Sébastien Lecornu vient de missionner la Guadeloupéenne Babette de Rozières pour identifier les cuisines de l’Outre-mer afin d’assurer leur promotion. Rencontre.
Vous êtes missionnée pour mettre en avant les cuisines des Outre-mer. Fierté ?
J’ai consacré ma vie à faire mieux connaitre la richesse de nos patrimoines culinaires de nos Outre-Mer. J’ai dû pour ce faire franchir tous les obstacles et vaincre tous les préjugés. Je suis fière aujourd’hui de constater que nos cuisines des outre-mer, issues de nos terroirs ultra-marins, sont reconnues et appréciées par les plus grands de nos chefs, en métropole et ailleurs.
Mais, mon engagement au service de nos cuisines ultra-marines n’est pas terminé. Il reste encore beaucoup à faire pour rendre accessibles au plus grand nombre nos produits et nos savoir-faire qui sont la richesse de nos territoires ultra-marins. La mission qui m’a été confiée par le ministre Sébastien Lecornu devrait déboucher sur une série de mesures visant à la préservation et à la promotion de nos patrimoines culinaires. Je suis très fière d’avoir été choisie pour mener à bien cette mission qui est l’aboutissement de toute une vie.
A quoi va servir précisément cette mission ?
Cette mission devra permettre au ministre d’avoir une connaissance parfaite de notre gastronomie. Après avoir fait l’inventaire de ce qui existe, après avoir précisément identifié nos pratiques, nous pourrons envisager de préserver la richesse de nos patrimoines culinaires et d’assurer leur promotion, non seulement en métropole mais également sur le plan international.
La mise en avant de nos traditions est le cœur de cette mission qui devrait déboucher sur des mesures concrètes visant à la transmission de nos savoir-faire et au rayonnement de nos cultures. Il y a aussi tout un volet d’actions a mener sur place pour lutter contre les pratiques modernes et les changements dans les modes de comportements alimentaires. C’est aussi une question de santé publique.
Aux côtés de Valérie Pécresse vous semblez épanouie.
Je m’efforce depuis toujours d’être parfaitement épanouie. N’oubiez pas que mon deuxième prénom est Gracieuse; c’est dans ma nature !
Je me sens bien aux cotés de Valérie Pécresse parce que je fais à la Région ce qui est de mon domaine de compétence : la gastronomie. C’est pour cela que j’ai accepté de la suivre et de la soutenir dans ses combats. Valérie, qui vient d’être réélue, a vu ses efforts récompensés et nous allons pouvoir continuer ce que nous avons entrepris. Le parcours de la gastronomie que j’ai créé en Ile-de-France a vu le jour.
Le premier des six sites emblématiques à été inauguré en juin de cette année à l’hôtel de la Marine, place de la Concorde, à Paris, les autres ouvriront progressivement dans les prochains mois.
Revenons aux cuisines des Outre-mer. Comment les mettre au pinacle des cuisines du Monde ?
Avant de valoriser nos cuisines des Outre-Mer, il faut d’abord les identifier, les caractériser dans leurs diversités dans leurs pratiques et réfléchir à la façon de les protéger avant de les promouvoir. Pour qu’elles soient au pinacle il faut qu’elles montent les étapes. Elles n’y parviendront que si l’ensemble des acteurs qui participent à leur développement sont concernés, motivés et aidés. Ce sera de toute façon un travail sur le long terme et nous nous y emploierons. Diverses mesures seront proposées au ministre en ce sens.
Dans les hôtels Outre-mer on sert plus une « cuisine du monde » que des plats du pays…
La mission visera également à proposer au ministre diverses actions à mener auprès des professionnels du secteur pour offrir aux touristes des plats emblématiques de notre gastronomie.
Diverses pistes peuvent être envisagées qui demandent encore à être approfondies après consultation des acteurs de la filière agroalimentaire.
Je dois prochainement me rendre dans nos territoires pour procéder sur place à plusieurs auditions. Il y a un pan de ma mission qui sera consacré à la transmission de nos cuisines et à la formation de nos jeunes. Il m’apparait en effet indispensable de former nos jeunes dans nos lycées professionnels aux techniques de la cuisine de leur territoire. Je réfléchis à la mise en place d’un cours imposé de cuisine créole et à diverses actions de transmissions de nos savoir-faire. Je considère comme inacceptable que nos jeunes ne connaissent pas nos produits comme je l’ai moi-même constaté sur place. Tout un volet sera consacré à la transmission et à la formation à la cuisine des outre-mer dans le rapport qui sera remis au ministre.
Proposerez-vous une académie des cuisines des Outre-mer ? Ça aurait du caractère !
Je proposerai plusieurs mesures visant à la préservation et à la promotion de nos cuisines d’Outre-Mer. Je m’efforcerai d’être réaliste et pratique dans les propositions que je serai amenée à soumettre à Sébastien Lecornu. Je me garderai bien de titre pompeux. Je souhaite que soient mises en place des structures et des actions pérennes, fonctionnelles et efficaces au service de cette noble mission.
On commence à peine à prendre conscience de l’importance de l’alimentation qui a des conséquences directes sur tous les secteurs de la vie économique, écologique et de santé. Soyons vigilants et acteurs de notre devenir. Et n’oublions pas que la cuisine c’est aussi du plaisir.