Grève des biologistes : « La décision du gouvernement est incompréhensible »

Selon le Dr Guy Joseph-Théodore, p.-d.g. du groupe Inovie Biopôle Antilles, en 30 ans d’exercice, une telle unanimité au sein de la profession est historique.

En réaction au projet de loi de finance 2023 de la Sécurité sociale, qui prévoit des coupes budgétaires drastiques jusqu’en 2026, les laboratoires de biologie médicale, réunis au sein de l’Alliance de la biologie médicale, ont enclenché un vaste mouvement national de contestation, ce lundi 14 novembre. Prévue pour trois jours – jusqu’au mercredi 16 novembre -, la grève pourrait être reconduite.

Pourtant, ils sont un maillon essentiel entre le patient et son médecin, le patient et les établissements de santé du public ou du privé… Les deux dernières années de pandémie ont souligné le rôle des laboratoires de biologie médicale dans le système de santé.

De lourds investissements matériels et humains

Pour faire face aux urgences de la crise Covid et être des relais toujours plus efficaces pour les particuliers et les établissements de santé, les laboratoires ont dû réaliser des investissements conséquents, tant sur le plan matériel (avec des outils plus performants) qu’humain, en mobilisant leurs équipes H24…

En « bons élèves », les laboratoires se sont organisés pour satisfaire la volonté présidentielle : « Que chaque Français ait accès à un laboratoire d’analyse, à moins de 15 minutes de son domicile. » Mais ça, c’était avant.

Jusqu’à 250 millions d’économie de 2023 à 2026

Dr Erwan Letheo et Dr William Laurent, membres du comité de direction des laboratoires Inovie Biopôle Antilles.

Aujourd’hui, les laboratoires annoncent déjà la couleur : le projet de loi de finance de la Sécurité sociale, tel qu’élaboré par le gouvernement, « sans concertation avec la profession, dénoncent les biologistes, aura forcément des incidences sur la qualité des soins. Il risque d’y avoir des déserts de biologie médicale. »

Les coupes budgétaires prévues par le gouvernement doivent permettre d’économiser jusqu’à 250 millions, de 2023 à 2026, pour combler le déficit de la Sécurité sociale. Une décision qui serait justifiée par les « super profits » qu’auraient réalisés les laboratoires de biologie médicale pendant le Covid. « Il ne faut pas confondre chiffre d’affaires et rentabilité, pondère le Dr Guy Joseph-Théodore, p.d-g. des laboratoires Inovie Biopôle Antilles. Il y a une totale incompréhension sur le sujet de la biologie médicale avec le gouvernement. Avec des investissements lourds réalisés sur 7 ans pour répondre aux sollicitations que nous recevrions, nous sommes loin de la rentabilité. »

« Cette décision n’a pas de sens. »

Dr Erwan Letheo, directeur général d’Inovie Biopôle Antilles

Malgré les rencontres entre l’Alliance de la biologie médicale avec le gouvernement et l’Assurance-maladie, le dialogue de sourds persiste et l’incompréhension demeure. A ce jour, les discussions sont rompues. « Nous sommes une profession vertueuse : en 10 ans, nous avons d’économiser 5 milliards en 10 ans, insiste le Dr Erwan Letheo, directeur général des laboratoires Inovie Biopôle Antilles. On ne comprend pourquoi on nous tire dessus aujourd’hui. Cette décision n’a pas de sens. »

Sans être fermés à la discussion, les biologistes se disent prêts à apporter une contribution exceptionnelle pour 2023. En attendant d’être entendus, ils ont mis en ligne une pétition ouverte à la signature du public (cliquez sur le lien).

Cécilia Larney

Pendant la durée de la grève des laboratoires de biologie médicale, les actes d’urgence sont réalisés. Les patients peuvent aussi se rapprocher de l’établissement de santé le plus proche ou composer le 15.
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