L’agronome Jean André Victor, qui a consacré une grande partie de sa vie à l’environnement, a fêté ses 80 ans cette année avec une pensée spéciale pour les pêcheurs haïtiens sous-équipés. Au cours d’une conférence à l’Université Quisqueya, le 8 septembre, le professeur a plaidé pour une pêche semi-industrielle.
Il y a de plus en plus de pêcheurs, mais de moins en moins de poissons. Avec leurs petits bateaux, les pêcheurs haïtiens ne peuvent pas pêcher en haute mer. « On se plaint du fait que la mer est exploitée par des étrangers alors que nous ne faisons rien pour pallier la situation. Le nombre de pêcheurs augmente. Les poissons diminuent. Il faut plus de moyens. Des bateaux équipés pour aller plus loin dans la mer », a indiqué l’agronome Jean André Victor.
L’agronome Victor préconise une pêche semi-industrielle, pour pallier la baisse considérable de la quantité de poissons dans les zones côtières. Ce modèle est caractérisé par la pêche en haute mer et l’utilisation de bateaux à moteur mesurant entre 16 et 33 mètres. Il souhaite également une certaine régularisation du secteur, impliquant des périodes et des quotas de pêche et la supervision des activités de pêche
Invité à la conférence, Sterlin Saint-Cyr, président de l’Association des pêcheurs de LuLy (APPEL), a présenté un tableau très sombre. La situation des pêcheurs s’est aggravée avec le tremblement de terre du 14 août qui a frappé le grand Sud. « Mis à part les membres de leurs familles et/ou leurs maisons, les pêcheurs ont perdu leur matériel de pêche, a indiqué M. Saint-Cyr. Le secteur de la pêche en Haïti est aussi confronté à un ensemble de problèmes liés notamment à l’utilisation de matériel de pêche très rudimentaire. »
De plus, les interventions de l’Etat ou d’Organisations non gouvernementales (ONG) pour accompagner les pêcheurs se révèlent toujours inefficaces, constate, lui aussi, Sterlin Saint-Cyr, qui recommande de prendre en compte leurs vrais besoins. Il demande au ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) de renforcer les associations des pêcheurs et de leur permettre de recevoir des formations adéquates dans le domaine.
Plusieurs dizaines de professionnels, dont des universitaires, des agronomes, des pêcheurs entre autres, ont assisté à cette conférence sur le thème « La mer, source de richesses inexploitées. »
« On a un territoire immense relativement en mer. Malheureusement ce territoire n’est pas exploité. On ne cherche pas non plus à l’exploiter. On ne sait pas comment l’exploiter. On ne fait pas non plus ce qu’il faut pour l’exploiter », a déploré l’agronome Jean André Victor.
Source : Le Nouvelliste
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