Eugénie Eboué-Tell, une héroïne française d’Outre-mer

À l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de la France, le portrait inédit d’une résistante et femme politique guyanaise dont le parcours fut aussi un symbole d’émancipation, de liberté et de courage.

Loin d’être une « femme de », Eugénie Eboué-Tell est une « Fanm’ Doubout », une femme de pouvoir. Pourtant, les livres d’histoire semblent l’avoir oubliée. Derrière le mari, Félix Eboué, premier gouverneur noir des colonies françaises, puis secrétaire général de la Martinique et gouverneur de la Guadeloupe, il y a bien une femme.
À travers des archives et témoignages de ses descendants, d’historiens et de personnalités politiques, ce documentaire porte un éclairage inédit sur cette résistante et femme politique guyanaise dont le parcours fut aussi un symbole d’émancipation, de liberté et de courage.
Une héroïne française d’Outre-mer, une combattante inspirante qui a fait de la lutte contre les inégalités sa raison de vivre.

Première institutrice noire de Guyane

L’histoire d’Eugénie Eboué-Tell commence en Guyane, où elle naît en 1891. Son père, Herménégilde Tell, ancien esclave ayant gravi tous les échelons jusqu’à devenir le premier directeur noir du bagne de Saint-Laurent-du-Maroni, l’envoie au lycée de jeunes filles de Montauban pour parfaire son éducation. Diplômée à 20 ans, elle revient en Guyane et devient la première institutrice noire du territoire.

Sa rencontre, puis son mariage avec Félix Eboué, est un premier tournant dans sa vie. En 1936, le couple rejoint la Guadeloupe où Félix Eboué occupe le poste de gouverneur. Sa femme le seconde dans tous ses postes administratifs et s’occupe de relire tous ses discours. Elle l’aide également à soutenir une politique de respect des institutions et à développer l’instruction publique dans les colonies.

Engagée aux côtés des Forces françaises libres

Nommé par le général de Gaulle en novembre 1940, Félix Eboué devient gouverneur général de toute l’Afrique-Equatoriale française (AEF) pour la France libre. De son côté, Eugénie Eboué-Tell rejoint les Forces françaises libres où elle s’engage pendant trois ans (1941-1944) comme infirmière à l’hôpital militaire de Brazzaville, au Congo, capitale de la France libre.

À la Libération, en 1945, elle reçoit la médaille de la Résistance, la croix de guerre et sera faite chevalier de la Légion d’honneur. Malgré cette reconnaissance, Eugénie Eboué-Tell continue d’être réduite à un rôle ornemental de « femme de ».

L’une des premières femmes de couleur à l’Assemblée nationale

Un couple profondément uni. (Photos : Musée de l’ordre de la Libération)

Le décès de son mari avant la fin de la guerre, en 1944, est un drame. Des centaines de lettres d’amour montrent à quel point le couple était profondément uni. Fidèle à ses combats, Eugénie Eboué-Tell entame une carrière politique et s’affranchit de l’image d’épouse tout en faisant vivre la mémoire de son mari.

En 1945, elle fait partie des premières femmes de couleur à être élues à l’Assemblée nationale. Un an après, cette militante poursuit son plaidoyer au Palais du Luxembourg en devenant sénatrice dans le groupe socialiste, engagée en faveur de l’éducation, la cause des femmes, la justice sociale et l’égalité des droits entre les Outre-mer et l’Hexagone.

En 1947, elle rejoint le bureau du RPF (Rassemblement du peuple français) et fait campagne pour de Gaulle. Eugénie Éboué-Tell termine sa carrière politique à la direction de l’Alliance internationale des femmes. En 1958, elle devient conseillère municipale d’Asnières et le restera jusqu’à sa mort le 20 novembre 1972.

Selon l’auteur Guillaume Villemot, Eugénie Éboué-Tell est « la seule femme à avoir été présente dans les trois chambres de la République, à la fois à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Conseil économique, social et environnemental ».

Au-delà de sa famille, cette figure engagée transmet un héritage politique fort, dans lequel marchent aujourd’hui de nombreuses femmes politiques françaises. Elle compte parmi les pionnières du féminisme noir et de la décolonisation dans la seconde moitié du XXe siècle.

  • Dimanche 26 mai, à 8 h 20 sur Martinique La 1e
  • Lundi 27 mai, à 20.05 sur Guadeloupe La 1e
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