Le nouveau livre de Marlène Parize-Valdor, professeure de philosophie, alimente la réflexion personnelle et le débat collectif sur des questions de plus en plus prégnantes dans nos sociétés.
Présenté comme un conte philosophique, Alètheia suit le parcours d’Atoumo, le personnage principal, qui cherche à savoir qui elle est. Au fil de cette quête, le lecteur découvrira des « révélations » qui apportent un éclairage édifiant sur des problématiques essentielles : l’identité créole, mais aussi d’autres thèmes plus universels comme le racisme, le rapport de l’Homme à la nature, l’impérialisme, la place de la femme dans la société…
« Les Créoles découvrent, à travers leur identité, que la source de leur être est bien plus profonde qu’ils ne l’imaginent, explique Marlène Parize-Valdor, auteure. C’est toute l’histoire de l’humanité qui est convoquée dans leur être. La quête identitaire des Créoles est une occasion pour toute l’humanité de se retrouver : le métissage n’est pas simplement un mélange, mais des retrouvailles. L’humanité dispersée se retrouve en nous avec nécessairement de la brutalité, de la joie… Il s’agit de dépasser les expériences négatives, les colères mémorielles, pour comprendre qu’aujourd’hui, face aux problématiques que nous rencontrons, les retrouvailles sont urgentes ! »
Une seule et même question.
De cette identité plurielle, découlent naturellement d’autres problématiques auxquelles la société moderne fait face : le racisme, l’écologie, la place de la femme dans la société… Des sujets qui, selon Marlène Parize-Valdor, ne forment qu’une seule et même question.
« Depuis des milliers d’années, une volonté de toute puissance s’organise pour la mise en place du commerce triangulaire, de l’esclavage, de l’exploitation des femmes et, aujourd’hui, met la terre en danger, commente l’auteure. On ne pourra sauver l’humanité que si on redonne une place à la femme dans nos communautés, qu’on dépasse le racisme, la division raciale de l’humanité, la division entre humanité et nature…, tous ces clivages qui nous ont enfermés. »
« La classification des êtres a permis d’asseoir l’exploitation. »
Dans son précédent ouvrage, La Part de l’autre, Marlène Parize-Valdor rappelait que le système de classifications développé par les penseurs, avait permis d’asseoir l’exploitation.
« Cette classification scientifique donne une légitimité à l’exploitation, poursuit Marlène Parize-Valdor. Dans La Politique, Aristote explique ce qu’est un être humain de nature esclave et un être humain de nature maître. C’est un vrai débat. Par contre, il classifie naturellement la femme dans cette catégorie d’esclaves. Selon lui, la femme est un outil, un terreau dans lequel le mâle met sa semence. Elle est ce moyen qui permet d’atteindre la finalité. Qu’il s’agisse de notre rapport à la nature, de nos rapports homme/femme ou simplement avec l’autre, c’est toujours cette classification qui est à l’origine de cette exploitation. Aujourd’hui, cette catégorie de Moyens dans laquelle la femme est maintenue doit être questionnée : aucun être ne devrait être inclus dans cette catégorie. »
Accueillie en Guadeloupe, lors des Kafés de l’Arawak, au Gosier, puis à Marie-Galante, Marlène Parize-Valdor poursuivra ses échanges avec le public dans les prochaines semaines, notamment en Martinique. Publié aux éditions Institut du Tout-monde, Alètheia peut être commandé en ligne et sera disponible dans de nouveaux points de vente dès la rentrée en Guadeloupe (librairie générale by Caribbean Culture House, à Jarry, Basse-Terre et Le Moule), et en Martinique, au Papillon bleu (Fort-de-France).
Cécilia Larney