Guadeloupe. Elle s’appelait Mary Munushi

La ville des Abymes, l’association des Amis de l’Inde, ont souhaité redonner vie pour quelques heures par une cérémonie très simple à un personnage historique de la Guadeloupe. Il s’agit de la première enfant originaire d’Inde née en Guadeloupe. Elle s’appelait Mary Munushi ou Mounouchy (selon l’état-civil français).

Le 27 janvier 1855, naissance de Mary Mounouchy, premier enfant d’immigrant indien né à La Guadeloupe.

Cette enfant a été honoré par des Abymiens, des Guadeloupéens d’origine indienne, par des élus. C’était samedi matin, 25 janvier.

Le Morne de la Mémoire, aux Abymes, recèle des centaines et centaines de noms de nouveaux libres, libérés de l’esclavage en 1848. Ces noms sont portés sur des plaques semblables à des livres ouverts.

Il est symbolique de la société guadeloupénne, composite, de dresser ici une stèle portant le nom de Marie Mounouchy, première enfant dont la maire tait d’origine indienne, a être née en Guadeloupe, après une traversée des mers, Océan Indien, Océan Atlantique.

Ce qu’a rappelé le parrain de cette manifestation, le poète et écrivain Ernest Moutoussamy.

Francesca Velayoudon-Faithful, adjointe au maire des Abymes, a rappelé ce moment historique :

Vice-président de l’association des Amis de l’Inde, Alex Mounsamy a dit tout l’intérêt pour l’harmonie des communautés qui composent la Guadeloupe qu’il y ait de telles cérémonies au cours desquelles on met en valeur des personnages de. lavie de tous els jours qui sont, quelque part, aussi des personnages chargés d’histoire.

Alex Mounsamy :

Judes Sahaï est un homme de radio mais c’est aussi un historiel amateur particulièrement doué. Avec Jack Cailhachon, aujourd’hui décédé, ils ont fait des recherches dans les grands ports français, puis en Inde, particulièrement à Pondichéry, comptoir français de l’Inde au XIXe siècle, et aux archives des Outre-mer, à Aix en Provence.

Ils ont retrouvé des documents uniques. D’autres documents, qui auraient pu être utiles aux historiens, sont ceux conservés un temps par l’administration d’Etat en Guadeloupe, avant d’être brûlés au motif que les originaires d’Inde étant devenus Français, ce n’était aps la peine de conserver ces vieux papiers…

Judes Sahaï :

En l’absence d’Eric Jalton, maire des Abymes, son premier adjoint, Fabert Michely, a représenté le conseil municipal.

Fabert Michely :

Partis du bas du Morne de la Mémoire, les membres du cortège des officiels, accompagnés de tambourineurs, dans une fumée d’encens, ont remonté la pente jusqu’à la stèle. Là, Ernest Moutoussamy a fait un beau discours (voir plus haut).

La cérémonie s’est poursuivie, simplement, par des danses et des lectures.

Danièle Minatchy, conseillère départementale, représentait le Département. Il est à noter que Mme Minatchy a réalisé un important travail de recherche sur les familles d’origine indiennes, retrouvant la trace des ancêtres jusqu’en Inde.

En savoir plus

Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1854, un voilier dénommé l’Aurélie entre dans la rade de Pointe-à-Pitre. Il s’agit d’un événement essentiel pour la Guadeloupe. Car l’Aurélie est un coolie-boat, parti du comptoir français de Pondichéry, sur la côte orientale de l’Inde et qui transporte dans ses flancs 312 Indiens qui ont signé un engagement pour venir travailler au moins cinq ans dans les champs de cannes.

Entre 1854 et l’arrivée du dernier coolie-boat, en 1889, plus de 42 000 Indiens, hommes, femmes et enfants feront la traversée.

Beaucoup meurent avant la fin de leur engagement, d’autres repartent au terme de leur contrat, mais ils sont près de 15 000 à demeurer sur place et à se fondre progressivement dans la population guadeloupéenne, non sans transmettre et diffuser une partie de leur patrimoine culturel.

Les 312 engagés de l’Aurélie ont laissé peu de traces, mais il existe un document très symbolique : l’acte de naissance du premier enfant né de l’une des passagères de ce coolie-boat.

La mère s’appelle Mounouchy. Elle a 26 ans au moment de la naissance de sa fille, le 27 janvier 1855. Elle est cultivatrice et travaille dans un hameau de la ville des Abymes. Sa fille reçoit le prénom de Mary. On sait peu de choses de son existence, mais la vie ne devait pas être facile tous les jours dans la petite case où vivaient Mounouchy et son enfant, au numéro 22, puis au numéro 3 du hameau de l’Union.

Par la vertu des documents et des registres qui sont aujourd’hui conservés aux Archives départementales de la Guadeloupe, la mémoire de Mary Mounouchy et de sa mère n’a pas disparu.

« …Lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin qu’il nous a déclaré être
né de la demoiselle Mounouchy, fille de Coulapin, âgée de 26 ans,
immigrante indienne, cultivatrice, domiciliée hameau l’Union, n°22, section
de Céligny en cette commune, laquelle est accouchée au lieudit le samedi
vingt-sept janvier dernier à onze heures de relevée [23 heures], dudit enfant
auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Mary…
Registre des naissances de la commune des Abymes, acte n° 7, « naissance de Mary, fille
naturelle de demoiselle Mounouchy, fille de Coulapin ».

Archives dép. Guadeloupe, 1 E 1/63.

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