Le film documentaire L’État Républi-Nial L’affaire Klodo sera en diffusion unique mardi 23 avril à 18 heures au Ciné-théâtre de Lamentin dans le cadre du FEMI. Ce film documentaire en compétition est coproduit par Harry Roselmack et Brother Jimmy.
De quoi s’agit-il ? Réalisé par David Parra Serano et écrit par le journaliste Harry Roselmack, le documentaire est une investigation sur des affaires qui ont secoué la Guadeloupe et mis en question l’intégrité de ses institutions judiciaires.
Parmi ces affaires, l’enquête sur la mort d’un homme, à Deshaies, au cours d’une interpellation par la gendarmerie, en décembre 2020, il y a bientôt quatre ans.
Cet homme, Claude Jean-Pierre, 64 ans, appelé familièrement Klodo, figure de la commune, roulait lentement dans le bourg de Deshaies quand il a dépassé l’entrée vers l’église. Il s’est arrêté le long du trottoir près de l’abribus. Deux gendarmes qui le suivaient depuis un moment se sont arrêtés et sont sortis de leur véhicule de service. Ils ont extrait Claude Jean-Pierre de sa voiture, le laissant tomber par terre de tout son poids. Les images de caméras de surveillance placées sur la mairie toute proche sont explicites. Quelques jours plus tard, Claude Jean-Pierre décédait des suites de ses blessures. Depuis, la famille s’interroge.
Un véritable mouvement de compassion puis de colère a accompagné la famille dans sa quête de vérité. La Guadeloupe étant un pays où la solidarité s’exprime parfois encore, le mouvement de colère a grandi, drainant à Deshaies des centaines de personnes, jusqu’à ce que la famille rejette tout d’abord l’idée d’une récupération politique de leur colère.
Néanmoins, les atermoiements des autorités à répondre aux interrogations de la famille — une information pour homicide involontaire a été ouverte, puis un non-lieu prononcé avant que l’enquête soit rouverte… en juillet 2023 — n’ont pas manqué d’interroger la population qui y a vu, à tort ou à raison, un véritable scandale. Sinon, un déni de justice. De là à parler de « justice aux ordres » et de « justice coloniale », il n’y a qu’un pas quand le terreau s’y prête. Aujourd’hui encore, les interrogations sont grandes. L’affaire Klodo n’est pas finie.
Sur les murs de Guadeloupe des hommages à Claude Jean-Pierre sont écrits, la silhouette de son visage paisible, avec sa casquette, sont sur de affiches appelant à soutenir la famille, et, référence à la série policière britannique tournée à Deshaies depuis de longues saisons, il est marqué au pochoir Meurtre au Paradis, Jistis pou Klodo.
Celui que certains ont comparé à un « George Floyd français » — dans des journaux de l’Hexagone, bien sûr, toujours en décalage — reste comme le symbole de la faillite d’un système judiciaire parfois dépassé par des raisons que la raison impose de connaître.
Entrée payante : 5€.