Actuellement en tournée internationale avec son nouvel opus, le pianiste Grégory Privat donne un concert unique au « peyi », jeudi 30 mai, au Grand Carbet du parc Aimé-Césaire (Fort-de-France). La Guadeloupe l’accueillera le 11 juin, et la Guyane, avant la fin de l’année.
Phoenix, nouvel album de Grégory Privat, marque un nouvel élan dans la carrière du pianiste de jazz, lauréat du prix Django Reinhardt. En trio avec Chris Jennings (contrebasse) et Tilo Bertholo (batterie), Grégory Privat s’aventure avec maestria hors des sentiers battus.
Qu’est-ce qui a changé en deux mois, depuis que le prestigieux prix Django Reinhardt vous a été attribué par l’Académie du jazz ?
Grégory Privat : Le prix Django Reinhardt apporte une certaine reconnaissance, une belle visibilité et suscite plus de sollicitations. L’année dernière, j’ai été primé dans la catégorie Artiste à suivre lors de la Nuit des artistes de l’Adami, mais le prix Django Reinhardt est le premier qui m’est décerné par des professionnels du jazz. Recevoir une distinction de cette envergure m’a vraiment beaucoup ému. Ce prix vient asseoir ma carrière et il tombe à point !
Pourquoi ?
Mon nouvel album, Phoenix, est sorti en février, produit par mon propre label, Buddham jazz. Cet album s’inscrit dans la continuité de l’album Soley. Phoenix renvoie vraiment à la métaphore de l’oiseau de feu qui renaît de ses cendres. Avec Phoenix, je sors des sentiers battus, je chante, il y a de la musique électronique, de la musique urbaine… L’idée, c’est vraiment d’aller plus loin que ce qu’un trio de jazz traditionnel a l’habitude de produire, tout en étant ancré dans la tradition martiniquaise.
Ce prix vous oblige ?
J’ai déjà plusieurs albums à mon actif, j’ai fait pas mal de choses dans le jazz, et d’une manière générale, j’essaye toujours de me dépasser à 3000 % ! Je continuerai à beaucoup travailler. J’ai choisi de faire la musique par passion, en quittant mon activité d’ingénieur. Tous les jours, je réalise la chance que j’ai de vivre de ma passion, la musique.
Comment appréhendez-vous les hauts et les bas liés à la vie artistique ?
La musique n’est pas un métier facile : elle n’offre pas une stabilité financière, contrairement à d’autres activités. Mais, j’ai fait en sorte que mon activité artistique corresponde à une réalité économique : aujourd’hui, je produis mes albums. Parallèlement, je collabore avec d’autres artistes, notamment Jacques Schwarz-Bart, ou encore, le collectif Black Lives Matter : Generation To Generation… Je travaille aussi sur un prochain album.
Quand on est animé par la passion, on parvient à rester « focus » et le reste suit, même si ce n’est pas toujours facile. Je ne vis pas la musique comme un métier contraignant, mais plus comme une passion.
Compositeur, pianiste, producteur… On vous découvre au chant sur l’album Phoenix !
Oui ! Progressivement, j’assume le chant. Sur Yonn, mon précédent album, je chantais sur quelques titres. Je poursuivais la démarche que j’avais entamée avec l’album Soley. Sur Phoenix, j’y vais franchement, avec des textes en créole, la plupart du temps.
Depuis plusieurs semaines, vous vous produisez dans l’Hexagone et en Europe pour différents projets et surtout pour l’album Phoenix que vous présenterez au Grand Carbet, à Fort-de-France, le 30 mai.
Oui. Le 30 mai est une date très symbolique pour moi. Pour la première fois, je ne me produirai pas dans le cadre d’un festival, mais il s’agirait d’une date unique pour présenter mon nouvel album. J’en suis très heureux : c’est un beau challenge ! Je serai avec Chris Jennings, à la contrebasse et Tilo Bertholo, à la batterie. Ils m’accompagnent depuis 2016, et ils étaient notamment sur l’album Soley.
La Guyane et la Guadeloupe figurent dans votre programme de prestations ?
Oui ! Je serai en Guadeloupe le 11 juin, en ouverture de la 16e édition du festival Première rencontre autour du piano. La Guyane est aussi prévue avant la fin de l’année 2024.
Votre label a-t-il vocation à produire d’autres artistes ?
Je suis sollicité à ce sujet. Mais, la casquette de producteur étant assez lourde en plus du reste, pour le moment, je me consacre à la production de mes albums.
Vous avez assuré la direction artistique de l’album de votre père, le pianiste de Malavoi, José Privat. Racontez-nous.
C’était beaucoup d’émotions ! Cette collaboration avec mon père est la plus belle : c’est lui qui m’a transmis cette passion !