Guadeloupe. Coup d’arrêt à la délinquance

Le préfet de Région Xavier Lefort a présidé une conférence de presse pour faire le bilan de Place nette et présenter le préfet honoraire François Lalanne, missionné par le gouvernement pour dresser un plan contre l’insécurité dans l’archipel. Il était accompagné du commissaire divisionnaire Christophe Gavart, directeur territorial de la Police nationale, et du colonel Jean-Pierre Rabasté, de la Gendarmerie nationale.

Place nette est le dispositif mis en place il y a un an dans l’Hexagone pour « inquiéter les délinquants » par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.

Depuis fin 2023, plusieurs opérations Place nette ont été lancées sur l’archipel, sans faire trop de bruit. Fonctionnaires de police, gendarmes, douaniers, policiers municipaux, avec le préfet et le (la) procureur (e) de la République ont participé à ce type d’opération.

La venue de Gérald Darmanin, en avril, a permis de publiciser Place nette.

Entre le 15 avril et la mi-mai, une opération Place nette XXL a été conduite par les mêmes, avec un dimentionnement impressionnant.

Ecoutons le préfet Xavier Lefort :

Deux mille fonctionnaires de police, gendarmes, douaniers, policiers municipaux, des gendarmes mobiles, des spécialistes du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) et du groupe de Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion (RAID) ont été déployés pour mener la lutte contre la délinquance.

« Place nette, explique le préfet Lefort, c’est un volet judiciaire, avec le concours des procureurs, mais c’est une présence sur le terrain. Cette présence a fait ses preuves d’efficacité : depuis le début de l’année, 5 000 personnes contrôlées, 3 800 véhicules contrôlés, 555 infractions relevées, 50 armes saisies, 14 kilogrammes de cannabis retirés du marché. Les résultats sont visibles. »

Ces résultats, il les détaille avec plaisir : « La délinquance générale a baissé ces quatre derniers mois. 7% d’atteintes aux personnes en moins, 8% d’atteintes aux biens en moins, 25% de cambriolages en moins, 25% de vols avec arme en moins… »

Place nette, dit-il, va se poursuivre, mais à moindre échelle. « Il n’est pas possible de mobiliser autant de personnel sur une longue distance avec cette formule XXL. Mais, il y aura encore des opérations Place nette traditionnelles, sur les points chauds. »

A côté de Place nette, il y a le travail de tous les jours : le plan de lutte contre la circulation des armes, par exemple.

« La porosité du territoire, expose le préfet Lefort, fait que nous avons des entrées clandestines de personnes, d’armes, de drogues. Les forces de sécurité intérieures et les douanes contrôlent le grand port, les ports, les marinas, les plages par où entrent les personnes et les objets illicites. »

Mais, la sécurité n’est pas seulement l’affaire de l’Etat. « Les collectivités vont être mobilisées sous la forme du contrat de sécurité que prépare le préfet Lalanne. »

Le préfet honoraire François Lalanne a été en poste en Corse, en Martinique, ailleurs, où il a pu mettre en œuvre une certaine expertise sur la sécurité. Il est préfet en mission, chargé de piloter l’élaboration du contrat territorial de sécurité en Guadeloupe.

« En Guadeloupe, ma mission est la prévention et la sécurité sur le moyen et long terme, travail complexe qui doit porter sur la période 2024 -2030. La situation est telle que l’on ne peut envisager des résultats immédiats. Je vais rencontrer les 32 maires de l’archipel. 22 ont été informés et vont me recevoir ; pour huit c’est fait, dont ceux de Baie-Mahault, Goyave, Pointe-Noire. J’irai partout ! »

François Lalanne va mettre en place des actions de prévention contre la délinquance.

François Lalanne :

Parmi les 32 maires, 24 sont tenus d’organiser des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, CLSPD.

« En Guadeloupe, les indicateurs sociaux ne sont pas très bons, pires qu’en Martinique. 25% d’illettrisme, un fort taux de chômage des jeunes… C’est très préoccupant ! »

« Il faudra plusieurs années pour développer la prévention », dit-il.

La prévention passe par l’équipement des communes. Il y a en Guadeloupe 314 policiers municipaux, « ce qui prouve que les maires ont investi dans leurs polices municipales et c‘est bien car ce sont des agents de police judiciaire qui contribuent au continuum de la sécurité, avec les gendarmes et les fonctionnaires de police. Mais, explique François Lalanne, on peut mieux les utiliser. Certains peuvent être munis de caméras piétons, ils peuvent faire des rapports, ils peuvent saisir les forces de sécurité intérieures. »

Outre les policiers municipaux, il y a les caméras de vidéosurveillance. « Je me suis renseigné, il y en a 150, dont un tiers qui ne fonctionnent pas. Il y aura un état des lieux. Il en faudrait 500, ce qui fait que, sur les 6 prochaines années, il faudra en installer 350. Ce qui fait un gros investissement. »

Le préfet Lalanne n’a pas caché que, si c’est l’Etat seul qui finance, ça va prendre du temps, il faut une coordination pour mettre en place un plan de financement Etat-Région-Département. « C’est une question de solidarité entre l’Etat et les collectivités. »

François Lalanne pense que les sociétés de sécurité privée peuvent être aussi mises à contribution. « Avec le conseil régional, la CCI-IG, le Medef, nous pouvons faire en sorte que ces personnels de sécurité privée montent en qualité. Ils peuvent être acteurs de la sécurité pour certaines manifestations.

François Lalanne loue les bons taux de résolution des enquêtes et les condamnations « fortes, dissuasives et exemplaires prononcées par les tribunaux »

« Ce qui doit inquiéter tout le monde c’est qu’en Guadeloupe, on a un problème sociétal : la violence est gratuite. Pour pas grand-chose, on tue ! Il faut que ce culte de la violence ne soit plus la référence chez les jeunes ! »

Les deux spécialistes de la police et de la gendarmerie se sont loués de cette collaboration exemplaire entre services, avec les douanes, les polices municipales, pour mener à bien les Place nette et Place nette XXL.

Contrôles, interpellations de personnes recherchées et d’autres pris avec de la drogue, des armes… La preuve que ça fonctionne : le taux de délinquance en baisse… des affaires élucidées deux fois plus nombreuses…

Commissaire divisionnaire Christophe Gavard, DTPN :

L’objectif a été pleinement atteint. Les zones sensibles sont sous contrôle. « Il y a une bonne appréciation de notre travail de la part de la population. Certains subissaient des violences liées aux trafics… Notre présence sur le terrain va demeurer forte. Il faut que la population soit rassurée », commente le colonel Rabasté.

Colonel Jean-Pierre Rabasté :

Et après ? Le préfet de Région Xavier Lefort énumère : « Il nous faut poursuivre l’action judiciaire qui compète les actions sur le terrain ; il nous faut faire de la prévention, traiter les causes ; il nous faut continuer à contrôler les accès au territoire ; il nous faut lutter contre la circulation des armes. »

André-Jean Vidal
aj.vidal@karibinfo.com

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