Guadeloupe. En attendant la réunion à Matignon, la situation toujours bloquée

Tandis que la journée de dimanche n’a pas été marquée par quelque incident remarquable, la Guadeloupe ayant vaqué à ses occupations habituelles, hormis la possibilité de circuler normalement, la nuit de dimanche à lundi 22 novembre a été émaillée d’un retour sur les barrages, d’exactions dans les bourgs. Tandis que les forces de l’ordre quadrillaient les abords des barrages. Et que certains de ceux-ci ont été levés devant la dispersion des manifestants.

Des appels à poursuivre
le blocage de l’archipel

Hier soir, de nombreux appels ont été lancés sur les réseaux sociaux à poursuivre les blocages de l’archipel, en édifiant de nouveaux barrages, en incitant la population à venir rejoindre ceux qui tiennent ces barrages. Avec la précaution, face aux arrivées des forces de l’ordre pour ouvrir la route, de quitter les lieux, de laisser faire ceux qui déblaient et de revenir, de tout remettre en place et de tenir de nouveau ces barrages.

Dans la nuit de dimanche à lundi, sur un barrage. @RS

Dimanche, les municipalités avaient demandé le secours de Routes de Guadeloupe, organisme chargé de l’entretien des routes nationales et départementales, sous tutelle de la Région et du Conseil départemental, pour déblayer les barrages inoccupés, notamment à Sainte-Anne et Capesterre Belle-Eau, sur la rocade au niveau du Gosier, plus tard à Montebello Petit-Bourg. A Mahault Pointe-Noire aussi, ce qui a libéré l’axe Côte sous-le-Vent vers Pointe-à-Pitre.

De nombreuses patrouilles ont sillonné les abords de ces barrages, pris à partie par des groupes non identifiés, à coups de pierres expédiées de loin. Des automobilistes se sont retrouvés, croyant pouvoir circuler sans difficultés en suivant les patrouilles, au centre d’échanges de pierres et de grenades lacrymogène.

Toute la journée de dimanche, des patrouilles ont sillonné certains quartiers aux abords des barrages. @RS

Des touristes isolés dans des hôtels de la Côte sous-le-Vent ont été ramenés vers l’aéroport international Pôle Caraïbes par des bateaux qui assurent, habituellement, des parties de pêche au gros ou des sorties plongée. Un petit marché parallèle s’est monté, au fil des jours. Pour 50 euros, il est possible de se déplacer par mer entre deux bourgs et ainsi d’éviter les barrages infranchissables, à moins, là encore, sur certains, de verser l’obole.

Les renforts demandés en policiers
et gendarmes spécialisés sont arrivés

En fin de journée, les renforts demandés par le préfet Alexandre Rochatte, sont arrivés en Guadeloupe, recevant leurs consignes et, assistés par des gendarmes et fonctionnaires de police locaux, commencer leur mission : mettre fin aux exactions et pillages des magasins des bourgs.

L’inquiétude est la présence d’hommes armés dans les bandes nocturnes.

Plus tard, fausse alerte à la centrale qu’on donnait en feu sur les réseaux sociaux. C’était un incident mineur, selon des gardiens interrogés.

Un incident sans conséquences à la Centrale pénitentiaire de Baie-Mahault. @RS

« Comment négocier avec des personnes qui bloquent l’économie et n’ont aucune revendication ? »

Patrick Vial-Collet, président de la CCI TeRritoriale
Des impacts de plombs de chasse sur la façade d’une boutique. @RS

Interrogé par France Inter en milieu de nuit, Patrick Vial-Collet, président en exercice de la CCI territoriale, faisait état, aux cours des nuits précédentes, d’environ 80 magasins pillés.

« Ce sont des bijouteries, des magasins de téléphonie, d’articles de sport, de bricolage, avec des produits des vols qui peuvent être revendus rapidement », relevait-il.

Un chef d’entreprise découvre celle-ci après le passage de pillards. @RS

Ce lundi matin, selon lui, « tous les magasins seront ouverts, normalement, mais comme les barrages limitent les déplacements, on peut penser qu’il y aura peu de clientèle. »

Sur la réunion à Matignon, aujourd’hui à 18 heures (13 heures aux Antilles) des élus avec le Premier ministre, Jean Castex, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, le président de la CCI Territoriale est plus réservé.

« Il faut de l’apaisement. Mais, comment négocier avec des personnes qui bloquent l’économie et n’ont aucune revendication ? La revendication de départ de ce mouvement, c’est la vaccination obligatoire et le passe sanitaire que des soignants et des sapeurs-pompiers ne veulent pas. C’est avec ceux-là qu’il faut trouver un espace de négociation », concluait-il.

Toute la nuit, les forces de l’ordre ont quadrillé Pointe-à-Pitre et Basse-Terre. Des exactions ont été signalées un peu partout. L’hélicoptère de la gendarmerie a survolé la région pointoise jusque tard dans la nuit, des explosions ont été entendues.

Depuis le début de ces nuits chaudes, 36 personnes ont été interpelées sur les lieux d’exactions, dont certaines seront présentées, ce lundi, en début de matinée, au tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, pour y être jugées.

D’autres audiences sont prévues ultérieurement pour juger d’autres personnes interpelées dans les dernières heures.

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