Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, a présenté le plan national d’action pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE), lors d’un déplacement à Epernay, dans la Marne où elle a assisté à une opération d’éradication de la Renouée du Japon.
Portant sur la période 2022-2030, ce plan s’accompagne de mesures concrètes de lutte contre ces espèces qui constituent une menace majeure pour la biodiversité.
Introduites par l’humain
Les espèces exotiques envahissantes sont introduites par l’humain en dehors de leurs aires de répartition naturelle (volontairement ou fortuitement) et dont l’implantation et la propagation menacent la biodiversité locale.
Leur développement peut avoir des conséquences sur la santé humaine car elles peuvent être vectrices de pathogènes ou allergisantes.
Certaines perturbent les activités économiques comme les activités agricoles, forestières.
En France, cette menace est particulièrement forte dans les îles et en Outre-mer. L’introduction d’espèces exotiques envahissantes est par ailleurs favorisée par l’essor du commerce et des transports internationaux.
Ce phénomène va continuer de croître car il est stimulé par des facteurs aggravants comme le réchauffement climatique, qui facilite l’implantation d’espèces originaires de régions plus chaudes.
Difficiles à éradiquer
une fois installées
Une fois installées, les espèces exotiques envahissantes sont très difficiles à éradiquer. La prévention de leur introduction ou de leur propagation est donc déterminante et prioritaire.
Bérangère Abba a ainsi présenté un plan qui porte sur la prévention et l’action contre les espèces exotiques envahissantes avec quatre domaines d’intervention prioritaires :
– la communication, la sensibilisation et la formation des particuliers et des structures possédant des EEE ;
– l’élaboration de guides d’informations pratiques sur les EEE ;
– la consolidation du cadre réglementaire, notamment en matière de contrôles ;
– la mobilisation et le renforcement des moyens administratifs et judiciaires pour s’assurer de la bonne application des dispositions législatives et réglementaires.
Ce plan entend lutter contre la menace grandissante des espèces exotiques envahissantes en mobilisant l’ensemble des parties prenantes et en généralisant la prévention et la sensibilisation du plus grand nombre.
Il vise notamment à renforcer la coordination et la mobilisation des acteurs, et amplifier la coordination des politiques de santé humaine, animale et de l’environnement, dans une approche « Une seule santé » (« One Health »).
Par ailleurs, un nouvel arrêté listant des espèces d’espèces exotiques envahissantes est mis en consultation afin de poser des restrictions au commerce, à la détention et au transport d’espèces comme le Crabe bleu, la Crassule de Helms, la moule Quagga ou encore le frelon oriental.
500 opérations
« coup de poing »
Lorsqu’une espèce est malheureusement introduite dans le milieu naturel, il est important d’agir au plus vite pour limiter sa propagation et son installation. C’est pourquoi l’Etat renforce également son appui aux opérations d’éradication ou de gestion d’espèces en voie d’installation.
Dans le cadre de la stratégie nationale biodiversité 2030, Bérangère Abba annonce qu’un programme exceptionnel de 500 opérations « coup de poing » va être mis en place de 2022 à 2025 pour réagir rapidement face aux espèces susceptibles de s’installer.
En 2022, il bénéficiera d’un soutien de 1,5 millions d’euros du Ministère de la Transition écologique pour la réalisation d’une première série d’opérations. Ces actions seront conduites avec l’appui technique du centre de ressources sur les espèces exotiques envahissantes de l’Office français de la biodiversité, en partenariat avec le Comité français de l’UICN.
L’engagement des jeunes dans ces chantiers sera facilité grâce au programme « Jeunes Nature Expériences » du service civique, qui permettra à 1 000 jeunes de mener une mission de service civique dédiée à la nature en 2022 et 2023
Dans le cadre de la Stratégie Nationale Biodiversité 2030, le ministère de la Transition écologique dotera ce programme du service civique, dès 2022, de 500 000 euros supplémentaires.
Les espèces envahissantes de nos régions
Les plantes exotiques
16 espèces ont un caractère plus ou moins envahissant. Parmi ceux-ci le bambou, le Pin caraïbe, le Pomme rose et le Tulipier du Gabon qui sont considérés comme potentiellement envahissants.
Les mammifères
8 espèces constituent des populations allochtones (étrangères) dont l’Agouti, le Rat noir, la Petite Mangouste et l’écureuil.
Les oiseaux
10 espèces sont considérées comme invasives dont la Tourterelle turque et le Moineau domestique.
Les reptiles
7 espèces sont « étrangères » dont la Tortue charbonnière, la Trachemyde de Porto-Rico, la Tortue de Floride et l’Iguane vert.
Les insectes
On y trouve l’espèce qui suscite le plus d’inquiétude : la Fourmi manioc. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été détectée en Guadeloupe dans les années 1950. Longtemps ravageur agricole, la Fourmi manioc, défoliante (destructrice de végétation) a récemment envahi la forêt à la faveur des chemins qu’on y a tracés et du cyclone de 1995. En expansion constante, elle est retrouvée jusqu’à 700 m d’altitude et met en péril les fougères arborescentes de la forêt dense humide. L’espèce est absente des autres îles de l’archipel.
Notons également, la Cochenille des Cycas, découverte en 2003 et maintenant détectée sur quasiment tout le territoire, et la cigale présente sur plus de la moitié de la Basse-Terre.
Source ONF