Après presque deux mois de discussions, ruptures, rabibochages, toutes les parties ont signé vendredi 26 avril un accord revalorisant le prix de la tonne de cannes pour la saison 2024. La campagne cannière pouvait commencer, avec plus d’un mois de retard.
Réunis à l’Espace régional du Raizet, le préfet de Région Xavier Lefort, le président du Conseil régional, Ary Chalus, Blaise Mornal, vice-président en charge de l’agriculture, représentant le président du Conseil départemental, Guy Losbar, ont fait une ultime proposition à l’intersyndicale des producteurs de cannes réfractaire à l’ouverture de la campagne sur les bases de l’accord de 2023.
Xavier Lefort et Ary Chalus avaient convoqué le directeur général délégué de Gardel, l’usine sucrière, jeudi, pour lui demander de faire un effort supplémentaire. De leur côté, ils augmentaient leur participation afin de débloquer la situation.
C’est donc avec de nouvelles propositions, forcément plus favorables, que les deux hommes se présentaient devant l’intersyndicale. Le préfet disait clairement que c’étaient les dernières propositions consenties par toutes les parties finançant la filière. Il n’était pas possible d’aller plus loin. Il fallait démarrer la campagne immédiatement et, avant cela, pour montrer la bonne volonté de toutes les parties, après la signature d’un accord que les producteurs de cannes dégagent les voies d’accès à la zone industrialo-portuaire de la Pointe Jarry qu’ils occupaient avec leurs tracteurs depuis la veille.
Après quelques discussions pour se faire préciser certains points, les représentants de l’intersyndicale acceptaient les conditions financières plus favorables consenties. Deux heures plus tard, tous les tracteurs regagnaient leurs exploitations.
L’intersyndicale a rédigé un communiqué complet sur les avancées et remercié tous ceux qui se sont démenés pour faire avancer les négociations et parvenir à un accord qui, s’il n’est pas parfait, pourrait redonner de l’espoir pour une filière dont le préfet n’a pas hésité à dire qu’il fallait la réformer sous peine de la voir disparaître…
On l’a compris, les arguties des uns et des autres à chaque début de campagne pour avoir, comme c’est le cas depuis deux ans, des campagnes aux rendements catastrophiques alors que l’Etat, la Région, le Département paient de plus en plus cher pour maintenir la filière, ne seront plus de mise.
Le préfet de Région, le président du Conseil régional ont promis que tout serait fait pour que des réunions se tiennent régulièrement afin de relancer la filière sur de bonnes bases. « Depuis 1983, dernière année où on a mis en place la formule pour calculer le prix d’une tonne de cannes on n’a rien réformé. On a là une pile de huit briques mises les unes sur les autres qui ne veulent plus rien dire. Il faut revoir tout ça. Il faut revoir aussi le calcul du taux de sucre… Il faut replanter, avoir de la canne de meilleure qualité », a lancé le préfet Lefort.
Le Département a déjà réaffirmé qu’1,5 million serait consacré à la dératisation des champs de cannes, ces nuisibles détruisant, chaque année, près de 10% du potentiel de récolte. « C’est autant de gagné pour les producteurs de cannes », expliquait Blaise Mornal.
« Nous avons tous fait, la Région, l’Etat, le Département, des efforts très importants », a résumé Ary Chalus. L’usinier a mis 500 000 euros supplémentaires sur la table, déplorant néanmoins que le retard de l’ouverture de la campagne sucrière ait coûté à Gardel… 5 millions d’euros, la perte de 4 000 tonnes de sucre.
« Il faudra rallonger le temps de la campagne jusqu’en juillet », ont dit les trois financeurs. Nicolas Philippot les a regardés sans répondre. A-t-il le choix ?
Le communiqué du collectif :