Dominique Virassamy, styliste, est président de Sauvez notre Entreprise Guadeloupéenne (SNEG).
Vous avez rencontré une délégation de sénateurs. Pourquoi ?
A la demande du Premier secrétaire du PS Guadeloupe, Olivier Nicolas, j’ai été invité avec d’autres présidents d’organisations professionnelles à expliquer l’économie, ses difficultés et complications, chez nous.En ma qualité de président du SNEG — Sauvez Notre Entreprise Guadeloupéenne — j’ai défendu mon combat pour les indépendants face à la férocité des cotisations exigées par la CGSS et L’URSSAF.
Le but était d’élargir le champ de l’écoute, ce qui permettra d’ouvrir une caisse de résonnance plus forte au Sénat.
Quels sont les problèmes des indépendants ?
Les indépendants souffrent essentiellement des complications des cotisations sociales insincères à cause du logiciel SNV2.
Après avoir été en 2008 marié au logiciel TAIGA des URSSAF et du SCR des retraites, il y a eu incompatibilité des trois systèmes.
Ça s’est soldé par un bug entraînant des dysfonctionnements et des sommes à recouvrer sans rapport avec les déclarations de revenus.
Le RSI (Régime social des indépendants) a maintenu ce logiciel malgré son caractère dysfonctionnel reconnu et condamné par les plus hautes instances.
Le résultat, il y a eu des saisies sur la base de ces mauvais calculs et cela a entraîné une moyenne de 187 suicides par année. Aucun gouvernement n’a demandé une enquête.
Localement comment réagissent les élus ?
Je suis globalement satisfait de l’oreille attentive de nos élus, même s’ils ne s’épanchent pas sur le sujet sur les médias, c’est en permanence que je suis sollicité par eux pour un point d’étape.
D’ailleurs nos 4 députés ont signé une lettre commune demandant à l’Assemblée une mission parlementaire sur les 17 ans de tyrannie du RSI.
La présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée semble vouloir détourner et minimiser cette expertise.
Nous attendons le rapport qui doit être remis au gouvernement. Nous lirons ce rapport, mais d’ores et déjà, nous nous inscrivons dans une fin de non-recevoir.
Les zones de revitalisation rurales sont-elles connues dans l’archipel ?
La ZRR — Zone de Revitalisation Rurale — autre combat du SNEG depuis 2017.
Nous avons été plus que surpris de constater que ce dispositif qui date de 1995 n’a jamais été implanté en Guadeloupe et en Martinique alors que la France hexagonale est à 80 % en ZRR, la Guyane, la Corse et 24 communes sur 25 à la Réunion sont en ZRR. Ce dispositif est bénéfique à 100 % pour les TPE qui constituent 90 % de notre tissu économique.
La ministre Girardin a décidé de supprimer la ZRR dans les DOM, alors que le dispositif a été maintenu dans l’Hexagone. Elle a imposé la ZFA ng (Zone Franche d’activité nouvel génération) bizarrement favorable aux PME qui représentent seulement autour de 7% sur notre territoire.
Nous ne comprenons pas. Ce qui nous surprend c’est que la ZFA ng n’existe pas dans l’Hexagone.
Nous savons que la ZRR+ a été prolongée, et la Réunion et la Guyane en plus d’être en ZFA ng, bénéficient du prolongement de la ZRR.
Nous estimons que ce dossier a été bâclé par la ministre qui n’a fait aucune expertise sur nos territoires Guadeloupe et Martinique. Elle n’a pas rencontré les forces vives du pays. La ZRR a été inscrite en page 15 des préconisations du Congrès.
Elle a été écartée du CIOM. Nous avons par courrier demandé au président du Congrès de réactiver ce dispositif chez nous ainsi que sur l’île sœur.
Quelles actions mener quand les intéressés sont souvent inertes ?
Les actions ? Il faudrait que nos deux présidents des collectivités avec leurs collègues de la Martinique, appuyés par les parlementaires, s’accordent sur une demande commune.
Avant, ils doivent rencontrer ceux qui connaissent ce dispositif afin de faire un diagnostic précis, ce qui confirmera l’intérêt urgent d’arracher l’implantation de la ZRR sur nos deux îles.
C’est tout le bassin économique qui sera dynamique.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com