Guadeloupe. « Ce n’est pas par plaisir que nous tirons des grenades lacrymogènes ! »

Dimanche soir, en marge du défilé de Dimanche-Gras à Pointe-à-Pitre, l’interpellation d’un homme armé dans la foule, individu soutenu par des personnes du quartier, a failli tourner au drame. On déplore des blessés parmi les membres des forces de l’ordre, une passante a été incommodée par les gaz lacrymogènes de la Compagnie départementale d’intervention (CDI) ainsi qu’une douzaine de spectateurs du carnaval. Le directeur territorial adjoint de la Police nationale, Jean-Pierre Frédéric, revient sur ces faits.

Pointe-à-Pitre. 21 h 45, un mouvement parmi les spectateurs du défilé de carnaval alors que toute l’après-midi et le début de soirée tout se passait bien. Un homme s’agite, des fonctionnaires de police l’empoignent, le plaquent au sol. Immédiatement, une pluie de canettes et de pierres leur tombe dessus.

« Nous avons employé la force strictement nécessaire
pour l’immobiliser… sous une pluie de canettes et de pierres. »

« Nous avions, explique le commissaire Jean-Pierre Frédéric, directeur territorial adjoint de la Police nationale, un individu qui nous a été signalé comme porteur d’une arme. Un individu dangereux qui, lors du Mas Maten de samedi, avait foncé avec son booster et fauché un piéton. Il était descendu de son engin pour frapper l’homme à terre quand la foule s’est interposée. Il est parti. »

« Donc, poursuit le commissaire, dimanche, nous savions qu’il fallait intervenir vite et s’éloigner une fois l’individu maîtrisé et désarmé. Mais, il s’est rebellé, a tenté de s’échapper. Nous avons employé la force strictement nécessaire pour l’immobiliser… sous une pluie de canettes et de pierres. La CDI est intervenue pour nous dégager en faisant reculer les assaillants, des personnes du quartier, sans doute des amis de l’individu.

Nous l’avons relevé et nous sommes partis. Nous ne sommes pas intervenus sur la rebellion tout autour. »

Washington, la zone à risques

Le quartier, explique le commissaire Frédéric, est difficile. « Ce sont les alentours des tours Frébault. Washington, ils appellent ce quartier comme ça. C’est, pour eux, la ZAR, zone à risques. Ils sont chez eux, ils font leur loi. Mais, je dit et je répète que force doit rester à la loi et la loi c’est nous ! »

« L’individu interpellé, connu défavorablement, était porteur d’une arme de poing, un Glock, arme puissante. ce sont des armes que nous retrouvons de plus en plus entre les mains des personnes que nous interpellons. Ces personnes d’ailleurs n’ont aucun frein à leur comportement : récemment, deux fonctionnaires de police qui allaient interpeller quelqu’un qui venait de prendre la fuite, ont eu la stupeur de voir l’individu se retourner et tirer à plusieurs reprises. Les fonctionnaires de police ont des familles, des conjoints, des enfants. Ils ne sont pas là pour se faire tuer ! », s’exclame Jean-Pierre Frédéric.

« Depuis deux mois nous avons récupéré
une quinzaine d’armes de poing. »

« Je veux, ici, saluer la sang-froid de ces policiers qui n’ont pas sorti leur arme, n’ont pas riposté face aux coups de feu qui auraient pu les toucher. Le même hommage doit être rendu aux fonctionnaires de police qui sont intervenus dimanche soir. Ils ont interpellé un individu armé qui aurait pu faire usage de son arme, soit pour abattre un membre d’une bande rivale dans la foule, en blessant ou en tuant un spectateur du carnaval, soit pour tirer sur les policiers. »

Des personnes, dans la foule qui s’éloignait après les premiers tirs de gaz lacrymogènes, ont été incommodées, l’une d’elles a été conduite au CHU, vieille dame de 74 ans.

« Ce n’est pas par plaisir que nous tirons des grenades lacrymogènes, il faut bien le comprendre. Il y a des règles strictes pour faire usage de ces moyens de se dégager. C’est parce que les amis de l’individu interpellé voulaient le reprendre et nous bombardaient de pierres et de canettes que nos collègues de la CDI sont intervenus. Personne n’a sorti son arme, pourtant la situation était difficile. Les fonctionnaires de police ont fait preuve d’un grand professionnalisme, d’un sang-froid remarquable », ajoute le commissaire Frédéric.

Dimanche il y avait une centaine de fonctionnaires de police pour assurer la sécurité des spectateurs et des carnavaliers, sur le parcours, en uniforme et en civil, dont la CDI aux points d’entrée de la ville, des fonctionnaires de police en civil et la BAC (brigade anti-criminalité). Deux pelotons de l’escadron de gendarmerie mobile étaient aussi sur place.

« Depuis deux mois et le début des festivités du carnaval, les défilés sont sécurisés. Nous avons tout de même récupéré une quinzaine d’armes de poing. Il faut savoir qu’une dizaine de fonctionnaires de police ont été blessés, certains sérieusement. Tous ont fait preuve de grandes qualités de courage face à une adversité armée et déterminée », conclut le commissaire.

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