En 2020, en Guyane comme partout en France, un confinement a été mis en place pour freiner l’épidémie de Covid-19 du 17 mars au 11 mai stoppant brutalement l’économie puis des restrictions tout au long de l’année. Ceci a eu un impact sur l’économie de la Guyane, amorti néanmoins par rapport aux autres régions françaises. Trois facteurs expliquent cet effet pondéré. D’abord, d’un point de vue conjoncturel, comme sur l’ensemble du territoire national, les mesures gouvernementales ont permis de maintenir l’emploi malgré la baisse d’activité. Ensuite, la Guyane étant en expansion démographique, ses besoins en équipements soutiennent le niveau d’investissement et diminue les effets de la baisse d’activité. Enfin, la crise sanitaire arrive sur un territoire qui, comme les Antilles, est marqué par l’importance du secteur public, ce qui en amortit le choc. Néanmoins, quelques secteurs (restaurants, activités culturelles, loisirs….) ont dû arrêter d’exercer leur activité pendant une partie de l’année .
En 2020, la Guyane a connu un confinement général du 17 mars au 11 mai, puis restrictions adaptées à la circulation du virus : des confinements de certains quartiers au plus fort de la vague entre juin et septembre, des réouvertures progressives des bars, des restaurants, des cinémas, des salles de sport… Un couvre-feu a été mis en place en Guyane : les horaires ont été adaptés en fonction des taux d’incidence (de 19h à 23h jusqu’à 5h). Les déplacements depuis ou vers Saint-Laurent et Saint-Georges nécessitaient un motif impérieux à certaines périodes.
Avec le coup d’arrêt brutal dû au confinement de mars à mai 2020, le recul de l’activité économique de la Guyane est estimé à 25 % pendant la période, avant de montrer des signes de reprise progressive en fin d’année. Comme dans l’ensemble des régions d’Outre-mer, l’impact y a été moins important que dans les autres régions françaises, notamment en ce qui concerne l’emploi salarié et la création d’entreprises, qui demeurent à un niveau toujours élevé. Lors du premier confinement, en effet, la France métropolitaine a subi un recul de 33 % alors qu’il était de -20% à la Martinique et à la Guadeloupe, et -28% à La Réunion.
Les effets négatifs de ce premier confinement sont estimés à – 4 % de PIB sur l’année (pour en savoir plus). Ils arrivent sur une croissance relativement dynamique (+4,3 % en 2019, +2,8 % en 2018). Elle avait été ralentie en 2017, année de conflits sociaux.
Les différentes mesures de soutien à l’activité et à l’emploi ont joué un rôle essentiel pour atténuer l’impact de la crise sanitaire. En particulier, le dispositif d’activité partielle a été rapidement mis en place par le gouvernement (aussi appelé chômage partiel ou technique) pour favoriser le maintien dans l’emploi des salariés. Fin avril, au plus fort de la première vague, le dispositif de chômage partiel a ainsi concerné jusqu’à 39 % des travailleurs en Guyane. L’utilisation de ce dispositif est encore plus importante en Guadeloupe (53 %) et en Martinique (45 %). Ces mesures ont été, dans l’ensemble, similaires à celles mises en place en France métropolitaine mais leur incidence sur l’économie a été un peu plus marquée. Le poids plus important du secteur non marchand, et notamment des administrations, permet d’amoindrir les conséquences des confinements et de la baisse d’activité. En Guyane, les services non marchands, et particulièrement les services administrés (administration publique et éducation, santé et action sociale) représentent 34 % de la valeur ajoutée contre 22 % en France métropolitaine.
Une situation de l’emploi, globalement peu modifiée
Conséquence, l’emploi salarié continue d’augmenter mais à un rythme inférieur à celui des deux dernières années. La hausse de 1,5 % en 2020 succède à une hausse de + 4 ,4 % en 2019. Après avoir diminué en début d’année, les effectifs salariés ont rebondi au deuxième semestre. Au total, ce sont 800 emplois qui sont créés en 2020, essentiellement dans le secteur tertiaire non marchand. Le secteur privé, qui représente un peu plus de la moitié des emplois, en a créé 140. En France métropolitaine, ce sont trois quarts des emplois qui relèvent du secteur privé. Un secteur, cependant, souffre davantage que les autres : l’hébergement et la restauration. En effet, les effectifs salariés diminuent de 10 % en Guyane.
Ainsi, le volume d’heures rémunérées global baisse de 7 % en 2020 par rapport à 2019. En particulier au 2ᵉ trimestre ce volume a chuté de 20 % par rapport au même trimestre 2019 (Pour en savoir plus). C’est moins qu’aux Antilles.
Le taux de chômage diminue en 2020 pour s’établir à 16 %, il était de 20 % en 2019. Cette baisse n’est due qu’aux difficultés à rechercher un emploi durant le confinement au 2ᵉ trimestre. Conséquence de ces difficultés, les personnes en recherche d’emploi ont ainsi quitté la population des actifs pour celle des inactifs. Elles rejoignent ainsi, notamment, la population formant le halo autour du chômage qui augmente de 2 points par rapport à 2019 et s’établit à 21 % de la population âgée de 15 à 64 ans.
Dès le 3e trimestre, le taux de chômage retrouve son niveau de début d’année.
Une consommation qui se redresse après le confinement
La pandémie a affecté de manière différente les moteurs de la croissance. Le premier d’entre eux, la consommation des ménages, recule durant le premier confinement de 22 %.
En 2020, les ventes de voitures particulières et commerciales accusent une baisse de 19 % par rapport à l’année précédente. Le marché de l’occasion est moins impacté avec un repli de 7,1 %.
Les importations de biens de consommation durables reculent de 0,7 % alors que les importations de biens non durables (essentiellement du textile, des produits alimentaires et pharmaceutiques) progressent quant à elles de 3,1 %.
Une hausse contenue pour les prix et forte pour l’épargne
Cette consommation atone des ménages s’inscrit pourtant dans une évolution des prix favorable. En 2020, les prix augmentent de 0,6 % en Guyane, soit deux fois moins que la hausse observée sur les 12 mois précédents. Ce net ralentissement est principalement dû à la baisse des prix de l’énergie. Cette évolution des prix en Guyane est similaire à celle observée pour la France entière ainsi qu’en Guadeloupe et en Martinique. La Réunion est le seul territoire où les prix baissent entre janvier 2020 et janvier 2021.
La crise sanitaire a entraîné la mise en place de mesures de restriction des déplacements et d’ouverture des commerces aux secteurs essentiels de l’économie. Aussi confinement et couvre-feux ont fortement limité la consommation habituelle des Guyanais. L’augmentation des prix a été plus importante dans les secteurs où la consommation a été forte. Ainsi, les prix de l’alimentation, ont augmenté de 2 %. Les prix des produits manufacturés ont une augmentation similaire à l’ensemble des produits (+ 0,7 %). À l’opposé, les prix de l’énergie ont fortement baissé de 5,3 %. La baisse de l’activité économique et des déplacements a provoqué une hausse des stocks de pétrole avant que la production d’or noir s’ajuste à la demande.
La hausse de l’emploi et la relative stabilité des prix ne tirent pas, comme traditionnellement la consommation des ménages. Les activités de loisirs (restaurants, sorties, vacances,…) ont été contraintes ce qui a diminué les dépenses. Il en résulte une augmentation globale de l’épargne des ménages de 14 %. La croissance des dépôts à vue des ménages (+22 % ; +109 M€) porte cette hausse. Cette hausse globale masque des disparités de comportements entre les ménages. Tous n’ont pas pu épargner.
Une modification de la structure des échanges extérieurs
La pandémie génère une situation inédite : l’augmentation de l’épargne ne trouvant pas de débouchés à cause du confinement, la structure des échanges avec l’extérieur se modifie. Les importations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac augmentent (+ 6,3 %) tout comme celles des produits agricoles (+ 7,7 %). À rebours des années précédentes, les importations de produits pétroliers raffinés chutent de 38 % avec les restrictions de déplacement, ce qui entraîne un léger rééquilibrage de la balance commerciale de la Guyane structurellement déficitaire. Les importations d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique sont également en baisse par rapport à 2019 (- 2 %). À l’image des autres départements français d’outre-mer, la Guyane se caractérise par la faiblesse de ses échanges extérieurs, spatial excepté. Les différentes productions locales font face à des contraintes spécifiques liées notamment à l’éloignement de leurs marchés d’exportation et à la compétitivité des produits.
De fait, si la nature des échanges se modifie, les importations demeurent bien largement supérieures aux exportations. Ainsi, le trafic global du Grand Port Maritime de Guyane (GPMG) est en hausse de 2,4 %. Les importations qui représentent 88 % du trafic portuaire du GPMG sont en hausse de 2 % tandis que les exportations augmentent de 6 %. Toutefois pour une tonne de marchandises exportées, 7,7 tonnes sont importées. L’essentiel de la hausse des importations est dû aux BTP dont les besoins poussent le trafic de clinker et de produits pour la fabrication du ciment local.
Les entreprises dans l’attente de la reprise
Les investissements réalisés par les entreprises, autre moteur de la croissance économique, baissent de 20 % mais d’autres signaux positifs pourraient atténuer cette évolution négative. En effet, comme les ménages, les entreprises ont épargné : leurs dépôts à vue augmentent de 37 % tout comme leurs actifs financiers totaux, portant leur valeur totale à 868,6 M€ fin 2020.
Le secteur du tourisme a souffert de la crise sanitaire en raison d’une part des restrictions d’échanges entre territoires et d’autre part des mesures de couvre-feux limitant les déplacements dans le territoire. Malgré des mesures spécifiques pour faciliter le tourisme endogène, les structures touristiques ont eu du mal à maintenir une activité minimale. Au 2e trimestre 2020, plus de 60 % de salariés étaient en situation d’activité partielle. L’hôtellerie a pu bénéficier d’un regain d’activité à la fin du troisième trimestre essentiellement dû au tourisme d’affaire.
Avec le contexte sanitaire difficile en Guyane comme ailleurs dans le monde, ce sont tout de même 7 tirs qui ont été effectués depuis Kourou avec 64 charges utiles envoyées. Le calendrier initial prévoyait une activité soutenue avec 8 lancements au 1er semestre 2020. Le chantier de construction de la zone de lancement d’Ariane 6 s’est poursuivi. .