L’an dernier, 3 619 interruptions volontaires de grossesse ont été pratiquées en Guyane, avec une offre de soins qui s’est améliorée. Le territoire enregistre le plus fort taux de recours à l’IVG d’Outre-mer.
Ce début d’année a été marqué par l’adoption de la loi renforçant le droit à l’avortement. En Guyane, il s’est pratiqué un peu plus de deux interruptions volontaires de grossesse (IVG) pour cinq naissances, en 2021. Avec 3 619 avortements pour 8 205 naissances vivantes, le ratio est de 0,44 IVG pour une naissance vivante. C’est un peu plus qu’en 2020 (0,4) alors que la Guyane est déjà le département de France avec le plus fort ratio d’IVG.
« Chez les mineures, le taux de recours est important et continue de s’accentuer alors qu’il est à la baisse en Métropole », constate Stéphanie Bernard, sage-femme et coordinatrice du réseau Périnat. Il s’est ainsi pratiqué 42,4 IVG pour 1 000 femmes de 15 à 49 ans l’an dernier, en Guyane. C’est 50 % de plus que dans l’ensemble des départements et régions d’Outre-mer (28,4 ‰) et presque trois fois plus que dans l’Hexagone (15,4 ‰).
Une meilleure information des professionnels
Ces derniers mois, l’offre de soins a augmenté en Guyane. Le réseau Périnat diffuse aux professionnels de santé et sur son site internet un annuaire des professionnels et des établissements pratiquant les avortements. Celui-ci est également accessible sur la page consacrée à l’IVG que l’Agence régionale de santé vient de mettre à jour.
« Nous avons ouvert cette page internet pour rappeler qu’il s’agir d’un acte gratuit, et qu’aucun professionnel ne doit réclamer de l’argent à la femme qui vient demander de l’aide. Permettre aussi à celles qui le voudraient de faire part anonymement des difficultés rencontrées », souligne Clara de Bort, directrice générale de l’ARS de Guyane.
De nouveaux dispositifs
Depuis le 1er janvier, les jeunes femmes âgées entre 12 et 25 ans peuvent bénéficier d’une prise en charge par l’Assurance maladie et sans avance de frais pour :
- une première consultation avec un médecin ou une sage-femme pour parler de leur santé sexuelle, de la contraception et de la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST)
- différents types de contraception (pilules hormonales de 1e et 2e générations, implant contraceptif hormonal, dispositif intra-utérin ou stérilets, diaphragmes, progestatifs injectables)
- une consultation de suivi lors de leur première année de contraception avec un médecin ou une sage-femme puis d’un suivi une fois par an
- des examens ou actes médicaux en lien avec la contraception
Cette disposition est réservée aux femmes assurées sociales. En Guyane, où la part des personnes sans droits sociaux est élevée, l’ARS a acheté des contraceptifs (implant, stérilet, première délivrance de la pilule) qui sont mis à disposition dans les établissements de santé, là où sont pratiquées les IVG. L’hôpital de Cayenne a été le premier à la mettre en œuvre : 27 femmes en ont bénéficié au cours des trois premiers mois. « Les hôpitaux de Saint-Laurent et de Kourou vont le faire à leur tour et les Centres départementaux de prévention santé pourront également le faire », annonce Stéphanie Bernard, coordinatrice du réseau Périnat.