je criais ! Une dame est sortie de la maison et a essayé de ramener son chien, mais elle n’avait pas la force pour ça. Quand j’ai pu reprendre mon Bibi, il était trop tard. Il est mort dans mes bras… »
Marjorie Le Lay, qui raconte ce qui constitue pour elle un drame, a des sanglots dans la voix.
Et ensuite ? « La dame et son chien ont disparu dans la maison. Des voisins sont sortis pour me venir en aide. Ils ont appelé la police. Les sapeurs-pompiers sont venus aussi. »
Marjorie Le Lay :
Son époux, Thierry Le Lay, prévenu, s’est immédiatement rendu au secours de son épouse.
« Un voisin avait déjà appelé la police qui est arrivée quarante minutes plus tard. Entretemps Police secours, le 17, qui avait pris la communication, n’a pas hésité à raccrocher au nez des uns et des autres qui s’étonnaient du retard. Moi-même, on m’a raccroché au nez. »
Ancien commissaire divisionnaire et ancien sous-préfet de Pointe-à-Pitre, Thierry Le Lay est d’autant plus choqué de ce comportement.
Il poursuit : « Les fonctionnaires de police sont arrivés, ont écouté ce qu’on leur disait. Ils se sont rendus chez la dame au chien, sont restés un moment. Les sapeurs-pompiers, qui étaient arrivés en même temps que la police, ont simplement dit à mon épouse d’aller consulter un médecin, que ça irait plus vite que d’aller aux urgences du CHU. Ils se sont surtout occupés de la dame au chien qui, semble-t-il, avait fait un malaise. »
« Quand j’ai demandé au brigadier s’il avait le carnet de santé de l’animal, pour savoir si les vaccins étaient à jour, si le chien était classé parmi les chiens dangereux, il n’a pas répondu. C’était quand même important : mon épouse était blessée… »
La suite est tout aussi étonnante. Un vrai parcours du combattant avec dépôt de plainte au commissariat — « Ils ont fait leur travail avec conscience, en témoignent les deux dépôts de plaintes de mon épouse et la mienne, qui sont complets. Ils ont de même photographié la blessure de mon épouse », reconnaît Thierry Le Lay — et puis une visite au CHU, le lendemain, le médecin de ville recommandé par les sapeurs-pompiers ayant refusé de soigner Mme Le Lay au motif qu’il n’avait pas le carnet de santé… du chien mordeur et que, de toutes les façons, ce type d’événement regarde le CHU.
Thierry Le lay :
Le 12 août, Thierry Le Lay qui s’est déplacé en mairie du Gosier pour savoir si ses services allaient faire quelque chose pour le chien agressif qui divague dans les rues et attaque les gens a appris que la mairie n’a plus de convention avec la fourrière. Elle ne peut agir.
Car, il faut le savoir, ce sont les mairies qui s’occupent de faire mettre les chiens signalés dangereux en fourrière. Ces chiens sont ensuite examinés par un vétérinaire pour déterminer s’il faut les euthanasier ou pas.
« Quand la mairie est défaillante, précise Thierry Le Lay, l’Etat prend la main. Jusqu’à présent, le chien est toujours chez sa maîtresse… »
L’animal en question n’est pas un inconnu dans le quartier. Le 19 juillet, il a agressé une jeune femme. Elle aussi promenait son petit chien. L’animal a été dépecé mais il est vivant. La jeune femme a été blessée au bras. Plainte a été déposée. La mairie a été prévenue, sans suite.
Quelques temps auparavant, le même chien a mordu une femme au bras, puis sauté sur son époux qui lui venait en aide. L’animal l’a attrapé par l’avant-bras et ne l’a lâché que quand il lui a donné un coup de poing sur la truffe.
C’était devant le restaurant Rossini, à plus de trois cents mètres de la maison où il vit…
Depuis, au commissariat on signale que « l’affaire suit son cours… »
Une pétition a été signée par 80 habitants du quartier qui demandent qu’une mesure de protection des gens et surtout des enfants nombreux soit prise.
Cette pétition « Faites cesser d’urgence les agissements d’un chien dangereux. Nous craignons pour nos enfants » a été envoyée à la maire du Gosier, avec copie au préfet, au sous-préfet d’arrondissement, à la procureure de la république, au directeur territorial de la Police nationale.
Le chien, un temps évacué par sa maîtresse, semble avoir regagné le quartier.
Marjorie Le Lay gardera une profonde cicatrice de la morsure du chien.
Bibi le bichon dort sous une pierre tombale dans le jardin de ses maîtres inconsolables.
A suivre.