Gérard Cotellon sur France Info : « A partir de lundi, j’applique les suspensions. »

Gérard Cotellon, directeur général du CHU de la Guadeloupe, était à Paris, pour y rencontrer le directeur de cabinet d’Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, et lui expliquer les difficultés qu’il rencontre avec un personnel à 70% non vacciné.
Il se dit cependant déterminé à appliquer la loi à partir de lundi 11 octobre et d’enclencher des suspensions de personnels.

Sur la chaîne nationale France Info, Gérard Cotellon a profité de son passage à Paris pour expliquer à une heure de grande écoute la situation au CHU de la Guadeloupe telle qu’il l’appréhende.

Interrogé par le journaliste sur les « dégradations, malveillances, actes de sabotage », dont il s’est fait l’écho ces derniers jours, accusations relayées par une partie de la presse nationale, il a répondu : « Oui, c’est un peu tout ça. »

« Il nous faut reconstruire les parcours de soin pour les autres patients, non Covid, qui paient un lourd tribut
à cette crise. »

Ajoutant : « On a l’impression que tout est fait pour qu’on ne revienne pas à une situation normale. Je rappelle que nous avons une crise majeure, cataclysmique, avec un taux d’incidence qui est monté jusqu’à 2 300 (pour 100 000 habitants). Nous avons eu beaucoup de décès, au CHU 300 décès. Sans compter ceux à domicile et dans les autres établissements. Et il nous faut reconstruire les parcours de soin pour les autres patients, non Covid, qui paient un lourd tribut à cette crise. »

« Il nous faut revenir à une situation normale et nous nous retrouvons avec une situation insurrectionnelle dans l’établissement. »

Les soignants qui ne veulent pas se faire vacciner ? « C’est une minorité très agissante, des personnes qui sont contre la vaccination, contre le passe sanitaire. Je me retrouve dans une situation, dans cet établissement, où nous avons une très forte proportion de soignants non vaccinés — en dessous de 70%. Les suspensions n’ont pas été mise en œuvre, ce sera le cas la semaine prochaine. »

« La situation est très compliquée.
Nous avons 976 soignants non vaccinés, si je suspend 976 personnes, l’hôpital
ne peut pas fonctionner. »

Que va-t-il se passer à partir de lundi, moment où les suspensions devraient être prononcées pour les non vaccinés ?

Gérard Cotellon : « Nous sommes en train de travailler (avec la directrice de l’ARS de Guadeloupe). Il y a un plan de continuité des activités. La loi s’applique sur l’ensemble du territoire. Nous sommes dans une situation paradoxale où le passe sanitaire s’applique aux patients qui viennent à l’hôpital et la prise en charge est assurée par des gens qui ne sont pas vaccinés. Il faut lever ce paradoxe. A partir de lundi, j’applique les suspensions. »

Comment va être assuré le fonctionnement ?

Gérard Cotellon : « Il y aura certainement des renforts (venus de l’extérieur) mais j’espère encore convaincre beaucoup de mes agents à se faire vacciner. La situation est très compliquée. Nous avons 976 soignants non vaccinés, si je suspend 976 personnes, l’hôpital ne peut pas fonctionner. »

« On a vécu une crise sanitaire
qui a pris une tournure très politique. »

La défiance envers la vaccination ? « C’est à l’image de la Guadeloupe, affirme Gérard Cotellon. La population générale est à 40% vaccinée avec la première dose, 30% avec un schéma complet. Le personnel est à l’image de la population, avec des gens très actifs pour dire à la population de ne pas se faire vacciner. On a vécu une crise sanitaire qui a pris une tournure très politique. Ne pas se faire vacciner, avec un discours qui a pris auprès de jeunes : ne pas se faire vacciner, c’est afficher sa guadeloupéanité. C’est montrer qu’on est patriote, qu’on défend la pharmacopée locale et que, par ailleurs, sur le plan politique, c’est tordre le bras à l’Etat en montrant qu’en Guadeloupe on n’applique pas toujours les consignes de l’Etat. »

Nul doute que cette intervention va faire du bruit en Guadeloupe et que la semaine à venir risque d’être chaude au CHUG.

Ce samedi 9 octobre, deux manifestations seront à surveiller : la marche des anti passe sanitaire et anti vaccination obligatoire à Anse-Bertrand, au nord de la Guadeloupe, et celle des pro vaccination, marche silencieuse à Basse-Terre, au sud du département.

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