Leur occupation spontanée, depuis le 5 juillet 2021, du site du Centre des Arts et de la Culture (Pointe-à-Pitre) devait faire bouger les lignes. En vain.
Comme un cri en plein désert. A l’initiative de l’ANG (Alyans Nasyonal Gwadloup), parti politique, des artistes réunis depuis en Kolektif Awtis rézistans, ont pris d’assaut le site du Centre des arts (Pointe-à-Pitre), avec pour seules armes leurs instruments de musique, leurs pinceaux, bombes de peinture, leur esprit créatif et… leur envie de réinventer la vie culturelle en Guadeloupe.
Ouvrant la marche, depuis le 5 juillet 2021, ces artistes ont redonné vie à un espace à l’abandon avec ce qu’ils ont de mieux à offrir : leur créativité. Leur objectif ? Interpeller les politiques et instances en charge de la gestion de la chose culturelle en Guadeloupe. Aucun écho « officiel » à ce jour. Qu’importe. Le Kolektif Awtis rézistans, lui, maintient son foyer de résistance.
« Nous n’avons aucune discussion avec les collectivités. »
Les murs du Centre des Arts continueront de prendre des couleurs. Tous ceux, artistes professionnels ou amateurs, qui le souhaitent pourront accéder au site quelle que soit l’activité qu’ils pratiquent (danse, musique, théâtre, photo…).
« Nous avons soumis une proposition à Cap Excellence pour transformer le site du Centre de arts en Tiers-lieu créatif ouvert à tous les artistes et acteurs culturels, mais nous n’avons eu aucune réponse. Les collectivités prennent des bribes de ce que nous leur proposons pour en faire des effets d’annonce, mais nous n’avons aucune discussion concrète avec elles, déplore Laurence Maquiaba, porte-parole du Kolektif Awtis rézistans. Nous continuerons à travailler sur les murs du Centre des Arts et de la Culture en tant que Tiers-lieu jusqu’à ce que Cap Excellence nous reçoive pour discuter. »
« Une gestion culturelle au lance-pierres. »
Parallèlement, les artivistes, toujours motivés, continuent à envisager de meilleurs lendemains en Guadeloupe pour les acteurs du milieu culturel. Ils ont lancé un appel aux bonnes volontés qui veulent les accompagner dans leur démarche.
« L’idée, c’est de mettre en place une structure semblable à celle qui gère le tourisme en Guadeloupe, le CTIG, avec plusieurs collèges, pour définir en commun une véritable politique culturelle pour toute la Guadeloupe, explique Laurence Maquiaba. Quatre-vingt-quinze artistes, écrivains, plasticiens, enseignants… nous ont rejoints pour cette mise en cohérence en attendant que les collectivités se joignent à nous. Cette gestion de la culture au lance-pierres et sans consulter les principaux concernés ne peut plus continuer. »
Cécilia Larney