Guadeloupe. Canne : le préfet, les présidents de Région et de Département unis pour proposer des solutions aux producteurs

Toute la semaine, c’est un véritable psychodrame qui s’est joué entre certains producteurs de cannes et les autorités. En jeu, l’ouverture de la campagne le 1er mars.

Vendredi soir, après une longue réunion de travail, le préfet de Région Xavier Lefort, le président du Conseil départemental, Guy Losbar, et le président du Conseil régional, Ary Chalus, se sont entendus pour faire le maximum afin de répondre aux interrogations des producteurs de cannes en vue de la campagne qui devrait démarrer le 1er mars.

Deux groupes distincts dans cette cacophonie : d’abord le collectif qui regroupe des producteurs des Jeunes Agriculteurs de Guadeloupe, ceux du Kolektif des Agriculteurs, ceux de l’UDCAG. Roméo Meynard président de l’UDACG, a pris la tête du mouvement. Ensuite, les adhérents de l’Iguacanne, dont le président est Bruno Wachter, qui représente aussi l’interprofession.

Que veulent les premiers ? Que l’on revoit le calcul du prix de la canne apportée à l’usine de Gardel, canne qui donne du sucre, de la mélasse et de la bagasse. Selon eux, seule la canne comme base du sucre est rémunérée, à la richesse et au tonnage. Mal rémunérée, selon ces producteurs qui disent que le coût de production à la tonne est plus élevé du fait du renchérissement des intrants que la vente de cette canne dans les conditions actuelles. Ces producteurs réfutent que leur soit justement rémunérées la mélasse et la bagasse tirées de leurs cannes.

De plus, ils accusent le CTCS, organisme chargé de déterminer le taux de sucre pour chaque chargement de canne, d’employer du matériel obsolète et ainsi de minorer le taux de sucre dans la canne analysée.

Ces producteurs du collectif ne veulent pas démarrer la campagne dans ces conditions.

Que veulent les autres ? « Il faut que la campagne commence, on verra ensuite… », soutient Bruno Wachter qui affirme que les revendications du collectif ne tiennent pas debout. Attitude qui rend sûrement difficiles les discussions autour d’une table. Mais, ils ne se sont pas (encore) retrouvés, cette année, autour d’une table.

C’est donc avec l’Iguacanne et l’interprofession que les autorités, pour avancer et parce que les membres du collectif n’appartiennent pas à des syndicats reconnus au plan national, ont pris une série de décisions, dont certaines permettent aux producteurs d’être mieux rémunérés et d’autres de faire droit à certaines de leurs revendications.

Vendredi, à l’issue de la réunion entre le préfet de Région, le président du Département et le président de Région, un document a été acté, rendu public samedi après-midi.

« Réunis le 23 février 2024, le président du conseil régional, le président du conseil départemental et le préfet de la région Guadeloupe ont évoqué les perspectives de la filière canne à l’aube du lancement de la campagne 2024.
Tous trois reconnaissent que cette filière constitue un pilier de l’économie agricole et joue un rôle essentiel dans l’aménagement du territoire guadeloupéen. Ils réaffirment leur volonté de soutenir cette filière essentielle et de lui redonner des perspectives.
Les efforts déjà entrepris ont été rappelés. La convention canne signée en 2023 a consacré une augmentation sans précédent de 30 % de la rémunération à la tonne de canne pour le planteur, portant celle-ci à 109 € la tonne en Guadeloupe continentale et à 99,59 € la tonne à Marie Galante.
Pour 2024, cet effort va être poursuivi.
La quasi-totalité de la prime bagasse va être reversée aux planteurs (12/13ᵉ) soit 1,90€ supplémentaire par tonne ; la part restante correspond à des frais de gestion et de contribution au Centre Technique de la Canne et du Sucre (CTCS).
En outre, les industriels se sont engagés dans une démarche de partage de la valeur et du bénéfice réalisés sur les différents co-produits issus de la canne. Un protocole spécifique sera établi en ce sens avant la fin de la campagne 2024 et devra être mis en œuvre dès cette année en fonction du résultat économique des entreprises.
Concernant la problématique de la richesse, le travail de contrôle et d’expertise devra se poursuivre en associant les experts rédacteurs de l’étude financée par la Région et d’autres experts pouvant apporter des compétences complémentaires. Ce travail devra être conduit à la fois sur la méthode et le protocole de mesure ainsi que sur la formule de calcul de la richesse saccharimétrique.
À plus long terme, l’État, la Région et le Département reconnaissent la nécessité de faire évoluer la filière d’un point de vue structuration, agronomique et foncier. L‘avenir de la filière passe en effet par l’amélioration des rendements, la structuration des exploitations (surface moyenne de canne, diversification, etc.) et la meilleure connaissance de la qualité des sols pour laquelle un observatoire pourra être créé.
L’État et les collectivités mettront en place un comité de suivi pour s’assurer de la bonne avancée de ces chantiers.
L’État, la Région et le Département rappellent l’impérieuse nécessité économique d’un lancement de campagne dans le calendrier arrêté par les partenaires de la filière. »

A ce stade, à tout le moins Roméo Meynard, de l’UDCAG et du collectif des producteurs, affirme que ces propositions ne sont pas sérieuses…

A suivre.

André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com

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