Les élus n’ont pas apprécié la sortie de Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. Jeudi, dans un débat, il a laissé entendre que les élus des régions ultramarines n’étaient pas des interlocuteurs valables. Cette sortie a été faite alors que David Lisnard, président de l’Association des Maires de France, était en Guadeloupe, invité par Jocelyn Sapotille, président de l’Association des maires de Guadeloupe.
Ils en ont parlé…
Les propos du ministre ont déclenché, immédiatement, une bronca du côté des élus qui ont parlé de mépris, ont relevé le décalage entre les déclarations du président de la République, Emmanuel Macron, de la Première ministre, Elisabeth Borne, du ministre délégué en charge des Outre-mer, Jean-François Carenco.
Ceux-ci ont entendu les paroles des signataires de l’Appel de Fort-de-France, présidents des régions et collectivités d’Outre-mer, plus Guy Losbar, président du Conseil départemental de la Guadeloupe, qui veulent plus d’autonomie.
En ce moment, des projets sont en voie d’élaboration tandis qu’à Paris on se prépare à écouter les doléances et à trouver un terrain d’entente entre gouvernement et politiques.
Provocations
Les déclarations de Gérard Darmanin sont des provocations. Le ministre s’amuse à jeter le trouble dans un jeu politique complexe : les élus d’Outre-mer, même au sein d’un même territoire, ne sont pas à l’unisson quant à la suite des événements. Les premiers reculs enregistrés sont loin des déclarations entendues à Fort-de-France il y a quelques mois où c’était une bataille de mots devant des rangées de micros.
Ce n’est pas faute d’encouragements : Gérard Larcher, président du Sénat de la République française, a souligné, lors de son passage en Martinique et en Guadeloupe, qu’ailleurs en France ce désir de changement s’exprimait aussi et qu’il faudrait en tenir compte.
David Lisnard, maire de Cannes, président de l’Association Française des Maires, en visite en Guadeloupe, a dit comment les communes avaient un rôle à jouer pour que les citoyens se réconcilient avec la politique. Et que ces déclarations pouvaient être agaçantes.
Les maires sont au premier plan, sur le front quotidien, aux côtés des citoyens de la République.
En Guadeloupe, les récents événements et surtout le passage de la tempête tropicale Fiona ont montré comment les maires, notamment André Atallah, à Basse-Terre, Jean-Philippe Courtois, à Capesterre Belle-Eau, Jean-Louis Francisque, à Trois-Rivières, Ferdy Louisy, à Goyave, Adrien Baron, à Sainte-Rose, David Nébor, à Petit-Bourg, Harry Durimel, à Pointe-à-Pitre, ont été immédiatement auprès de leurs populations éprouvées, vite rejoints par le second échelon des politiques de proximité qui est le Conseil départemental. Guy Losbar et les élus, les techniciens du Département étaient là, aux côtés des populations.
Lors de sa visite, David Isnard, qui connaît les difficultés d’être élu local, a visité Basse-Terre, Goyave, rencontré les maires du sud Basse-Terre, ceux du Nord Grande-Terre, réunis autour de Jean Bardail. Sur le terrain.
En fin de visite, il a, à la demande de Jocelyn Sapotille, président de l’Association des maires, rassemblé tous les maires pour échanger : vie quotidienne, aménagement du territoire, réchauffement climatique, aléas climatiques, etc.
On a parlé chlordécone aussi. Et de Gérard Darmanin de même.
Si le président Lisnard garde sa mesure, son association comprenant des élus de toutes tendances politiques, le citoyen s’est dit indigné par la décision de non-lieu.
Jocelyn Sapotille, interrogé sur ces déclarations à l’emporte-pièces, a aussi réagi.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com