Le Comité du Tourisme des Îles de Guadeloupe (CTIG), le Grand Port maritime de la Guadeloupe (GPMG) et la plateforme aéroportuaire internationale Pôle Caraïbes ont tenu une conférence de presse, jeudi 23 mai, dans le hall croisière pour faire l’exercice imposé bilan-perspectives à la fin de la saison 2023-2024.
« La croisière est une source de revenus non négligeables pour de nombreux Guadeloupéens »
Valérie Samuel-Césarus, présidente du CTIG
« Nous avons des atouts à faire valoir, car notre positionnement central au sein de la Caraïbe, la diversité de notre archipel et notre identité métissé et multiculturel, sont des avantages indéniables face aux autres iles anglophones et hispanophones du bassin caribéen.
Aussi, le Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe poursuit sa démarche de développement de l’attractivité de la destination en travaillant à offrir aux visiteurs, à chaque escale, l’opportunité de s’immerger dans notre culture guadeloupéenne, d’apprécier notre gastronomie, de visiter des lieux atypiques et de s’émerveiller de nos trésors naturels.
Malgré sa forte saisonnalité qui s’étend de novembre à fin avril, la croisière est une source de revenus non négligeables pour de nombreux guadeloupéens (taxis, réceptifs, agents maritimes, transporteurs, agriculteurs, etc..) et génère des retombées économiques relativement conséquentes pour notre territoire.
Il est important de souligner que six passagers sur dix affirment avoir découvert une destination à la suite d’une croisière. Fort de ce constat, la croisière est pour nous un produit d’appel.
Notre objectif au CTIG est de déclencher chez ces visiteurs d’un jour, l’envie de découvrir notre archipel en venant séjourner dans les îles de Guadeloupe, afin que l’ensemble de la filière de l’industrie touristique locale puisse elle aussi bénéficier des retombées en provenance de la croisière. »
Les navires à passagers sont de retour chez nous et c’est l’archipel qui en profite parce qu’à côté de l’escale traditionnelle à Pointe-à-Pitre, il y a l’escale à Basse-Terre et, de plus en plus prisées, avec des bateaux plus petits, plus luxueux, des escales croisées (à l’ancre) à Terre-de-Haut (la moitié ou presque des escales de la saison), à Deshaies et Marie-Galante.
242 escales entre le 2 novembre 2023 et le 13 mai 2024, cela correspond au chiffre de 2019 et les perspectives sont bonnes pour revenir au chiffre de 2018 : 364 escales. Déjà, en 2024-2025, ce sont 301 escales prévues.
Marie-Luce Penchard, présidente du conseil de surveillance du GPMG : « Pour le GPMG, l’activité de croisière est importante. Il faut féliciter les équipes pour le bon travail de promotion de la destination Guadeloupe et l’accueil. Dans la perspective du grand hub Antilles, il est évident que nous allons revoir notre projet stratégique pour en tenir compte. »
Marie-Luce Penchard :
Sheila Rampath, présidente de la Commission Tourisme de la Région, a souligné tout l’intérêt et l’accompagnement régional de cette filière touristique incontournable au travers du Schéma de développement du tourisme et des loisirs.
Marie-Caroline Laurent, directrice générale Europe de CLIA Europe, était en visioconférence. « La croisière est un secteur industriel qui se porte très bien. »
Les chiffres en attestent : au niveau mondial, 31,7 millions de passagers en ont fait l’expérience (+6,8%), dont 18,1 millions sont des Américains, au sens large du terme (+17,5%), 8,2 millions sont des Européens (+6,5%), 2,3 millions sont des Asiatiques, 996 000 sont des Américains du sud.
La capacité des navires de croisière (il y en a 350, dont la plupart ont moins de 3 000 lits et 30% plus de 3 000 lits) est de 625 000 lits, avec une perspective de 745 000 lits en augmentation de 10% par an.
« Les perspectives, détaille Mme Laurent, sont bonnes, avec 35,7 millions de passagers en 2024 et 39,4 millions en 2027. »
Comment voyage-t-on ? « 30% le font en famille, mais il y a de plus en plus de passagers seuls, avec un rajeunissement des générations. »
Les Guadeloupéens et Martiniquais prisent la croisière : « Ils constituent 20 à 25% des croisiéristes sur certaines croisières. La Caraïbe, c’est 16 millions de passagers annuels, et la première destination de croisière. »
Marie-Christine Laurent explique que ce développement attendu d’une filière du tourisme encore « marginale » impose le respect de normes draconiennes imposées par la Commission européenne en matière d’environnement, normes pour les paquebots, réputés gros pollueurs, en escale autant qu’en mer, mais aussi pour les avions qui traversent l’Atlantique pour déposer à Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France les futurs passagers de la croisière basée.
Normes qui s’assortissent, pour ce qui est des billets d’avion, d’une taxe carbone répercutée sur le transport aérien. ce qui ne facilite pas les choses… Normes et taxes que ne connaissent pas les pays voisins et concurrents. Les mêmes qui profitent des largesses de l’union européenne… y compris pour l’aménagement de leurs terminaux croisière (NDLR)
L’impact économique de la croisière mondiale ? Coquet ! 138 milliards de dollars. En commande pour développer le concept 63 navires (43 milliards), dont 98% sont construits en Europe et certains à Saint-Nazaire, dans des chantiers navals de grande réputation qui vont pouvoir compter sur environ 10 milliards d’euros ces prochaines années.
Jean-Pierre Chalus, président du directoire du GPMG, a fait le bilan de la saison, relevant que, sur les 242 escales, il y en avait 125 à Marie-Galante, Terre-de-Haut et Deshaies. Les compagnies européennes constituent 78% des paquebots en escale, les américaines 22%. 35 000 passagers sont des Guadeloupéens (et des Martiniquais qui partent de Guadeloupe), soulignant « la vigueur du marché local. »
Jérôme Siobud, directeur d’exploitation de l’aéroport international Pôle Caraïbes : « La croisière est un enjeu essentiel que nous partageons. 110 000 passagers des navires de croisière sont passés par l’aéroport international pour la croisière basée. L’important, pour ces passagers, c’est qu’ils n’ont pas besoin de s’occuper de leurs bagages directement pris en charge à l’aéroport et déposés en cabines. »
Jérôme Siobud :
Les perspectives s’annoncent bonnes avec MSC qui va baser à Pointe-à-Pitre un plus grand paquebot, le Ponant qui va faire escale chaque semaine, et Costa qui maintient ses activités en Guadeloupe.
Seul bémol, la réglementation ETS qui renchérit, par le biais d’une compensation carbone, le prix des billets d’avion. « Or, déplorait Jérôme Siobud, les autres îles de la Caraïbe ne sont pas soumises à cette réglementation. »
La stratégie du CTIG
Laurence Corenthin, responsable croisière au CTIG, a présenté la politique de cette institution pour le développement de la croisière, impulsée par la présidente Valérie Samuel Césarus.
Trois missions pour le dynamique service croisière du CTIG : la promotion, la coordination, le lobbying. Des indicateurs sont collectés régulièrement pour mieux appréhender la typologie des croisiéristes, leurs revenus et la période de voyage qui les intéresse. En fait, localement, ce sont des voyageurs qui se déplacent de plus en plus en famille, ont des revenus en harmonie avec leurs ambitions, qui dont escale en Guadeloupe pour beaucoup d’entre-eux à Noël et en période de carnaval.
La promotion de la destination se fait en amont de la saison de croisière, pour la plupart des salons professionnels ou à mi-saison pour d’autres salons qui permettent de préparer la saison suivante.
Que recherchent les croisiéristes qui descendent du paquebot ? C’est la visite au village qui donne des informations, le CTIG sondant les visiteurs : 35% sont intéressés par patrimoine naturel et culturel, 29% par la gastronomie, 8% par l’hébergement sur place (dans l’éventualité d’une poursuite de leur croisière par un séjour en Guadeloupe tout de suite ou plus tard), 10% s’intéressent aux activités sur l’archipel.
Que vont-ils visiter ? La Pointe des Châteaux, la Cascade aux Ecrevisses, le Jardin Botanique, le Zoo, le site de Death In Paradise, à Dehaies pour lequel il y a un circuit particulier.
Pour 2024-2025, le CTIG va s’attacher à la poursuite des opérations de promotion, visiter des sièges de compagnies maritimes pour des actions de lobbying, renforcer le partenariat avec Costa et MSC, compagnies basées, adapter l’offre à la demande en boostant les opérateurs locaux, mettre en œuvre la feuille de route Croisière durable, mettre en œuvre la certification durable des Tour opérateurs, renforcer l’attractivité des villes escale (il y a en cinq en Guadeloupe), multiplier les enquête croisiéristes pour se caler au plus près de leurs souhaits… L’équipe jeune et dynamique de Rodrigue Solitude, directeur général du CTIG, a du pain sur la planche !
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com
Il a dit
La croisière est-elle un plus pour les activités touristiques, notamment les sites à visiter ?