Entretien. Législatives : « Notre approche se veut pragmatique, avec des solutions adaptées aux réalités du terrain », promet Rody Tolassy

L’hebdo Antilles-Guyane* a interrogé Rody Tolassy, candidat du Rassemblement national en Guadeloupe. Nous reprenons ici cette interview.

Jordan Bardella et sa liste l’ont emporté presque partout dans les régions d’Outre-mer. Comment expliquez-vous cela ?

Jordan Bardella et sa liste ont su répondre aux préoccupations réelles des citoyens des Outre-mer. Leur succès repose sur une écoute attentive des besoins locaux, une présence sur le terrain et des propositions concrètes pour améliorer la vie des habitants. Les Outre-mer ont longtemps été négligés par les gouvernements successifs, et les électeurs ont vu en Bardella une alternative crédible qui prend leurs problématiques au sérieux.

Et en Guadeloupe, terre de gauche ?

En Guadeloupe, traditionnellement considérée comme une terre de gauche, le succès du Rassemblement National montre une prise de conscience collective. Les électeurs se rendent compte que les politiques de gauche ou celles de la majorité présidentielle actuelle n’ont pas répondu à leurs attentes. Ils cherchent désormais des solutions pragmatiques et efficaces aux problèmes de sécurité, d’économie, la continuité territoriale et de services publics. Le Rassemblement National offre cette alternative, avec des propositions claires et une volonté d’agir pour le bien de tous les Guadeloupéens.

Les Outre-mer sont-ils un sujet pour le RN ?

Absolument, les Outre-mer sont une priorité pour le Rassemblement National. Nous comprenons les spécificités et les défis uniques de ces régions. Nous avons un programme dédié aux Outre-mer qui aborde des questions cruciales telles que l’économie locale, la sécurité, l’immigration, et l’amélioration des infrastructures. Nous nous engageons à travailler main dans la main avec les populations locales pour apporter des solutions adaptées et durables. Vous l’avez aussi constaté, Marine Le Pen porte depuis très longtemps les questions sur les problématiques majeures des Outre-mer à l’Assemblée nationale. D’ailleurs le Rassemblement National est le seul parti qui a permis, grâce au soutien de la population, d’avoir deux députés européens lors des élections européennes du 9 Juin.

Les violences en hausse, l’arrivée massive de drogues, l’immigration pas souvent bien maîtrisée sont souvent des catalyseurs d’agacements, voire de craintes. Le RN ne surjoue-t-il pas dans ce registre ? Notamment dans les Outre-mer ?

Le Rassemblement National ne surjoue pas ces problèmes, nous les abordons avec la gravité qu’ils méritent. Les violences, la drogue et l’immigration incontrôlée sont des réalités qui affectent la vie quotidienne de nos concitoyens. En reconnaissant ces problèmes et en proposant des solutions concrètes, nous répondons aux préoccupations légitimes des habitants. Nous prônons une politique de sécurité renforcée, une meilleure gestion des frontières et un soutien accru aux forces de l’ordre pour restaurer l’ordre, la paix et la sécurité.

Quels dossiers ultramarins seront portés et défendus par votre majorité si le RN l’emporte ?

Si le Rassemblement National l’emporte, nous porterons et défendrons plusieurs dossiers cruciaux pour les Outre-mer. Cela inclut la sécurité, avec un renforcement des moyens pour lutter contre la criminalité et le trafic de drogue, et l’économie, en soutenant les entreprises locales et en créant des emplois, et le pouvoir d’achat. Nous nous concentrerons également sur l’amélioration des infrastructures, notamment les réseaux d’eau, et sur la préservation de l’environnement. Enfin, nous travaillerons à renforcer la souveraineté alimentaire et énergétique des régions ultramarines.

« Jordan Bardella et sa liste ont su répondre
aux préoccupations réelles des citoyens des Outre-mer. »

En quoi le RN redonnerait-il des politiques publiques mieux appliquées Outre-mer ?

Le Rassemblement National s’engage à appliquer des politiques publiques plus efficaces en Outre-mer en s’assurant que les décisions sont prises en concertation avec les acteurs locaux. Nous voulons décentraliser davantage les décisions et donner plus de pouvoir aux élus locaux pour qu’ils puissent agir directement en fonction des besoins spécifiques de leur région.
Notre approche se veut pragmatique, avec des solutions adaptées aux réalités du terrain, plutôt que des directives uniformes imposées depuis Paris. Nous voulons créer un Etat Partenaire des Territoires !

En quoi le RN donnera-t-il de l’eau aux robinets des ultramarins, puisque après la Guadeloupe on se rend compte que les réseaux de Martinique cèdent partout, qu’à Mayotte le manque d’eau est un problème de santé publique ?

Le problème de l’eau dans les Outre-mer est une priorité pour nous. Nous proposons un plan d’urgence pour rénover et moderniser les réseaux d’eau. Cela inclut des investissements massifs dans les infrastructures, une meilleure gestion des ressources hydriques et l’introduction de technologies modernes pour assurer une distribution fiable et continue. Nous veillerons également à une gestion plus transparente et efficace des fonds publics alloués à ces projets, pour garantir que chaque euro dépensé bénéficie directement aux habitants.

« Nous croyons en une décentralisation accrue
qui permettrait aux régions ultramarines de gérer
plus efficacement leurs propres affaires. »

Faut-il donner plus d’autonomie aux régions ultramarines ? Et nous ne parlons pas que de la Guadeloupe et la Martinique.

Avant de parler de donner plus d’autonomie aux régions ultramarines, il me semble qu’il est opportun d’utiliser tous les outils que nous offre la République  en  adoptant l’expérimentation, l’ habilitation ou plus récemment la loi du  21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration qui  porte diverses mesures de simplification de l’action publique locale
Mais d’abord il faut un projet institutionnel fiable, sérieux et crédible.
Ensuite oui, nous croyons en une décentralisation accrue qui permettrait aux régions ultramarines de gérer plus efficacement leurs propres affaires. Cela signifie leur donner plus d’autonomie pour prendre des décisions locales et gérer leurs ressources. Cependant, cette autonomie doit s’accompagner d’un soutien renforcé de l’État en termes de financement et de capacités techniques pour s’assurer que les régions peuvent répondre aux besoins de leurs populations de manière efficace et durable.

« L’esclavage est une partie indélébile
de notre histoire collective. »

Un élu de la Réunion a dit qu’il fallait laisser l’esclavage derrière soi, ne plus en parler. En entendant cela, quelle est votre réaction ?

L’esclavage est une partie indélébile de notre histoire collective et il est crucial de ne jamais oublier cette période pour mieux comprendre notre présent et construire un avenir inclusif. Cependant, il est également important de regarder vers l’avenir et de se concentrer sur les défis actuels. Nous devons trouver un équilibre entre la mémoire historique et les actions concrètes pour améliorer la vie des citoyens aujourd’hui. Reconnaître le passé tout en travaillant à créer des opportunités pour tous est essentiel.

Que vous inspirent les candidatures parachutées depuis Paris de Dieudonné Mbala Mbala et Francis Lalanne ?

Les candidatures parachutées depuis Paris, comme celles de Dieudonné Mbala Mbala et Francis Lalanne, montrent une déconnexion avec les réalités locales. Elles ne répondent pas aux besoins spécifiques des habitants des régions ultramarines et manquent de légitimité locale. Nous croyons en des candidats qui comprennent profondément les enjeux locaux et qui sont engagés depuis longtemps sur le terrain. Ces parachutages sont souvent perçus comme une forme de mépris pour les électeurs locaux et leur capacité à choisir leurs propres représentants.

Propos recueillis par André-Jean VIDAL

Retrouvez un dossier complet sur les législatives sur www.hebdoantillesguyane.com

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