Etat-Région-Département-SMGEAG ont de concert mis en place un plan d’action pour l’eau et l’assainissement. Et ils veulent le faire savoir. Mieux : ils promettent aux Guadeloupéens, par le truchement des médias, de les tenir au fait de l’évolution des chantiers tous les trois mois.
L’usine de production de l’eau de Belin est décorée des oriflammes de l’Etat, du Département, du SMGEAG. Manquait celle de la Région. Mais, aux côtés du préfet de région Xavier Lefort, représentant de l’Etat, de Guy Losbar, président du Conseil départemental, de Jean-Louis Francisque, président du SMGEAG, il y avait deux représentants de la Région — Ary Chalus étant retenu ailleurs : Jean-Marie Hubert, premier vice-président, et Marie-Luce Penchard, deuxième vice-présidente, qui connaît ses dossiers comme pas une.
L’eau : 3 000 kilomètres de réseaux (à quelques dizaines de kilomètres près) et des usines de production, des usines de traitement, des réservoirs de stockage, un patrimoine considérable, en cours d’inventaire.
Car, souvenons-nous que le syndicat unique actuel, le Syndicat mixte de gestion de l’eau et assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG) que préside Jean-Louis Francisque a hérité non seulement du SIAEAG, liquidé dans les conditions que l’on sait, entre scandales et incompétence, mais aussi de toutes les régies, d’un ensemble d’installations en mauvais état mais qui existent et fonctionnent plus ou moins.
Tout ceci explique la situation actuelle, rappelée par les différents intervenants — soft quand même : réseaux pas très fiables, gaspillage d’eau entre la source et le robinet du consommateur à cause de fuites importantes (environ 60% de l’eau disparaît dans la nature), et usines, réservoirs, etc. fortement impactés par les intempéries. Chaque fois qu’il pleut, de la terre pénètre partout… ce qui donne, à l’analyse, des bactéries coliformes dont le directeur général du SMGEAG, Marcus Ag-Bekodo, a dit que ce n’est pas du « caca mais de la terre… » Bonne nouvelle !
Toutes ces dernières années, comme l’a rappelé un journaliste, les observateurs — et la population — ont eu le sentiment que l’on mettait des sommes d’argent impressionnantes dans un tonneau sans fond, un différentiel ayant été relevé entre les Cocoricos de certains élus et la réalité sur le terrain. Réalité faite de coupures intempestives, de tours d’eau aléatoires, d’interdiction de consommer l’eau…
« Je ne m’occupe pas de l’histoire, je regarde vers l’avenir ! », a lancé Guy Losbar. Propos repris par le préfet Xavier Lefort qui a annoncé un financement du plan : 320 millions d’euros sur quatre ans, dont 100 millions tout de suite pour régler 30 chantiers urgents dénommés « opérations prioritaires. »
Xavier Lefort, préfet de Région :
De quoi s’agit-il ? Prenons les plus gros chantiers.
Le plus important des chantiers (en termes financiers) est le renouvellement des réseaux à Sainte-Anne : 6 millions d’euros.
Suivent le changement de process de l’usine de Belin, à Port-Louis, ainsi que la construction d’un réservoir de stockage : 5,7 millions d’euros, le renouvellement des réseaux de Petit-Canal : 5,7 millions d’euros, celui des Abymes : 5,4 millions d’euros, etc.
La commune de Trois-Rivières sera en chantier pour quelques mois avec deux opérations d’envergure : le renforcement du captage à partir des sources de l’Ermitage, et le renouvellement de la plupart des réseaux d’eau potable enterrés dans les quartiers. 8,5 millions au total.
Les chantiers de l’eau sont 18 répertoriés, certains démarrant en 2024.
Guy Losbar, président du Conseil départemental :
Quand on demande si l’assainissement est pris en compte, les intervenants renvoient utilement à un tableau précis qui, disent-il , « servira aux journalistes à nous questionner sur l’état d’avancée des travaux, en janvier, quand nous nous reverrons. »
Il y a 15 chantiers, dont des mises en conformité de stations d’épuration, des réparations ou des réhabilitations de stations, de réseaux, voire la création de réseaux là où il n’y en a pas… Bonne nouvelle pour les habitants de Petite Anse Bouillante : ils vont avoir leur station d’épuration.
Marie-Luce Penchard, qui a toujours le volet économique de toute action publique en tête, a dit que l’assainissement était avec l’eau potable coulant en quantité et en qualité chez les particuliers, une préoccupation des élus.
Marie-Luce Penchard, vice-présidente de la Région Guadeloupe :
On le brocarde volontiers sur les réseaux sociaux mais chaque intervenant a dit qu’il fait le job, dans des conditions pas toujours faciles, mais il travaille à donner à la Guadeloupe un réseau d’eau fiable. Jean-Louis Francisque, élu qui préside le SMGEAG, qui n’est pas spécialiste des problèmes de l’eau, s’est entouré d’experts dont certains conseillés (prêtés) par l’Etat, le temps de relancer la machine. Ce qui fait dire que le SMGEAG est sous tutelle de l’Etat, ce qui ne semble pas refléter la réalité. Si l’Etat a l’œil sur ce qui se passe au SMGEAG c’est parce que tous les acteurs du film — Etat, Région, Département — sont soucieux que ce soit une réussite.
Jean-Louis Francisque, président du SMGEAG :
Jean-Marie Hubert, s’il est premier vice-président de la Région, est aussi maire de Port-Louis. Port-Louis et Anse-Bertrand sont deux communes en bout de réseau, qui longtemps ont eu de l’eau… quand toutes les communes sur le même réseau étaient servies. Aujourd’hui, le Nord Grande-Terre a son réseau de tuyaux propre.
Jean-Marie Hubert, premier vice-président, maire de Port-Louis :
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com