Les barrages se multiplient sur le territoire de la Guadeloupe. Sitôt ôtés, sitôt remis. Ces barrages empêchent la circulation normale des particuliers, c’est leur raison d’être : déranger.
Cependant, des professionnels ont besoin d’aller d’un point à un autre de l’archipel sans entrave. C’est une question d’urgence, souvent une question de vie ou de mort.
« Nous avons des appels de détresse »
Dr Patrick Portecop, directeur du SMUR-SAMU Guadeloupe
« Les barrages nous empêchent clairement de nous déplacer en dehors de l’agglomération pointoise. Or, il y a beaucoup de malades, chez eux, qui ne parviennent pas à joindre leur médecin ou un médecin, un infirmier. Nous avons des appels de plus en plus nombreux, des appels de détresse. Le plus difficile c’est d’accéder à Sainte-Rose, Deshaies. Les teneurs de barrages, depuis ce matin, permettent le passage. Une de nos deux équipes a pu passer, escortée jusque chez le malade par des booster. Le retour doit se faire par le même endroit. Nous avons mis une demi-journée pour une intervention. Et pourtant, peut-être que la personne qui nous appelle à l’aide est l’un des parents de ceux qui barrent la route ! »
Concernant, les dialysés qui n’ont pu accéder au CHU de la Guadeloupe depuis vendredi : « Il y a huit cents dialysés en Guadeloupe. Si on arrive à prendre un tiers de ceux qui avaient rendez-vous vendredi, ce sera bien. On travaillera plus pour les accueillir et s’occuper d’eux. Et les autres ? Il faut les laisser passer, il faut qu’ils viennent. Aujourd’hui, c’est la limite pour eux. C’est une question de vie ou de mort. S’il faut écourter les séances pour que chacun puisse passer, on le fera. Il faut trouver une solution pour les dialysés. C’est urgent ! »
« Les personnes porteuses de handicaps
ont besoin de recevoir des soins »
Jean-Marie Pilli, conseiller régional, en charge des personnes en situation de handicap
« La situation des handicapés est difficile. Depuis la crise sanitaire, leur situation se dégrade. Or, les personnes porteuses de handicaps ont besoin de sortir, de recevoir des soins, des massages. Les barrages empêchent toute activité, empêchent de recourir aux soins. La situation est dramatique. On ne le sait pas mais une personne en situation de handicap n’était pas soumise au confinement. Et elles sont restées chez elles, confinées… Les associations ont perdu beaucoup d’adhérents et surtout 70% de leurs revenus. Quand vous entendez des gens qui s’appuient sur des certitudes… mais on n’a plus de certitudes ! Tout le reste, en dehors d’une bonne santé, est aléatoire. Dans le handicap, on est obligé de tout revoir. J’ai pris cet engagement pour remettre en place des appels d’offres pour que les associations puissent faire des choses avec des revenus institutionnels. Depuis deux ans, à part leur distribuer des repas, couper l’herbe dans les jardins des gens, on n’a pas fait grand-chose. »