Guadeloupe. A Petit-Bourg, le problème du trait de côte mobile est bien traité

Depuis la côte, à Petit-Bourg, la vue est magnifique sur le Petit-Cul-de-sac marin. De Pointe-à-Pitre à la Désirade, les bourgs s’égrènent, entre deux plages de sable blond ou blanc.

Malheureusement, il faudra s’habituer à prendre du champ, regarder de plus loin si l’on habite dans le quartier de Bovis : la falaise s’effondre depuis des années et un grand plan de délogement-relogement (ailleurs) et d’aménagement est en cours.

Le trait de côte s’effondre :

« Depuis 1998 et la mandature de Dominique Larifla (l’ancien maire, emblématique de toute une époque, NDLR), nous savons qu’il y a un problème au niveau de l’habitat, souvent sans droit ni titre, sur la côte, notamment à Belair et Bovis. » David Nébor, depuis son arrivée à la tête de la municipalité, a pris l’attache de l’Etat (les terrains en bord de côte sont à l’Etat), de l’Agence des 50 pas géométriques, des services concernés, dont celui de l’aménagement, pour envisager une solution.

Cette solution, par étapes, a permis de faire un audit des habitations en danger de chuter de la falaise, d’envisager l’avenir des maisons situées sur la rangée suivante, enfin de celles situés de l’autre côté de la route. Pour ces dernières, il semble qu’il y ait du temps devant soi. Pour les autres…

Lundi 8 avril, David Nébor, accompagné de Maurice Tubul, secrétaire général de la préfecture, sous-préfet de la Basse-Terre, de Rony Saint-Charles, directeur général de l’Agence des 50 pas géométriques, Virginie Bonot, architecte, directrice de l’aménagement et des projets structurants de la commune de Petit-Bourg, d’adjoints et de conseillers, de technicien, a tenu une réunion pour faire le point sur l’opération.

A noter qu’il s’agit d’une première nationale qui devrait être modélisée et plaquée sur d’autres communes. Il y a 17 communes sur les 32 de l’archipel qui sont concernées par le problème du retrait de la côte vers l’intérieur des terres.

David Nébor :

Virginie Bonot, directrice de l’aménagement et des projet stucturants de la ville de Petit-Bourg explique que depuis 2002 il y a des inquiétudes sur ce secteur de Bovis-Bélair mais que, depuis 2017, c’est une zone de menace grave.

Un audit a été réalisé, montrant qu’il y avait 75 constructions et habitations concernées, et surtout 41 familles qui vivaient en bord de falaise. Après discussions, longues et complexes, 31 familles ont pu être relogées ailleurs après dédommagement. Neuf familles sont encore sur place, dont quatre sont totalement hostiles à quitter le site. Ceci malgré le danger réel de voir leur maison s’effondrer au pied de la falaise, un jour de tempête ou de secousses sismique.

Mme Bonot a rappelé qu’il s’agissait d’une opération expérimentale, inédite, de transférer des population ailleurs, après qu’un partenariat ait été signé, pour le délogement, entre l’Etat, la commune, l’Agence des 50 pas géométriques, mais aussi, pour la phase relogement, la SEMAG, la Société Pointoise d’HLM.

« Ces personnes étaient en danger et il leur a fallu quitter une maison familiale habitée par plusieurs générations au fil des décennies. On peut aisément a dit Mme Bonot, comprendre le déchirement.

En fait, l’opération se déroule en quatre phases. Identifier les habitations en danger, déconstruire (et pas démolir), se demander que faire de cet espace qui n’est plus lotissable mais qui a encore une valeur naturelle environnementale. Enfin, répliquer les solutions mises en œuvre ailleurs sur la commune, puis plus tard ou prochainement, sur l’archipel.

« Il fallait, a dit Mme Bonot, une réacceptation sociale de la situation. »

Rony Saint-Charles est directeur général de l’Agence des 50 pas géométriques.

« Il s’agit d’une opération de longue haleine. En 2002, l’agence a vu qu’il y avait u problème à Bovis. Il a fallu signer une convention cadre, pour déconstruire els lieux, prévoir le réaménagement du secteur ou l’on peut passer… mais pas résider. Ces espaces seront renaturés et réaménagés pour éviter que d’autres s’installent. Chacun doit comprendre qu’il y a un danger à vivre là. »

Maurice Tubul, secrétaire général et sous-préfet de la Basse-Terre : « C’est de l’humain, du charnel : on a là des populations qui se posent des questions : pourquoi nous ? Alors que nos grands-parents vivaient là il y a plusieurs dizaines d’années. L’Etat a pris à bras le corps le problème : il y a un véritable risque de déracinement. Il faut reloger le plus près possible d’un endroit où on a passé parfois toute sa vie. Qu’on reste dans son quartier c’est mieux. »

L’Etat prend en charge le relogement : 40 000 euros, comme l’a reconnu M. Tubul, ce n’est pas assez, mais les personnes n’ont pas de droit et titre.

« Cette opération va servir d’exemple : il faudra tester la robustesse de ce que nous aurons fait ici pour les autres communes concernées. »

Maurice Tubul :

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