Les Jeunes Agriculteurs, le Kolektif des Agriculteurs (KDA), l’UDCAG ont engagé, à deux semaines de l’ouverture théorique de la campagne cannière, un bras de fer avec les autorités.
Lundi 19 février, à 10 heures, les représentants de la profession étaient à la Chambre d’Agriculture pour y rencontrer le président de Région, Ary Chalus, le président du Département, Guy Losbar, le président de la Chambre, Patrick Sellin. Les présidents des deux collectivités majeures ne sont pas venus, retenus ailleurs, mais ont envoyé une délégation, conduite par Patrick Dollin, président de la Commission Verte de la Région.
Réponse des planteurs, visiblement déçus : « Nous ne venions pas pour négocier mais pour expliquer nos positions. C’est ce que nous avons fait avec les parlementaires, vendredi. C’était une réunion pédagogique. Ces messieurs ne sont pas venus, c’est du mépris. Nou ké baré la Gwadloup ! »
A l’issue de la rencontre qui n’a pas eu lieu, Roméo Meynard :
Que se passe-t-il ? L’an dernier, avant le début de la campagne cannière, les mêmes organisations de planteurs de cannes avaient contesté le calcul du paiement de la canne par l’usinier. « Même avec les aides de l’Etat, on n’y arrive pas. Il faut revoir le calcul, nous intéresser aussi à la vente de la mélasse et de la bagasse. Là, on ne nous paie que le sucre à la richesse… »
Si certaines organisations avaient signé le protocole d’accord pour que la campagne démarre, d’autre avaient refusé. Elles voulaient des discussions. Une fois le document signé, plusieurs réunions se sont tenues… sauf que des organisations syndicales ne sont pas venues…
Cette année, les planteurs affiliés aux Jeunes Agriculteurs, à KDA et à l’UDCAG, organisations majoritaires dans la profession, ont décidé de relancer le débat et d’obtenir des réponses.
Ce qu’ils veulent, ils l’ont exprimé dans une tribune libre dans nos colonnes, puis par un tract qui a circulé de fin de semaine dernière.
Vendredi, ils ont rencontré Olivier Serva et Christian Baptiste, députés, après une opération escargot sur la rocade de Pointe-à-Pitre.
Lundi 19 février, ils attendaient de pouvoir de nouveau expliquer leurs difficultés. Les présidents ne sont pas là. Ils sont retenus ailleurs.
Roméo Meynard puis Patrick Sellin :
« Nous sommes venus pour dire les choses, les souffrances de nos planteurs de cannes… », exposait le président de l’UDCAG, Roméo Meynard, planteur de cannes qui a une solide expérience.
« Ce n’est plus possible de tenir. Comment voulez-vous attirer des jeunes dans ce métier quand on voit comment nous sommes traités », renchérissait Yannick Kindeur, des Jeunes Agriculteurs de Guadeloupe.
Patrick Dollin, président de la Commission Verte de la Région :
Réunis dans la salle du conseil de la Chambre d’Agriculture, sans Patrick Sellin ni la délégation régionale, les représentants des organisations agricoles ont longuement discuté. Que faire ? Barrer, au risque de gêner les Guadeloupéens dans leurs activités ?
« Ce ne sont pas les Guadeloupéens qui doivent être pénalisés. Mais, barrer, c’est peut-être ce qui va permettre de débloquer la situation. Les planteurs de bananes ont bloqué l’aéroport et ils ont obtenu ce qu’ils ont voulu (c’était il y a trente ans mais c’est resté imprimé dans les esprits). Nous aussi nous allons bloquer. »
Hugues Nagapin, planteur, explique ce qu’il appelle « une injustice » :
Dans la salle, Sylver Naranin, planteur de bananes de Capesterre Belle-Eau, se lève et demande solennellement que les planteurs de bananes rejoignent le mouvement. Il explique :
Remontés contre les élus, les représentants sont retournés voir les planteurs massés au pied de l’immeuble de la Chambre d’Agriculture : « Nou ké baré la Gwadloup ! », a dit Roméo Meynard. Vivement applaudi.