Les quatre députés de la Guadeloupe ont rencontré les producteurs de cannes réfractaires à l’ouverture de la campagne avant une renégociation de l’accord de 2023. Certains propos tenus lors de cette réunion accusent Ary Chalus, président de Région, de manquer à sa parole. Celui-ci, s’inscrivant en faux, a souhaité donner des précisions.
Depuis presque deux mois, des producteurs de canne appartenant au collectif composé des Jeunes Agriculteurs, du Kolèktif Agriculteurs Guadeloupe, du président de l’UDCAG, une SICA du Nord Basse-Terre, rejoints par d’autres syndicats, refusent de démarrer la campagne cannière. Ils réclament « une juste rétribution de leur travail. » A savoir que soient payés la bagasse, la mélasse, l’écume tirée de leurs cannes en plus du sucre.
Ce à quoi l’usinier et d’autres producteurs de cannes — qui eux ont commencé la coupe et livrent à l’usine de Gardel qui broie et produit du sucre depuis dix jours — répliquent que le prix de la tonne de cannes comprendrait aussi le paiement de ces sous-produits.
Le préfet, le président du Conseil régional, celui du Département, et les SICAs et groupements majoritaires dans la filière ont fait droit à certaines demandes du collectif, promis que des réunions se tiendraient tout eu long de la campagne et qu’en fin de campagne seraient évalués et versées des sommes complémentaires pour les producteurs.
Vendredi 12 avril, 2024, une réunion de travail a réuni avec ces planteurs mécontents trois des quatre députés de la Guadeloupe, Elie Califer, empêché, ayant donné mandat de le représenter. Les députés s’érigeaient ainsi en « facilitateurs. »
Les producteurs ont affirmé que,
- d’une part, « il y a un retard de 9 mois dans le paiement par la Région Guadeloupe de la compensation de 2€ par tonne de canne, selon les accords passés l’an dernier. Cela représenterait une enveloppe globale de 900 000 euros. »
- d’autre part, « il y aurait un besoin de 3.5 à 4.5 millions d’euros à verser aux planteurs pour la campagne actuelle afin qu’ils puissent considérer que leur travail est justement rétribué. »
Visé par ces propos, Ary Chalus a souhaité réagir.
« A propos de l’aide de 2€/tonne de canne, il convient de préciser qu’il ne s’agit pas d’une compensation mais bien d’un soutien exceptionnel à la relance de la production de canne pour l’ensemble du territoire, mis en place dans le cadre de la convention canne 2023-2028, signée en avril 2023.
Étant une aide à la tonne de canne livrée en sucrerie, le versement se réalise, après transmission par les SICA, de l’ensemble des éléments relatifs au tonnage par planteur, à la clôture de la campagne sucrière. A ce jour, toutes les mises en paiement ont été réalisées.
Au regard de la succession des crises économiques, sanitaires et climatiques, sur ces trois dernières années, la Région Guadeloupe a fait le choix d’un soutien encore plus accru à l’adresse des acteurs de la filière canne. Cet accompagnement s’est traduit notamment, comme suit :
- Aide exceptionnelle de 300 000 euros à la filière canne pour le démarrage de la campagne sucrière 2022 au regard de la revalorisation de la grille tarifaire des prestations de récolte ;
- Aide exceptionnelle de 100 000 euros pour le CTCS pour la réalisation de ses missions dans le cadre de la campagne sucrière de 2021 ;
- Aide de 300 000 euros à la SA SRMG afin de garantir la pérennisation de son activité et le maintien de la filière canne de Marie-Galante en 2023.
- Par ailleurs, conformément à la convention canne 2023-2028 une aide de 2€/ tonne de canne (dans la limite des 500 tonnes de production par
exploitation) pour soutenir la relance de la production de canne pour l’ensemble du territoire. - Aide de 5€/tonne de canne pour Marie-Galante.
Ces soutiens exceptionnels complètent la participation financière régionale constante en faveur de l’investissement nécessaire au développement, à l’innovation et à la modernisation.
Enfin, dans le projet de protocole, la Collectivité régionale s’est de nouveau engagée à réaliser les études nécessaires pour que le prix de la tonne de canne soit payé à sa juste valeur. »
Il ajoute : « Depuis le début de la crise, la Région Guadeloupe est, par l’intermédiaire de son président et du président de la commission économie verte, Patrick Dollin, et des administratifs, à la table des négociations avec l’ensemble des acteurs. Elle reste ainsi mobilisée afin de parvenir, avec les parties, à la signature d’un protocole de fin de conflit et reste dans un esprit collaboratif à la disposition des élus pour sortir de la crise. »