Education. Christian Baptiste : « On ne doit pas imposer des mutations lointaines à nos enseignants ! »

Avec Olivier Serva, Elie Califer et Max Mathiasin, le député Christian baptiste a répondu à l’invitation du SPEG (Syndicat des Personnels de l’Education en Guadeloupe) qui souhaitait sensibiliser ces parlementaires au problèmes des enseignants-stagiaires, des néo-titulaires et contractuels souvent contraints à une période dans l’Hexagone ou ailleurs Outre-mer…

Vous avez rencontré le SPEG. Pourquoi cette rencontre ?

Il est vrai que le vendredi 26 août 2022, les députés Max Mathiasin, Elie Califer, Olivier Serva et moi-même avons pris part à une réunion organisée par le Syndicat des Personnels de l’Éducation de la Guadeloupe (SPEG).

À l’ordre du jour, il était question principalement d’adresser la problématique des enseignants-stagiaires, néo-titulaires ou contractuels, Guadeloupéens contraints de rejoindre des affectations en dehors de leur académie d’origine.

Les discussions ayant eu lieu auront eu pour mérite de porter à notre attention les divers enjeux de ce dossier, à la fois sur le plan technique, législatif, social et économique.

Connaissance prise de ces éléments, nous avons profité de ce moment d’échange avec les membres du SPEG afin d’identifier quelques axes de réflexions, qui espérons-le, déboucheront à terme sur des solutions concrètes, pérennes et durables en la matière.

Qu’allez-vous faire ? soutenir leurs revendications ?

La typologie du personnel de l’éducation de la Guadeloupe concerné par ces problèmes d’affectations sont pour la majorité des ressortissant guadeloupéens, ayant plusieurs années d’expériences en la qualité de vacataire.

Par conséquent, nous nous retrouvons dans une situation incongrue où :

  • D’une part, nous sommes face à une académie manquant d’enseignants titulaires dans plusieurs matières spécifiques ;
  • Et d’autre part, nos enseignants néo-titulaires, stagiaires ou contractuels réussissant le concours sont contraints de rejoindre une affection imposée, à plusieurs milliers de kilomètres, alors même que leur choix serait d’œuvrer au sein de leur académie d’origine, à savoir l’Académie de la Guadeloupe.

Sur ce dernier point, il est important de préciser que ces affectations imposées sont bien souvent vécues comme un chamboulement dans leur équilibre de vie personnelle, avec des déracinements pour certains, des ruptures familiales pour d’autres, ou encore des bouleversements économiques pour une part non négligeable des foyers exposés.

L’ensemble de ces raisons, ajouté au fait qu’il s’agit d’une revendication criante de la majorité du personnel de l’éducation de la Guadeloupe, soutenue et défendue par l’ensemble des syndicats du département (FSU, UNSA, SPEG), font que les collègues parlementaires ayant assisté à la réunion et moi-même ont fait part d’une certaine sensibilité quant au traitement qu’il conviendrait d’accorder à ce dossier.

En sommes, je vous confirme qu’à titre personnel, ils pourront compter sur mon cabinet parlementaire et moi-même afin de relayer ces revendications auprès des autorités compétentes nationales, et le cas-échéant, de tenter d’obtenir satisfaction.

« Je crains que les paramètres qui auraient pu faire
de ce dépaysement une expérience bénéfique
ne se transforment en sacrifices pouvant déboucher
dans bien des cas sur des situations d’échecs. »

Les nouveaux titulaires et les stagiaires veulent être affectés chez eux. Pourtant, il est toujours utile d’aller se frotter à d’autres milieux avant de rentrer chez soi ?

Explorer d’autres horizons, se former et faire ses premières armes dans des lieux de vie différents, constituent sans aucun doute une expérience enrichissante sur le plan humain et professionnel.

Néanmoins, j’ai tendance à considérer qu’il ne doit pas s’agir d’une contrainte mais plutôt d’un projet mûrement réfléchi et par-dessus tout voulu par les personnes concernées.

À défaut, je crains que cette expérience ne soit pas vécue de la meilleure des manières, et que le cas-échéant, les paramètres qui auraient pu faire de ce dépaysement une expérience bénéfique ne se transforment en sacrifices pouvant déboucher dans bien des cas sur des situations d’échecs.

La baisse continue des niveaux n’est-elle pas aussi à imputer à des enseignants moins motivés ?

Il se pourrait que ce soit un élément parmi tant d’autres.

Si tel était le cas, je pense qu’il serait intéressant de s’interroger sur les raisons de cette démotivation. Les conditions de travail ? Des rémunérations pas à la hauteur de l’utilité sociale du travail fourni ? Des programmes d’éducation scolaire pensés en haut lieu mais pour autant pas adaptés aux spécificités de l’environnement des élèves ? etc.

Il s’agit là bien évidemment de quelques pistes de réflexions qui, après discussions, en appelleraient certainement d’autres.

Tout cela, pour dire qu’adresser la question de la baisse du niveau des élèves n’est pas à imputer à la seule démotivation des enseignants.

Il s’agit d’une problématique globale qui découle de plusieurs facteurs, et qui pour être adressée sérieusement nécessiterait des réformes majeures dans le système de l’éducation nationale.

Pour autant, il y aurait certainement beaucoup à dire et surtout beaucoup à faire.

Le créole à l’école marque le pas. Des chefs d’établissements, pourtant Guadeloupéens, se montrent hostiles à cet enseignement. Que préconisez-vous ?

À titre personnel, il n’a jamais été porté à ma connaissance le fait que des chefs d’établissements guadeloupéens seraient hostiles à l’enseignement du créole.

Si tel était le cas, je trouverais cela fort regrettable.

Car l’enseignement du créole est avant tout pour nos ressortissants, au même titre que nos concitoyens, une invitation à découvrir leur histoire et leur culture.

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