Expo : Kenny Dunkan, la technique et la mémoire

Artiste guadeloupéen, Kenny Dunkan a choisi la galerie Les filles du calvaire pour présenter Keep Going, sa première exposition personnelle à Paris. Un véritable carbet de créativité et de souvenirs.

Emotions spontanées et historiques se mêlent dans cette exposition. Photos : Alfred Jocksan

Le plasticien Kenny Dunkan est né en 1988, à Pointe-à-Pitre. Il a découvert la peinture et la photographie au lycée de Rivière-des-Pères à Basse-Terre, où il décroche son bac en arts appliqués. Jusqu’au 24 avril, à la galerie Les filles du calvaire (Paris), l’artiste Kenny Dunkan s’est livré sans retenue, de ses objets personnels à sa nudité. Il a fait explorer son album de vie dans une authentique fragmentation. Un univers en perpétuel mouvement, mêlant mémoire et identité. Une inspiration qui lui vient du moment, d’un passé, des vestiges inattendus, tels son monde caribéen, l’esclavage et la colonisation, le carnaval et son enfance à Pointe-à-Pitre. Un ensemble qui fait ressurgir des images enfermées dans son esprit. « Je pense dans mon travail à des figures de résistants, comme les nègres marrons. Ou des figures plus anciennes comme les Amérindiens en proposant une installation qui est inspirée du carbet. »

Entre fantasmes et souvenirs

Mais, il y a aussi des émotions spontanées et historiques dans cette exposition comprenant différentes formes d’expression : la photographie, la peinture, la vidéo, la sculpture… Kenny Dunkan montre la réalité de son monde spirituel entre fantasmes et souvenirs. « Les œuvres sont suspendues dans l’espace comme des protections représentant des personnages incarnés. Je veux exorciser ce qui est lié à l’héritage colonial ». Il exprime sa diversité créative et le dialogue de culture avec force dans son monde pluriculturel.

Une force créative qui lui vient aussi de sa grand-mère, Didie, dans sa vie quotidienne : « Je crois que je m’inspire de ma grand-mère que j’observais détourner des objets. Elle transformait une paire de chaussures en sandales en la découpant. Il y a aussi sa façon de présenter les fruits artificiels avec les fruits naturels pour la décoration. Je pense que je m’inspire aussi des figures et du caractère de cette femme qu’on appelle des potomitans aux Antilles. Ce qui me donne une force créative ».« Utiliser l’art pour m’émanciper »

Suisse, Paris, New York

Son travail, Keep Going, est remarquable, difficile à mettre dans une case. Sa technique et sa sensibilité étonnent. En pleine pandémie et crise sanitaire, son exposition a fait déplacer tout le monde de l’art à la galerie parisienne, collectionneurs, critiques d’art et galeristes. Car, le talent est bien présent, rien de figer, tout est en mouvement. « Je veux, affirme l’artiste guadeloupéen, redéfinir la figure de l’artiste et utiliser l’art comme un parcours initiatique pour m’émanciper. »

Actuellement, l’artiste Kenny Dunkan présente une exposition personnelle à New York, à la galerie Postmasters. Lauréat de la fondation Reiffers, Kenny Dunkan sera de retour à Paris, en octobre, pour la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC).

Alfred Jocksan

Avec les félicitations du jury

A 18 ans, le Pointois Kenny Dunkan s’installe à Paris pour approfondir ses connaissances à l’Ecole nationale supérieure des arts appliqués Olivier des Serres et l’école des arts décoratifs. Kenny Dunkan est diplômé en 2014 avec les félicitations du jury. En 2015 le jeune homme surprend son entourage en remportant le prix de l’ADAGP au salon de Montrouge. 

En 2016-2017, le voilà pensionnaire de la Villa Médicis à Rome (Italie). Il y développe un projet autour de la mascarade, pour étoffer son art et son esprit créatif. Enfin, Kenny Dunkan s’exile en Suisse pendant trois ans, avant de présenter Keep Going, exposition monumentale, à Paris.

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