Guadeloupe. Congrès des élus : le temps des discours

Guy Losbar consensuel, Ary Chalus pas chaud, Bernard Guillaume mécontent. Morceaux choisis dans des discours affirmés.

Guy Losbar, président du Congrès

« Notre congrès se déroule en effet, allons droit au but, dans un contexte politique inédit, en Outre-mer comme au plan national, suite aux résultats des élections européennes de dimanche dernier, au score de l’extrême-droite, et à la dissolution de l’Assemblée Nationale.

Je pourrais, naturellement, discourir longuement sur les causes profondes d’un tel résultat, en Outre-mer et en particulier chez nous, en Guadeloupe.

Ces causes résident sans doute dans le ressentiment nourri envers la politique gouvernementale et dans la défiance d’une frange encore trop importante de Guadeloupéens
envers leurs élus.

Elles résident, sans nul doute aussi, dans le sentiment persistant que les pouvoirs locaux peinent à régler certains problèmes du quotidien : les problèmes d’eau, de transport, de délinquance…

Entre vote de défiance, vote contestataire et tentation communautariste, les explications sont nombreuses face à une situation que tout le monde décrit comme les prémisses d’une crise politique majeure, comme un péril pour la démocratie. »

« Plus que jamais, l’heure est venue pour les élus guadeloupéens d’apporter la démonstration de leur capacité à agir ensemble dans l’intérêt du pays !

Plus que jamais, l’heure est venue pour les élus guadeloupéens d’affirmer ensemble leur volonté de disposer de davantage de leviers d’action pour régler les problèmes du
quotidien !!

Et je crois précisément que c’est dans ce contexte particulier que la Guadeloupe, PLUS QUE JAMAIS, se doit de prendre une décision vis-à-vis de SON avenir au sein de la
République française. »

« Nous devons arrêter de remettre sans cesse à demain le travail collectif au service du pays : DAVWA SE KON SA KRAB PA JEN FE KAZ AY ! »

La réponse est plus que jamais dans l’action politique et dans notre capacité à faire peuple pour nous rassembler autour d’un projet commun ! »

« Le sens des responsabilités, mes chers collègues, c’est comprendre que ce que la Guadeloupe attend, ce n’est pas un énième débat idéologique !

Car ce ne sont ni Macron, ni Bardella, ni Le Pen, ni Glucksmann qui mieux que nous, sauront dire ce dont la Guadeloupe a besoin !

Et cette vision pour l’avenir, elle ne peut être exprimée que par celles et ceux qui ont été démocratiquement élus par les guadeloupéens ! »

Ary Chalus, président du Conseil régional

« Notre première responsabilité est de répondre aux attentes des Guadeloupéens, de les accompagner quotidiennement.

En Guadeloupe, la forte abstention des élections européennes sont un baromètre fiable du niveau de défiance des citoyens.

De plus, des associations de citoyens d’usagers de l’eau, de la protection de l’environnement, de défense des contribuables fleurissent au sein du paysage local.

Celles-ci exigent désormais de co-produire les stratégies de politiques publiques mises en place par les collectivités locales. Elles souhaitent même dans certains cas participer à l’élaboration des normes édictées.

La défiance nous impose de proposer un nouveau contrat social, mais en associant « concrètement » les Guadeloupéens à la production des politiques publiques.
C’est un des moyens à la disposition des institutions publiques pour parvenir à regagner la confiance de la population. »

« Mais, permettez-moi ce constat simple et réaliste ; non, la Guadeloupe n’attend pas le Congrès pour s’adapter, évoluer, s’améliorer dans ce monde soumis aux crises et aux dérèglements géopolitiques et climatiques.

Notre responsabilité nous oblige à répondre aux aspirations des Guadeloupéens, à améliorer l’efficacité des politiques publiques que nous menons en leur nom, à accompagner leurs initiatives ; ce Congrès ne sera utile que si nous réussissons à avancer dans cette direction-là !

Mais, nous devons nous rassembler autour de certaines valeurs et de certains principes qui nous font grandir.

Celles que nous avons portées « ensemble » en 2015 lorsque nous avons sollicité les suffrages des guadeloupéens. Car, nous avons pris un engagement clair et surtout sincère. Partage des responsabilités, parité, respect des minorités …
Car gouverner, ce n’est pas faire croire, car gouverner c’est prévoir, c’est anticiper et c’est construire un avenir meilleur pour les générations futures. »

Les groupes GPS et Péyi Gwadloup quittent le Congrès. Bernard Guillaume, président de Péyi Gwadloup, explique

« Aujourd’hui, en cette assemblée, les élus des groupes GPS et Péyi Gwadloup prennent la parole avec un profond sens des responsabilités et du devoir envers notre pays. C’est donc avec une certaine gravité, mais une authentique détermination que nous souhaitons exposer les raisons pour lesquelles nous persistons à demander le report de ce congrès.

  1. Manque de respect envers les partis politiques : Bien que les partis politiques aient été entendus, leurs propositions n’ont pas été prises en compte ni intégrées de manière exhaustive. Cela témoigne d’un manque de considération pour les divers courants de pensée qui composent notre paysage politique.
  2. Absence de consensus politique : Nous ne pouvons que regretter amèrement l’absence de consensus politique solide et unanime autour des enjeux cruciaux de notre rencontre. Le Congrès des élus doit être un lieu de concorde et de dialogue constructif, et non celui de la division étalée devant notre population qui aimerait tant retrouver confiance en ses élus.
  3. Absence des députés : Il n’est pas acceptable que les députés ne puissent s’exprimer, sauf à créer un précédent politique hasardeux. La présence et la participation active des députés issus des prochaines élections sont indispensables pour que les résolutions adoptées trouvent un relais efficace auprès du Gouvernement.
  4. Incertitude face aux intentions du futur gouvernement : La France n’a plus ni Parlement, ni Gouvernement. Nous avançons dans l’inconnu quant à la capacité d’écoute et aux intentions d’un futur gouvernement sur la question de l’évolution institutionnelle et statutaire de la Guadeloupe. Une telle incertitude compromet la fiabilité de nos décisions..
  5. Non-enregistrement de la résolution Péyi Gwadloup/GPS : La proposition de résolution sur une écriture constitutionnelle soutenue par Péyi Gwadloup et Gwadloup Plurielle et Solidaire qui vous a été transmise il y a une semaine, n’a pas été enregistrée. Cet acte autoritaire porte atteinte à notre capacité de participation active et démocratique à ce congrès. D’autant que, sur le fond, votre seul projet consiste à nous représenter la fusion de la région et du département, comme en 2003, encore une fois dans l’identité législative, ce qui n’est pas à la hauteur de nos enjeux.
  6. Absence de calendrier et de visibilité : Nous déplorons l’absence d’un calendrier précis et d’une visibilité claire sur les prochaines étapes. Cette opacité nuit à l’efficacité et à la transparence de nos travaux.

Face à ces carences, ces manquements et ces passages en force, nous ne pouvons cautionner la méthode employée pour l’organisation de ce congrès qu’aucune urgence ne justifie.
Par conséquent, dans un esprit constructif, nous, élus des groupes « Gwadloup Plurielle et Solidaire » et « Péyi Gwadloup » :

. Proposons de reporter ce congrès au mois de septembre 2024.

. Proposons au Congrès de reprendre lors de ce prochain congrès notre proposition en tant que cinquième résolution, en, réaffirmant notre engagement envers une évolution institutionnelle et statutaire respectant les principes démocratiques et inclusifs.

Enfin, refusant de légitimer une méthode que nous estimons inappropriée et irrespectueuse des principes fondamentaux de concertation et de démocratie, nous ne participerons pas aux travaux de ce congrès. »

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