Guadeloupe. Chlordécone : les maires unanimes proposent la mobilisation tous azimut

Une vingtaine de maires ou représentants ont répondu à la convocation lancée par Jocelyn Sapotille, président de l’association des maires de Guadeloupe. Réunion en urgence, à la mairie de Pointe-à-Pitre. Et vote d’une résolution unanime.

De quoi s’agit-il ? De réagir au non-lieu prononcé par les juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris dans le dossier chlordécone.

Premier à prendre la parole, Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre, pour rappeler l’histoire et les grands élus qui se sont levés contre l’arbitraire.

Là il s’agit de ne pas accepter la situation : l’empoisonnement de toute une pollution par un produit chimique dangereux déversé par centaines de tonnes sur la bananeraie en Guadeloupe et en Martinique entre 1973 et 1992.

Produit interdit aux États-Unis puis en France mais autorisé par plusieurs dérogations successives aux Antilles françaises.

En 2006, Harry Durimel dépose plainte au nom de parties civiles. 26 ans plus tard, l’enquête poussive à abouti… à un non-lieu surprenant.

Alors que les scientifiques ont relevé les problèmes de santé liés à l’imprégnation par le chlordécone, dont des cancers, alors que l’Etat a interdit la vente des produits de la mer pêchés à l’embouchure des rivières polluées par ce produit, alors que le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à reconnu que c’était un scandale en 2018 et que les ouvriers de la banane devaient être indemnisés… que les magistrats des instances administratives et judiciaires ont, dit Harry Durimel, fait un dossier très complet… qui permettra de continuera la procédure.

« On va se défendre en droit », assure-t-il.
« Mais, poursuit-il, il faut que les luttes se poursuivent, nous les maires. Avec la Région et le Département. Il faut nous mettre debout ! Ce n’est pas qu’une affaire de la Basse-Terre mais elle concerne toute la Guadeloupe. On a retrouvé des traces de chlordécone à Grippon Morne-à-l’Eau ! »

Long débat : « Il n’y a que les gens qui sont contre nous qui disent LA chlordécone ! », affirme Harry Durimel.

L’action administrative doit soutenir l’action judiciaire, explique-t-il.
. Axe pénal : seuls ceux qui étaient parties aux actions peuvent aller en appel, donc les collectivités qui voudraient suivre le mouvement sont bloquées…
. Axe administratif : tous les maires peuvent intenter une action, c’est là qu’il y a une possibilité.
L’Etat a été reconnu responsable par le tribunal administratif. Les magistrats qui ont instruit le dossier ont été bloqués par la prescription et d’autres éléments de droit… mais, reconnaît l’avocat, ils ont donné des pistes à suivre. Ils ont fait le job…

Si tous les élus sont engagés il y aura une loi…, lance Jocelyn Sapotille. C’est encore une voie à suivre.

David Nébor, maire de petit-Bourg : « Nous sommes tous d’accord puisque nous sommes tous empoisonnés.
Il faut un rapport de force : nous sommes maires et agents de l’Etat. Faisons la grève dans notre fonction de représentants de l’Etat. Si nous sommes enragés il faut frapper fort. »

Ça tombe un peu à plat même si certaines têtes se redressent.

« Il y a des propositions faites, nous en avons parlé avec le président Losbar (Département) : l’une d’elles est de réunir les conseillers régionaux, départementaux, les maires et les conseillers municipaux et communautaires… en un même lieu pour montrer que toute la Guadeloupe est mobilisée », lance Jocelyn Sapotille.

« Il ne s’agit pas de défier l’Etat mais de nous montrer forts.
C’est ce que les Guadeloupéens attendent de nous. »

A la demande de l’Association des maires, le président du Sénat, Gérard Larcher, qui vient en Guadeloupe fin du mois (27, 28, 29 janvier) recevra les maires.
Le 3 février, le président de l’association des maires de France rencontrera les maires à Pointe-à-Pitre.

« Il faut que cette affaire soit celle de tous les élus de France quelle que soit leur orientation politique », martelle Jocelyn Sapotille.

André Atallah, maire de Basse-Terre : « Les parties civiles ont interjeté appel. Le non-lieu n’est pas la fin de l’histoire », rappelle-t-il. il insiste sur le dépistage qu’il recommande.

Et les débats se sont poursuivis.

Jocelyn Sapotille, président de l’Association des maires de Guadeloupe :

Ils ont donné lieu à une résolution : tout mettre en œuvre pour réaliser l’unité sans faille avec la société civile et avec tous les élus de la Guadeloupe et de la Martinique pour défendre ensemble les intérêts de leurs populations et de leurs territoires; exiger l’adoption d’une loi reconnaissant la responsabilité de l’Etat et son engagement à réparer et dépolluer les terres tout en activant des actions de prévention; d’organiser une mobilisation forte des élus, de la population et des forces vives.

A la demande d’André Atallah, les maires invitent chaque Guadeloupéen à se faire dépister en prenant l’attache de son médecin traitant.

La résolution :

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