Organisé par Tropiques Atrium, Fenêtre(s) sur Haïti est l’occasion de découvrir les créations de l’artiste haïtienne Sandra Dessalines pour sa première exposition dans la Caraïbe.
Masques et bustes, constituent une ode au métissage. Collection inédite, Voyages identitaires reflète l’évolution des recherches de l’artiste Sandra Dessalines. « Nous avons une histoire commune. J’aborde des thèmes qui nous concernent tous avec des sujets qui nous ressemblent, explique Sandra Dessalines. On ne peut pas refaire l’histoire : il faut la découvrir et faire honneur à nos ancêtres. Cette collection est une continuité dans ma démarche artistique. Cette exposition en Martinique va me permettre de valider mes recherches. »
Installée dans l’Hexagone depuis plus de 20 ans, Sandra Dessalines présente pour la première fois ses créations dans la Caraïbe. « La Caraïbe, c’est une diversité, une richesse : une vie ne suffit pas à tout explorer, constate Sandra Dessalines. Il faut qu’on se rende compte de cette richesse pour avancer. J’ai l’impression que j’étais dans le flou total : je ne me rendais pas compte de la richesse que nous avons. Il faut revenir à la source, se rendre compte de ce qu’on est, de ce qu’on a pour « guérir », s’ouvrir aux autres. »
« La peinture, une révélation »
Loin de son pays, ses souvenirs et son quotidien sont ses principales sources d’inspiration. « Le choc culturel permet de remettre en question sa culture, son identité, poursuit Sandra Dessalines. Vivre loin de son pays est une expérience éprouvante qui nous met face à notre réalité, qui nous renvoie à qui on est : soit on le rejette, soit on l’accepte. C’est ma source d’inspiration. Je travaille beaucoup en fonction de ce que je ressens : cela me permet d’évoluer. Plus je travaille, plus je puise dans mon environnement, mon ressenti… Je m’écoute beaucoup et cela me réconcilie avec moi-même. »
Héritière de la lignée de Jean-Jacques Dessalines, héros de l’histoire de Haïti, Sandra Dessalines, artiste autodidacte, a choisi de tracer sa voie artistique après un dramatique événement, le séisme de 2010. « Ma famille vit à Anse Rouge, aux Gonaïves, le Quartier général de Jean-Jacques Dessalines, où elle exploite des marais salins. Pour moi, la peinture a toujours été une évidence, une révélation. Mon père m’a dissuadée de suivre cette voie. Mais, en 2010, suite au tremblement de terre en Haïti, j’ai réalisé que je risquais de passer ma vie à plaire aux autres sans être moi-même et à me mentir. J’ai tout abandonné pour m’affirmer, m’accepter, m’assumer telle que je suis. »
Exposer en Martinique l’année du 220e anniversaire de l’indépendance de Haïti est « un honneur » pour Sandra Dessalines. « Face à la situation de Haïti aujourd’hui, on se sent impuissant, mais on a la rage d’avancer ! Cet événement à Tropiques Atrium est un signe de solidarité avec Haïti qui montre que nos frères ne nous oublient pas. »
Fort-de-France, Tropiques Atrium. Exposition Voyages identitaires jusqu’au 31 janvier. www.tropiques-atrium.fr
