La liste La CCI pour tous est conduite par Patrick Vial-Collet. Ce dernier entamerait, en cas de victoire, un deuxième mandat. Edith Evrillus (ex-Hamot) a été sa vice-présidente en charge des TPE lors de la précédente mandature. Elle exprime avec passion ses idées, les espoirs de la liste. Entretien.
La situation sanitaire a-t-elle été bien gérée par les chefs d’entreprises ?
La situation sanitaire, en règle générale, a été bien gérée parce que les chefs d’entreprises ont toujours été attentifs aux recommandations du préfet et de notre président Patrick Vial-Collet. Nous étions là pour accompagner les chefs d’entreprises pendant la pandémie.
L’Etat a-t-il joué pleinement son rôle au plan décisionnaire et au plan de soutien du monde économique ?
Au plan décisionnaire, il y a toujours des hauts et des bas, des gens satisfaits et des gens insatisfaits. Mais, je pense, de manière générale, qu’ils sont restés (les représentants de l’Etat, NDLR) dans un équilibre où tout le monde s’est retrouvé. Par contre, sur le plan de l’accompagnement financier, on peut dire Peut mieux faire. Mais, la chambre s’est mise en ordre de marche avec le guichet unique, avec le FSE*. Donc, nous avons pu combler. Il reste toujours à faire mais nous, avec la deuxième mandature pour le président Vial-Collet, nous allons œuvrer au maximum pour que nous puissions reconstruire les fondations des entreprises parce que les entreprises sont fragilisées par cette crise sanitaire. Donc, nous serons là, comme nous l’avons été les deux dernières années, pour que nous puissions accompagner mieux les entreprises, pour que les chefs d’entreprises ne désespèrent pas, pour qu’ils ne puissent pas tomber dans la résignation. Nous sommes là pour remotiver les chefs d’entreprises et redonner un élan à l’économie parce que, sans l’économie, le pays est inexistant.
Aurait-il été possible de mieux faire ? Comment ?
On peut toujours mieux faire. En ma qualité de vice-présidente sortante, je pense que l’Etat nous aurait mieux aidés en accordant une enveloppe à la chambre puisque c’est celle-ci qui est la plus proche de ses ressortissants et très proche des TPE. L’Etat doit penser à donner à ces institutions une enveloppe financière pour que, nous institution, nous puissions jouer notre rôle, savoir quelle entreprise est en difficultés et savoir aider pour qu’il y ait une visibilité sur toutes les petites entreprises qui ont des difficultés.
Un milliard, ce n’est pas rien !
Ce n’est pas rien, mais il y a 33 000 entreprises en Guadeloupe. Dans ces 33 000 entreprises, il y a des entreprises qui ont eu de l’argent, c’est vrai aussi qu’il y a des entreprises qui ne sont pas très organisées et c’est pourquoi, moi, en ma qualité de présidente de la commission des TPE, j’ai organisé les associations de commerçants pour les accompagner et faire des fédérations, dont je suis la présidente pour Marie-Galante, pour que ces fédérations soient le relai entre les chambres consulaires et les très petites entreprises qui souffrent et qui ne savent pas où donner de la tête. A ces petites entreprises, je dis Prenez du courage, gardez le moral et, avec les fédérations, venez vers nous, nous serons là pour être vraiment être le relai entre ces petites entreprises et les institutions. Ce qui nous permettra de mieux connaitre les souhaits de ces petites entreprises qui seront, avec notre aide, mieux gérées.
Les TPE souffrent de la situation avec quatre vagues de Covid-19 très rapprochées. Que leur faut-il pour redémarrer ?
Pendant ces deux dernières années, nous avons fait beaucoup de webinaires, de formations. Là, il faut de l’accompagnement pour que nous puissions aider les entreprises à retrouver le moral, les aider à retrouver leur dynamisme, les aider à avoir des conseils de manière à ce qu’elles ne soient pas prises au dépourvu quand il y a un événement impactant long comme cette pandémie.
Les groupes ont-ils souffert de cette pandémie ? N’ont-ils pas compensé une grande partie de leurs pertes avec les aides d’Etat ?
Je suis plus spécialisée dans les petites entreprises et je pense que les grands groupes ont leurs conseils, ils ont un savoir-faire, des experts, que nous ne pouvons pas encore avoir. Mais, on ne peut pas critiquer : il faut qu’il y ait un maillage entre les grands groupes et les petites entreprises pour que nous puissions profiter de ce qui est bon pour tout le monde.
Cette élection consulaire est marquée par la crise sanitaire qui a induit une crise économique. Quel est votre plan de bataille ?
Il faut former les chefs d’entreprises, amener les chefs d’entreprises vers la digitalisation. Il faut former chefs d’entreprises et personnels pour cette digitalisation. Et si la chambre de commerce créait une école de digitalisation spécifique aux très petites entreprises et aux futurs entrepreneurs pour que nous n’ayons pas une partie de la population économique qui soit en reste ? La moitié des chefs d’entreprises sont nés hors digitalisation et ce sont des gens qui ont peur. Nous sommes là pour leur apporter une stabilité en leur disant Allons ensemble, main dans la main, vers la digitalisation. Comme ça vous allez apprendre une autre manière de commercer, hors des frontières de la Guadeloupe.
Qui compose cette liste ? Quelle place est faite aux TPE comme aux groupes ?
Sur notre liste, il y a beaucoup de femmes. Je suis à la chambre de commerce depuis 1997. J’ai été un temps la seule femme au bureau parmi neuf hommes. Nous avons fait entrer encore d’autres personnes sur cette liste qui sont des TPE. Nous avons, sur la liste, 75% de personnes des TPE, ceci afin qu’ils soient mieux représentés car il ne fait pas oublier que sur les 33 000 entreprises inscrites au CFE, il y a 95% de TPE. Nous allons, avec notre liste, mettre encore plus de proximité en mettant des permanences dans les communes. Regardez comme l’antenne de la CCI fonctionne bien à Marie-Galante ! Il faut ces permanences. Pour cela, il faut lier les politiques et la politique économique afin d’avoir des locaux et d’être, au travers de ce maillage, plus prêts de nos ressortissants.
Avez-vous des candidats capables de porter la voix du monde économique jusqu’à Paris ou Bruxelles ?
Nous allons à la Route du Rhum, nous allons à la Foire de Paris ! Cette année, nous allons créer l’esprit dans la tête des chefs d’entreprises pour qu’ils puissent exporter leurs productions. Il faut décomplexer les chefs d’entreprises. Je milite pour cela depuis longtemps. Regardez-moi ! Je suis une très petite entreprise et je suis fière de l’être ! Je suis sur cette liste pour accompagner avec toute ma passion, mon cœur, les TPE.
Donnez-nous trois priorités pour la relance.
Pour la relance, il faut mieux accompagner les petites entreprises pour qu’elles ne s’effondrent pas dans les semaines ou les mois à venir. Deuxième priorité : obtenir que le PGE soit étalé entre 8 et 10 ans. Troisième priorité : accompagner au mieux les chefs d’entreprises pour qu’ils ne baissent pas le rideau.
Faut-il que la Guadeloupe s’ouvre pleinement aux touristes ? Sans restrictions ?
Il faut tout de même qu’il y ait un plan de restriction. On ne peut pas ouvrir la Guadeloupe à tout va ! La Guadeloupe est très fragilisée, nous sommes très sensibles. Il faut mettre suffisamment de barrières mais avoir de l’imagination pour concilier santé publique et ouverture des frontières : la Guadeloupe ne peut pas être sans économie. L’économie touristique représente une majorité de fonds pour la Guadeloupe. Les touristes oui, la pandémie non.
Propos recueillis par André-Jean VIDAL