Une longue enquête après la mort de Marius Coupan, 25 ans, à Jarry, a abouti, 24 mois après les faits, le 14 septembre 2021, à quatre mises en examen pour meurtre et vol avec arme. Le procureur Thierry Desjardins a tenu une conférence de presse mercredi 22 septembre dans laquelle il a rendu hommage aux enquêteurs de la gendarmerie.
Un meurtre de sang froid. Dimanche 28 avril 2019, une manifestation de motards rassemble tous les amateurs de gros cubes de l’archipel à Jarry. Parmi eux, un homme de 26 ans, originaire de Capesterre Belle-Eau, Marius Coupan, et sa compagne. Marius Coupan veut profiter de ce rassemblement car il souhaite vendre sa moto. Celle-ci est à côté de lui.
Tandis qu’il parle avec des amateurs, un scooter s’approche avec deux hommes, le conducteur qui porte un casque et son passager sans casque… mais encagoulé.
Ce dernier descend du scooter et s’avance vers Marius Coupan, puis lui arrache ses chaînes en or tout en le menaçant avec un pistolet automatique 9mm. Il s’enfuit vers le scooter, poursuivi par Marius Coupan qui veut récupérer ses chaînes. L’autre, qui s’est rassis sur le scooter, se retourne et tire, une fois, en direction de Marius Coupan. Celui-ci s’écroule, blessé au flanc gauche. Le scooter prend la fuite, on secoure le blessé qui perd son sang. Les sapeurs-pompiers arrivent, le prennent en charge et le conduisent au CHUG. Marius Coupan meurt le 1er mai 2019.
Toute la scène a été filmé, par plusieurs personnes.
L’enquête est confiée à la section de recherche de la Gendarmerie.
Longue enquête de 24 mois… « Je souhaite rendre hommage aux gendarmes qui ont mené une enquête longue et difficile », a dit le procureur Desjardins.
Le 14 septembre 2021, une opération de la gendarmerie, de grande envergure et sur plusieurs communes, permet l’interpellation de sept suspects. Ces suspects sont placés en garde vue 48 heures, quatre vont être déférés au parquet de Pointe-à-Pitre et présentés à un juge d’instruction qui va les mettre en examen des chefs de vol avec arme et meurtre précédé d’un crime.
Mercredi 22 septembre, le procureur de la République de Pointe-à-Pitre Thierry Desjardins, accompagné du lieutenant-colonel Joël Kerleau, commandant la section de recherches et du directeur d’enquête, ont donné une conférence de presse pour revenir sur ces faits et sur la longue et minutieuse enquête menée par les gendarmes.
« Je voudrais, a dit le procureur Desjardins, rendre hommage au travail des gendarmes durant cette longue enquête, une enquête difficile qui a été menée pas à pas. Tout a commencé par deux interpellations distinctes. dans ces deux interpellations, des téléphones ont été saisis. L’un d’eux a permis aux enquêteurs de trouver, une fois craqué, des informations qui ont permis de faire avancer l’enquête. »
Une enquête minutieuse car, comme le rappellera le lieutenant-colonel Kerleau, toute information doit être vérifiée. « Il y a toujours des rumeurs, les gens parlent mais nous on avance sur preuves… après vérification.»
Parmi ces éléments de preuve, des vidéos, qui ont été récupérées et analysées et ont donné lieu à des investigations techniques et scientifiques par recoupements.
« Le 14 septembre, nous avons procédé à des interpellations. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une centaine de gendarmes ont travaillé sur cette affaire. Des gendarmes de la section de recherches, mais aussi l’antenne du GIGN, l’équipe cynophile, les compagnies de gendarmerie. Pour ce type d’affaire, les moyens ne sont jamais une question », affirme le lieutenant-colonel Joël Kerleau.
« Toutes les informations qui nous parviennent sont identifiées et authentifiées, quelles que soient les rumeurs qui arrivent jusqu’à nous. Parce que les gens parlent… Mais nous vérifions tout », surenchérit le directeur d’enquête.
Qui sont les quatre personnes mises en examen dans ce meurtre de sang-froid ? « Toutes ces personnes ont reconnu les faits, même si, pour faire droit à la loi, elles restent innocentes jusqu’à ce qu’elles aient été jugées et condamnées, rappelle le procureur Thierry Desjardins. Il y a le tireur, né en 1999, le pilote du scooter, né en 2000, celui qui a fourni le scooter, né en 1996 et celui qui a fourni l’arme, né en 1990. Ils sont tous les quatre connus de la justice. Au cours des perquisitions, si on n’a pas retrouvé l’arme qui a servi à tirer sur M. Coupan, les gendarmes ont retrouvé d’autres armes, des automatiques de même calibre, du 9mm, et un Smith & Wesson, un révolver. Tous chargés, prêt à l’emploi… », précise le procureur.
Thierry Desjardins a d’ailleurs dit que la Guadeloupe a un gros problème, celui de la circulation des armes, armes portées sur soi, chargées… Il a révélé qu’une des armes saisies provient du Brésil, ce qui laisse supposer des trafics d’armes.
« Il n’est pas tolérable qu’on aille déambuler dans des lieux publics ou ailleurs en étant porteur d’une arme chargée… », a-t-il dit en substance.
Que risquent ces quatre mis en examen quand ils passeront devant une juridiction pour y être jugés ? La réclusion criminelle à perpétuité.