Grand entretien. « Les compagnies de croisière ont envie de Guadeloupe ! »

Jean-Pierre Chalus est président du Grand Port Maritime de la Guadeloupe (GPMG).
La saison de croisière s’est ouverte, jeudi dernier, avec l’escale du premier paquebot de l’année, aux Saintes.
PAR ANDRÉ-JEAN VIDAL

Comment s’annonce la saison de croisière ?

Bien. Nous avons, cette année, plus de 200 escales, 232 exactement, après trois saisons durant lesquelles nous avons été en stand-by à cause de la crise sanitaire. Ce qui est remarquable, c’est que, malgré une concurrence effrénée de nos voisins de la Caraïbe, qui eux ont plus ou moins poursuivi leurs accueils des paquebots, les compagnies maritimes ne nous boudent pas. Au contraire, et nous l’avons constaté lors de nos présences dans les derniers salons, ils sont demandeurs de notre destination. C’est d’ailleurs un bon cru, travail collectif coordonné par le CTIG. C’est bien huilé, une équipe solide, tonique.

 

« Nos interlocuteurs dans les salons, à Malaga, à Miami,
ailleurs, nous disent que nous sommes sérieux, accueillants
et notre destination attractive. »

Pourquoi les compagnies de croisières reviennent-elles aussi facilement ?

Ce que nous disent nos interlocuteurs dans les salons, à Malaga, à Miami, ailleurs, c’est que nous sommes sérieux, accueillants, que notre destination est attractive, et aussi que nous avons plusieurs mouillages de qualité. Ceci en plus des prestations qu’offre le port pour un paquebot qui doit s’approvisionner en eau, en fruits et légumes frais, etc. Il y a aussi la question du soutage (approvisionnement en hydrocarbures pour alimenter la propulsion du navire), qui existe à cette escale depuis 2020. C’est demandé. Moi, je leur dis merci de cette confiance qu’elles nous manifestent. Cette confiance qui rejaillit sur la Guadeloupe tout entière.

Est-ce que vous avez des compagnies basées ?

Nous avons Costa, MSC, mais c’est un sujet à travailler. Les compagnies basées offrent à la clientèle l’embarquement à Pointe-à-Pitre des touristes venus par avion, transférés sur le terminal croisière. L’avantage pour l’escale, c’est que les touristes qui ont fait huit heures de vol, qui vont en faire autant pour repartir, peuvent vouloir rester quelques jours de plus en Guadeloupe, dans les hôtels. L’avantage aussi, et les compagnies le savent bien, c’est qu’elles peuvent compléter leur embarquement avec des clients de chez nous. Une clientèle fidèle, qui consomme beaucoup de croisière. Il y avait, avant la crise sanitaire, plusieurs compagnies basées. Leurs paquebots étaient pleins !

Les protocoles sanitaires ont été levés ?

Désormais, il faut une lettre d’engagement de l’armateur, un protocole sanitaire est mis en place à bord*, et l’armateur doit donner les détails des escales de la saison indiquant notamment l’escale de provenance avant le débarquement dans l’archipel. Des précautions, mais plus l’arsenal de documents qu’il fallait présenter éventuellement avant.

Qu’est-ce qui a été mis en place pour l’accueil des paquebots ?

Nous réapprenons la croisière mais nos installations sont prêtes. D’ailleurs, les compagnies ne nous posent plus de question sur les protocoles sanitaires mais, comme au Salon de Malaga, il y a deux semaines, des questions sur l’avenir, ce que nous mettons en place, ce que nous pouvons leur proposer au moment de l’escale, Si notre alimentation électrique est capable de supporter plusieurs paquebots à la fois parce qu’un paquebot, c’est une petite ville qui vient se greffer à la ville, des questions environnementales qui sont intéressantes pour nous puisque ça nous donne des pistes de travail.

« Il faut des gens contents de faire escale chez nous,
contents de nos installations, qu’il n’y ait pas de perturbation. »

Vous avez un joli terminal croisière, avec le village, les deux hangars…

C’est un terminal qui remplit bien ses fonctions, avec les hangars H4 et H6, nous avons amélioré l’accès au H6. C’est un schéma fonctionnel. On nous dit, simplement : « Nous voulons la même chose ! » C’est pratique, rôdé. C’est d’ailleurs, compte tenu des deux années passées sans escale de paquebot de croisière, la première fois depuis que je suis à ces fonctions, que je vais voir un paquebot faire escale. Ce sera le moment de voir si c’est si efficace que nos interlocuteurs nous le disent sur les salons. Nous regarderons, nous ferons, avec les équipes, l’analyse, et on adaptera s’il le faut. Ce qu’il nous faut, c’est des gens qui sont contents de faire escale chez nous, qui sont contents de nos installations, qu’il n’y ait pas de perturbation.

Vous êtes bien positionnés en matière de protection de l’environnement !

Oui, mais on peut toujours faire mieux. C’est dans l’air du temps. D’ailleurs, la préoccupation de ces compagnies c’est de savoir si les directives européennes en matière d’environnement vont s’appliquer chez nous aussi.

Ces directives sont-elles contraignantes ?

On les a présentées comme ça mais il y a le changement climatique et tout le monde y est sensible. Mais, avec ces contraintes européennes, il y aura, pour le port, des accompagnements financiers pour mettre aux nouvelles normes. Et comme, dans ce domaine, celui qui arrive en premier bénéficie de plus de soutien financier, nous devons être actif sur le dossier.

Qui financerait ?

L’Europe, l’Etat, la Région, le port, bien évidemment, nos clients. A un moment, il faut que le client, l’armateur, contribue. Comme partout. Il y a les souhaits de l’Europe en matière environnementale et puis il y a la clientèle, qui est essentiellement américaine. Ce sera, d’ailleurs, un jour un élément de choix. Il y aura, vraisemblablement, un jour, un label décerné par les compagnies aux ports qui sont les plus conformes à ce qu’ils attendent.

Vous avez plusieurs points d’escale dans l’archipel ?

Oui, il y a Pointe-à-Pitre, que tout le monde connaît, avec un terminal croisière de qualité, qui est très prisé par les compagnies parce qu’il est très pratique, bien pensé et qu’ils sont sensibles à ce que leurs clients puissent être accueillis de la meilleure façon possible, sans attente. Cette saison, 113 escales.

Il y a Les Saintes, qui, cette année, accueillent le premier paquebot de la saison, mais aussi la moitié des navires de croisière attendus cette année, une centaine. C’est un mouillage agréable, avec des paysages remarquables, une escale qui permet de faire des activités dans la baie qui, est, n’oublions pas, l’une des plus belles du monde, et l’accueil est toujours impeccable.

Il y a Deshaies, autre mouillage prisé, surtout des paquebots à voile, avec 19 escales, Basse-Terre, qui accueillera 13 navires, ce qui est bien, Marie-Galante qui va accueillir le Club Mèd 2 entre autres.

Il se dit que Port-Louis aussi…

Oui, si les travaux sont entrepris à Port-Louis, il serait possible de rajouter cette halte dans le panel des possibilités. Ça aurait l’intérêt supplémentaire d’attirer des touristes dans cette région de la Guadeloupe.

On dit souvent qu’un paquebot, c’est environ 4 000 passagers à bord. Combien descendent à l’escale ? Un millier ?

Oui, un peu plus, mais pas tous. Leur programme, c’est une escale par jour. Ils choisissent ensuite s’ils descendent ou non en fonction de l’attraction de l’escale. Chez nous, il y a un joli village d’accueil, ils ont des vues uniques sur la Basse-Terre, avec ses hauts reliefs, sa végétation. La ville est toute proche, même si, côté boutiques, il y aurait à faire.

Quelles sont les perspectives pour l’avenir ?

Pour les deux prochaines saisons, ça s’annonce très bien. Nous avons de bons contacts. Nous savons que les compagnies ont envie de Guadeloupe. Nous sommes dans une activité qui envisage un avenir nettement plus rose qu’il y a un an.

*Un protocole strict

Les passagers entièrement vaccinés (au sens de la règlementation européenne : deux doses + rappel ou une dose de J&J + rappel ; deux doses + guérison) pourront embarquer sans tests.
Les croisiéristes non vaccinés (sans avoir fait au moins deux doses) pourront embarquer pour des croisières de moins de 14 jours, en présentant un résultat négatif de test antigénique ou moléculaire RT-PCR réalisés 48 heures avant l’embarquement.

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